Le 29 janvier 2025, les trois pays de la Confédération des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Burkina et le Niger, vont officiellement se retirer de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Mais, entre négociations et balais diplomatiques, l’espace communautaire met les bouchées doubles pour que les militaires au pouvoir dans les pays de l’AES reviennent sur leur décision.
Par Nicolas Bazié
La CEDEAO négocie un acte « irréversible ». Que va-t-elle obtenir en six mois qu’elle n’a pas pu obtenir en une année de négociations ? Dans environ un peu plus d’un mois, le 29 janvier 2025 précisément, le départ du Mali, du Burkina et du Niger (AES) de la CEDEAO sera officiellement acté, conformément aux textes en la matière, notamment l’article 91 du Traité révisé de 1993.
Au 66e Sommet de l’organisation sous-régionale qui s’est tenu à Abuja le 15 décembre dernier, les chefs d’État des pays membres semblent conscients de l’arrivée à grands pas de cette date historique.
Cependant, cela n’empêche pas de poursuivre les négociations avec les trois pays en Transition, dirigés par des militaires. Bien au contraire ! La CEDEAO a même prévu une période de 6 mois encore, pour espérer revoir les trois pays sahéliens à son sein. Une négociation prolongée qui, apparemment, frise le ridicule, selon plusieurs observateurs.
Les présidents Goïta, Traoré et Tiani considèrent déjà que leurs pays respectifs ont quitté la CEDEAO mais ouvrent les bras pour accueillir les ressortissants de la CEDEAO sans visa. Sauf que l’organisation sous régionale a refusé toute réciprocité, indiquant en substance qu’il n’y aurait pas de faveur pour un pays qui choisirait de quitter la CEDEAO.
Le ministre béninois des Affaires étrangères, Adjadi Bakari, va donc rappeler que l’intégration sous régionale existait bien avant que la CEDEAO ne voie le jour en 1975. Il convient de relever que le président Patrice Talon a brillé par son absence au dernier Sommet.
« Les relations entre les peuples demeurent au-delà des décisions politiques», a fait observer le ministre béninois qui indique que les chefs d’État de la CEDEAO veillent à ce que le départ des pays de l’AES n’impacte pas les populations des pays concernés.
Le 13 décembre dernier, deux jours avant le 66e Sommet, Adjadi Bakari a clairement donné la position du Bénin dans cette affaire. « Notre position par rapport à l’Alliance des États du Sahel, elle est simple», a-t-il dit d’entrée.
« Nous faisons partie d’une famille, la CEDEAO. La CEDEAO a été construite sur l’union des peuples de la sous-région. Quand la CEDEAO est apparue, les peuples existaient déjà, commerçaient déjà entre eux. Donc, en réalité, la CEDEAO est venue se poser sur un socle qui existait déjà auparavant. L’Afrique de l’Ouest ne va pas changer…», clarifie-t-il.
Et de poursuivre : « Qu’un État, deux États ou trois États, décident de sortir de la CEDEAO, c’est leur droit, c’est leur souveraineté. Nous devons l’entendre et nous devons trouver les moyens de pouvoir travailler avec eux».
Selon lui, le Bénin prend acte de la décision du retrait et va « continuer à travailler avec le Mali, le Burkina et le Niger sur des sujets importants pour les populations et pour le développement de la région».
La CEDEAO n’étant pas une fédération, mais une simple organisation sous régionale qui regroupe des pays souverains, le retrait des trois pays en question ne veut pas dire qu’il y a une rupture des relations entre les Etats ouest-africains. Dans le cadre bilatéral, ils peuvent garder leurs relations qui sont plus vieilles que la CEDEAO elle-même.