Le Moogho Naaba Baongo, roi des Mossé, a effectué une sortie spéciale, encore appelée en langue mooré, « Yisgu », ce 15 mai 2024 à Ouagadougou. Cela entre dans le cadre de la célébration de la Journée des coutumes et traditions au Burkina Faso.
Par Nicolas Bazié
6h00. Palais royal de Panghin à Ouagadougou. Des personnes habillées en tenue traditionnelle, pour la plupart, occupent les alentours de la cour.
Une dizaine d’éléments de la Police Municipale et de la police nationale sont également positionnés.
Dans quelques minutes, le Moogho Naaba Baongo doit effectuer une sortie spéciale. Ses ministres, les autres notables, bref, toutes les sommités du royaume sont présentes et prennent place.
Le Kamsonghin Naaba est l’un des ministres, le premier à avoir accès au roi. Il est suivi du Kanboinsin Naaba. C’est le Kamsonghin Naaba qui s’assure si le roi est bien réveillé, s’il est disposé à effectuer une sortie.
6h52. Le premier son du «Bendré» retentit. C’est un instrument de musique traditionnelle. Un son qui annonce la sortie du roi des Mossé.
Assis sur une chaise et habillé en boubou blanc, le Moogho Naaba reçoit tous les honneurs dus à son rang, de la part de ses ministres déchaussés et assis à même le sol. L’instant est solennel.
Ces ministres ont un endroit spécial où ils s’asseyent. Chaque ministre a un rôle bien déterminé. Comme exemple, le Wemteng Naaba qui implore le pardon du Moogho.
En effet, lorsque le roi s’énerve et qu’il décide d’agir, il est le seul qui puisse le supplier pour qu’il renonce à l’acte qu’il entend poser.
Il y a aussi le Poé Naaba qui est le ministre de la Justice assis seul dans un coin qui lui est réservé. «Il ne se mélange pas aux autres parce qu’il croit qu’ils ne disent pas la vérité », nous informe un «Taonse tônda», c’est-à-dire celui qui tire les fusils dans le royaume.
Cette sortie spéciale s’apparente au faux départ du roi qui se fait tous les vendredis et ce, depuis plusieurs années. « Mais ce n’est pas la même chose. Quand il s’agit du faux départ, le roi porte un habit rouge (un habit de guerre, ndlr), il y a des chevaux et les gens procèdent à des tires de fusils, pendant que d’autres supplient le Moogho à ne pas se rendre au Yatenga (un royaume rival, ndlr », nous renseigne le «Taonse tônda».
Tout se passe dans le silence. Quelques minutes après, la cérémonie prend fin. Mais dans le cas d’espèce le cérémonial se poursuit.
Place à la remise officielle du «nécessaire » aux sacrificateurs. C’est la cérémonie de «libation». Chaque sacrificateur se présente avec un bélier et des poulets pour recevoir des orientations du roi. C’est un rituel qui se fait lorsqu’il y a nécessité, précise un notable.
Parlant d’Orientations, le roi instruit les sacrificateurs de demander «la paix, la cohésion sociale et une bonne saison pluvieuse pour le pays », indique le Ouidi Naaba Kiiba.