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Report de l’élection présidentielle au Sénégal, la peur de l’après Macky Sall

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Les députés de la majorité parlementaire ont soutenu le 5 février 2024 à Dakar, le report de l’élection présidentielle au Sénégal. Ce qui a provoqué l’ire des parlementaires de l’opposition. Ces derniers ont été évacués manu militari mais l’incertitude demeure au Sénégal. Car certains candidats ont décidé de passer outre le report pour aller en campagne.

Par Merneptah Noufou Zougmoré

Le 4 février 2024 avait été retenu comme jour du début de la campagne présidentielle au Sénégal.

Le président Macky Sall en signant le décret n°2024-106 du 3 février abrogeait de fait le décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023. Ce décret du 29 novembre indiquait alors que le scrutin devait se dérouler le 25 février prochain.

Parmi les 20 candidats aux élections présidentielles plusieurs ont décidé de passer outre la décision prise par le président de la République et de continuer de mener campagne.

Même dans le camp présidentiel, il y a également de désaccord pour ce qui concerne la décision de reporter la date du scrutin présidentiel.

Le journaliste Abdou Latif Coulibaly, qui a été longtemps ministre et conseiller du président Sall, a rendu sa démission parce qu’il dit ne pas partager l’esprit du décret présidentiel du 3 février 2024.

Dans le code électoral du Sénégal, pays de la Téranga, 80 jours doivent s’écouler entre la publication du décret et l’élection.

Si tel est l’esprit et la lettre des textes, il faut plus de deux mois avant que ne soit décidé une nouvelle échéance pour les élections.

Les raisons d’un report ?

Une kyrielle de griefs a été égrenée pour parvenir à une telle décision. Parmi celles-ci, la question de binationalité de certains candidats et également l’intention prêtée au président Macky Sall d’avoir peur de l’après présidence.

Curieusement, sous le magistère du champion de la coalition présidentielle « Benno Bokk Yakar », tous les adversaires politiques qui pouvaient faire ombrage à Macky Sall ont eu des ennuis judiciaires. Cela a commencé par Karim Wade, le fils de son ex-mentor le président Abdoulaye Wade.

Le fils Wade avait été accusé d’enrichissement illicite et condamné à six ans d’emprisonnement ferme pour sa gestion des deniers publics pendant qu’il occupait des responsabilités ministérielles dans le gouvernement.

La seconde victime avait été l’ancien maire populaire de la capitale, Dakar, Khalifa Sall, candidat malheureux à la présidentielle de 2019.

Ce dernier avait été accusé de faux et usage de faux en écriture de commerce, faux dans des documents administratifs et d’escroquerie portant sur les deniers de sa commune.

Alors que sa défense alléguait que depuis que la villle de Dakar avait été érigée en commune de plein exercice sous la colonisation dans les années 1800, ce fonds dont on accusait le maire élu Khalifa Sall de détournement, était laissé à la discrétion du bourgmestre.

La dernière victime du régime de Macky Sall a été Ousmane Sonko, un inspecteur des impôts, leader d’un parti politique d’opposition « Pastef » et maire de la ville de Ziguinchor.

Il avait été accusé d’avoir eu des relations coupables avec une adolescente du nom de Adji Sarr, employée dans un salon de massage. Cette affaire de mœurs devenue une affaire politique avait provoqué des manifestations monstres dans la capitale sénégalaise mais pas seulement.

Dans les mécanismes de fonctionnement des institutions démocratiques, les différents pouvoirs (Exécutif, Législatif, Judiciaire) sont séparés mais il y a, souvent, des relations incestueuses entre ces pouvoirs surtout dans les démocraties en construction.

C’est pour cela que les procès impliquant les acteurs politiques sont qualifiés de procès politiques. Si du haut de son pouvoir, Macky Sall s’est rendu coupable d’uppercuts politiques assommant des adversaires avec la complicité de la justice, il y a lieu pour lui de s’inquiéter pour l’après présidence.

Deux illustres personnalités ont déjà séjourné, avant lui, à la prison de Rebeuss sise à Dakar.

Si l’institution judiciaire soutient que les procès ont suivi les règles de procédure normale, l’opinion publique, elle, croit que Macky Sall est passé par les juges pour réduire à néant les ambitions de certains de ses adversaires en les envoyant méditer à Rebeuss.

Au cours des deux mandats de l’actuel président du Sénégal, son frère cadet Aliou Sall avait été également accusé par la radio britannique BBC d’avoir trempé dans une affaire de pot de vin qu’il aurait reçu de la part de l’homme d’affaires Frank Timis pour l’obtention d’une concession gazière et pétrolière.

Les avocats d’Aliou Sall avaient menacé de traîner en justice le média anglais. L’affaire est restée sans suite jusque là.

Le mystère gardé pendant longtemps sur la candidature de Macky Sall pour un 3ème mandat a pris fin après des manifestations populaires monstres qui l’ont contraint à se retirer.

Cette décision peut s’expliquer par deux éléments ; d’abord, la peur d’avoir porté des coups à des adversaires qui pourraient le lui rendre dans l’éventualité de l’échec de sa coalition « Benno Bokk Yakar » ; et ensuite la remise en cause de certaines actions qu’il estime être des acquis de sa gouvernance.

Au stade actuel, la majorité des députés ont voté le 5 février 2024 pour le report de la fin du mandat présidentiel au 15 décembre 2024.

Les parlementaires de l’opposition ont été évacués manu-militari pour laisser la séance de vote se poursuivre à l’hémicycle.

Avec cette nouvelle donne politique, on ne sait pas à quelle sauce la majorité présidentielle mangera les Sénégalais dans les mois à venir.

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