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avis des populations sur la réconciliation nationale
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Les crises socio-politiques qui ont jalonné l’histoire du Burkina Faso, ont contribué à détériorer le climat social. L’actualité politique, sociale et sécuritaire montre que les burkinabè ont besoin d’unité nationale. Mais le projet de réconciliation nationale actuellement en cours ne fait pas l’unanimité au sein des populations. Libreinfo.net a interrogé quelques citoyens de la ville de Ouagadougou, mercredi 24 mars 2021. 

 Propos recueillis par André-Martin Bado

La question de réconciliation s’impose à tous. Après des conflits armés, politiques, intercommunautaires, le Burkina Faso a besoin de s’unir. C’est ce que pense Séphora Porgo, une commerçante. Pour elle, on n’a pas besoin de dire qui a raison ou qui a tort pour se réconcilier. Il faut faire table rase sur les crimes de sang et économiques. En ce qui concerne les prisonniers politiques, Séphora Porgo a son idée : «Pour moi, ceux qui sont en prison et ceux qui ont perdu leurs parents sont dans la même posture. Pour avoir la paix, il faut qu’on sache pardonner. Parce que si on emprisonne une personne plus de vingt ans, cela ne va pas ramener la personne qu’elle a tuée. Laissons Dieu juger chacun ».

Corneille Maré, inspecteur d’éducation de jeunes enfants, quant à lui, félicite le gouvernement pour avoir initié cette

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Corneille Maré, inspecteur d’éducateur de jeunes enfants

réconciliation nationale. Selon lui, l’urgence dans ce processus de réconciliation est de faire rentrer les exilés politiques. « Je pense que si on parle de réconciliation, il faut que les fils et filles du pays soient ensemble. Et nous voyons qu’actuellement, il y a des burkinabè qui sont en dehors du pays. Ce n’est pas de leur volonté mais c’est parce qu’ils ne peuvent pas rentrer. Je pense à Isaac Zida, à Blaise Compaoré. Donc si on pouvait leurs permettre de rentrer, cela serait une bonne chose. La réconciliation ne veut pas dire qu’il faut tout de suite tourner la page. C’est vrai qu’il y a des problèmes de justice à régler, mais ce qui est important, c’est qu’à la fin, on se retrouve main dans la main pour faire la réconciliation ». M. Maré pense aussi qu’il faut libérer les prisonniers du putsch, pour qu’il y ait la paix.

avis sur la réconciliation nationale
Abdoul-Salam Kiemtoré

Contrairement aux précédents interlocuteurs, Abdoul-Salam Kiemtoré, un soudeur, n’est pas d’accord avec ceux qui disent qu’il faut faire table rase sur tous les crimes. « Je pense que la réconciliation doit passer par la justice et cela est clair. Il faut juger ceux qui ont posé des actes condamnables pour ne pas laisser des personnes frustrées. Il faut que les gens répondent de leurs actes ». Pour lui, le Burkina Faso n’a pas un problème de réconciliation nationale mais plutôt un problème de justice nationale. Concernant les exilés politiques M. Kiemtoré trouve qu’ils sont libres de rentrer « Nous n’avons pas un problème avec les exilés politiques. On n’a jamais chassé quelqu’un de ce pays ; on n’a jamais interdit aux gens de rentrer. Ils ont quitté le pays d’eux mêmes. Pourquoi on nous demande de les faire venir ? Ils savent pourquoi ils sont partis. Donc qu’ils rentrent pour répondre de leurs actes. »

Pour le retour des exilés et la libération des prisonniers du putsch, Clément Mpassi, un artiste musicien, exprime son inquiétude « Est-ce que ceux avec qui nous devons nous réconcilier sont vraiment prêts ? Veulent-ils vraiment la paix ? Ont-ils exprimé leur engagement dans le processus de réconciliation ? Il faut qu’on se pose toutes ces questions avant de s’engager. Je ne suis pas pessimiste mais il ne faut pas que nous fermions les yeux. Il ne faudrait pas qu’ils viennent se venger en déstabilisant le pays. Je ne doute pas de la bonne foi du gouvernement de vouloir réconcilier le peuple burkinabè ».

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