Au deuxième jour du sommet Russie-Afrique, le vendredi 28 juillet 2023, le Chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré a prononcé un discours dans lequel il a dit ses vérités à ses pairs et à l’Occident.
Par Fred Ido
« Le problème, c’est de voir des chefs d’État africains qui n’apportent rien à ces peuples qui se battent ( Ndlr : contre le terrorisme) mais qui chantent les mêmes choses que les impérialistes en les traitant de milices et d’ hommes qui ne respectent pas les droits de l’homme. » s’est attristé le Chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré. Il s’est par ailleurs offusqué face à une telle attitude qu’il qualifie de « honteuse ».
Et sans langue de bois, il a invité ses pairs à renoncer à un tel comportement qui n’honore pas l’Afrique et ses dirigeants.
« Nous, chefs d’États africains, nous arrêtons de nous comporter en marionnettes qui dansent chaque fois que les impérialistes tirent sur la ficelle » a-t-il dénoncé.

Une sorte d’appel à la solidarité entre africains qui,pour le moment, est une chimère . Le président Ibrahim Traoré n’est pas dupe.
Il l’a si bien compris qu’à sa prise de pouvoir, il s’est lancé corps et âme avec le soutien de son peuple dans la lutte contre le terrorisme.
L’objectif étant de restaurer l’intégralité du territoire national et de libérer son peuple de la barbarie des groupes armés terroristes.
« Dans cette lutte, les vaillantes populations sont engagées à prendre les armes contre le terrorisme, celles que nous appelons affectueusement les VDP ( Ndlr : Volontaires pour la défense de la patrie). » a-t-il rappelé.

Mais à son grand étonnement : « Nous sommes surpris de voir les impérialistes disent que ce sont des milices. c’est décevant parce qu’en Europe, lorsque les peuples prennent les armes pour défendre leur peuple, on les appelle des patriotes. ».
En termes clairs, le président Ibrahim Traoré refuse cette injustice qui est faite à son pays et rappelle à l’Occident sa part de responsabilité dans les tristes événements qui arrivent au Burkina et à l’Afrique. Mais il ne pleurniche pas.
Citant son devancier feu capitaine Thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort », le président Traoré lance à l’Occident : « Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort et on ne demande pas à quelqu’un de s’apitoyer sur notre sort. ».

Un camouflet aux occidentaux qui pensent que sans eux, l’Afrique et le Burkina ne peuvent pas s’assumer.
C’est l’occasion pour le capitaine Ibrahim Traoré de rappeler aux « impérialistes » occidentaux l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale où « nos ancêtres » ont été enrôlés de force, sans leur consentement pour aller libérer l’Europe du Nazisme.
Établissant donc un parallèle entre la Russie qui a libéré le monde du Nazisme, il regrette que l’histoire soit tronquée à tel point que le peuple russe et le peuple d’Afrique soient des oubliés du monde qu’il soit dans les livres ou qu’il soit dans les films documentaires.
Unis par le destin
Selon le capitaine Ibrahim Traoré, la Russie et l’Afrique sont unies par l’histoire. Et ayant tourné la page de « l’impérialisme », le Président de la Transition du Burkina a les yeux cette fois-ci rivé sur l’avenir.
« Nous sommes là pour parler de l’avenir de nos peuples, de ce qui va advenir demain de ce monde libre auquel nous aspirons sans ingérence dans nos affaires internes. nous avons les mêmes perspectives et je souhaite que ce sommet soit l’occasion de pouvoir tisser de très bonnes relations pour l’avenir de nos peuples » a-t-il dit.

Tout en remerciant le président Vladmir Poutine pour son geste de générosité d’envoyer des céréales en Afrique, il a attiré l’attention des chefs d’État africains et de leurs peuples sur l’impérieuse nécessité qu’au prochain sommet : « nous devons pas venir ici, sans avoir assuré pour ceux qui ne connaissent pas la guerre, l’autosuffisance alimentaire de nos peuples ».
Un peu comme pour dire que l’Afrique doit sortir de la mendicité comme l’ont toujours fait ses présidents envers l’Europe.