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Sénégal: et voici les horloges du conseil constitutionnel!

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Le Conseil constitutionnel du Sénégal a sifflé, les 6 et 7 mars 2024, la fin de la récréation dans le match insipide qui se jouait depuis le 3 février sur le terrain du processus électoral bafoué du pays. Prenant la main pour arbitrer le jeu, la haute juridiction a mis un terme à des semaines de doute, d’inquiétudes, de dérives… Conséquence, le premier tour de l’élection présidentielle est fixée au 24 mars prochain !

Par Serge Mathias Tomondji

Ça y est, les électeurs sénégalais sont enfin situés sur leur sort ! Après une longue parenthèse de bisbilles politico-institutionnelles, ils sont convoqués aux urnes le dimanche 24 mars 2024 pour le premier tour de l’élection présidentielle qui aurait dû se tenir le 25 février dernier.

Le peuple sénégalais exercera ainsi son légitime droit de vote en choisissant démocratiquement celui qui, parmi les 19 candidats qui prétendent au titre, conduira la destinée de leur pays pour les cinq années à venir. Un scrutin crucial pour élire le cinquième président de la République, après les règnes de Léopold Sédar Senghor (7 septembre 1960-31 décembre 1980), Abdou Diouf (1er janvier 1981-1er avril 2000), Abdoulaye Wade (1er avril 2000-2 avril 2012) et Macky Sall (2 avril 2012-2 avril 2024).

Encore en fonction jusqu’au 2 avril prochain donc, Macky Sall porte la responsabilité du report du scrutin initialement prévu pour le 25 février dernier, sous le couvert d’une crise institutionnelle et d’un besoin de réconciliation et d’apaisement du climat politique. Si fait que le processus électoral, déjà lancé depuis, a dû être escamoté alors que la campagne pour la course des voix allait être lancée.

Le veto du Conseil constitutionnel

De subterfuge en dilatoire, le président sortant a cru bon devoir, après un premier recadrage du Conseil constitutionnel, le 15 février dernier, orchestrer un « dialogue national » pour relancer la machine électorale. Là où les sages de la République lui enjoignaient d’organiser l’élection présidentielle dans les meilleurs délais.

Le fameux « dialogue national » s’est donc tenu, avec les conclusions que l’on sait : premier tour du scrutin tant attendu le 2 juin 2024 ; le président reste en poste jusqu’à l’installation de son successeur ; rebattre les cartes pour intégrer dans le jeu des candidats déjà écartés de la compétition électorale.

Trois conclusions que le Conseil constitutionnel vient justement de retoquer à nouveau, réaffirmant que l’élection présidentielle doit se tenir avant le 2 avril — date à laquelle le mandat de Macky Sall à la tête de l’État sénégalais prend fin — et avec les 19 candidats initialement retenus.

Après un léger flottement en ce qui concerne la date du scrutin, le Conseil  constitutionnel — qui avait dû exercer son « pouvoir de régulation afin de pallier l’inertie de l’administration et de satisfaire à l’exigence constitutionnelle de la reprise du processus électoral interrompu, en vue de la tenue du scrutin avant la fin du mandat présidentiel », en projetant le rendez-vous avec les urnes pour le 31 mars prochain — s’est finalement aligné sur le 24 mars annoncé par le président Macky Sall.

La haute juridiction respecte ainsi les « prérogatives légales du président de la République », qui doit fixer la date du scrutin et convoquer le corps électoral.

Sortie de scène brouillonne

Tout est donc en ordre à présent pour une élection présidentielle inédite au pays de la Téranga, une première depuis l’indépendance du pays qui porte, ainsi que nous l’avons déjà souligné précédemment, le sceau du raccommodage institutionnel, du fait de cette décision, prise le 3 février dernier par Macky Sall, de reporter le scrutin du 25 février à la veille de la campagne électorale.

S’il est vrai que certains, notamment ceux qui espéraient encore figurer sur la fiche des candidatures, critiquent le nouveau déroulé, encore à peaufiner — durée raccourcie de la campagne électorale, éventuel second tour, gestion du contentieux électoral et du pouvoir d’État après le 2 avril, proclamation des résultats définitifs, investiture du nouvel élu —, la grande majorité des Sénégalais salue cet épilogue constitutionnel gagnant ! Et l’on peut en effet se réjouir que ce pays, considéré comme l’un des phares de la démocratie et de l’alternance au pouvoir en Afrique, ait pu régler cette crise gravissime à travers son efficace dispositif institutionnel et juridictionnel.

Malheureusement, on déplore, des pertes en vies humaines dans ce processus heurté, mais aussi de nombreuses arrestations suite à des manifestations qui ont essaimé, comme à l’accoutumée dans ce pays, dans l’espace public et dans la sphère politique.

La loi d’amnistie votée ce 6 mars au parlement permettra sans doute de rétablir un certain nombre de personnes dans leurs droits, même si certains pointent à juste titre le caractère facétieux de cette loi qui peut ainsi légaliser l’impunité.

À présent que les sages de la République, gardiens du temple institutionnel, ont actionné les horloges constitutionnelles, il ne reste aux Sénégalais, mais aussi aux Africains, de tirer toutes les leçons de cette zone de turbulences politico-juridique pour mieux écrire demain.

Quant à Macky Sall qui a dû dissoudre son gouvernement et qui doit se préparer plus hardiment à quitter le palais dakarois de l’avenue Roume le 2 avril prochain, sa sortie de scène, qui a tout de même craquelé la vitrine démocratique sénégalaise, semble irrémédiablement brouillonne et inaboutie…

Lire aussi: Sénégal : Le Blues démocratique de Macky Sall 

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