Les rideaux sont tombés sur le dialogue national inclusif et souverain du Tchad le 8 octobre 2022, un peu moins de mois après le début des travaux. Au terme de ce dialogue, il a été décidé que le général Mahamat Idriss Déby Itno, reste à la tête de la transition pour deux ans supplémentaires, et pourra même se présenter à la prochaine présidentielle.
Par Nicolas Bazié
L’Union africaine avait pourtant prévenu le jeudi 29 août dernier que la transition devrait être de 18 mois et aucun membre du Conseil militaire de la Transition ne devrait pouvoir se présenter aux prochaines élections.
Visiblement, les autorités tchadiennes prennent à contrepied l’institution africaine, en prolongeant la durée de la transition militaire de 24 mois, soit deux ans. En plus, le général Mahamat Idriss Déby a la possibilité de se présenter à un mandat électif au terme de cette transition.
Ce sont des conclusions que nombre de Tchadiens ont dénoncé, signalant que tout a été décidé au préalable. Ils estiment même que le dialogue en question n’ a été qu’une «mise en scène ».
Le coordinateur du Projet pour une alternance crédible au Tchad, Abelkerim Yacoub Koundougoumi fait partie de ces Tchadiens qui ont décrié les recommandations du dialogue.
Pour lui, tout a été mis en œuvre pour maintenir Mahamat Idriss Déby Itno à la tête du pays. « Ils ont donné les pleins pouvoirs à un seul homme qui a la légitimité et qui pourra se prévaloir de cette légitimité pour déployer son agenda. Un agenda de la confiscation du pouvoir. On se retrouve avec un président de transition tout puissant qui peut nommer et révoquer des ministres, des parlementaires et même le président du Parlement. Tout a été décidé de façon unilatérale. Rien n’a changé», a-t-il confié à nos confrères de Deutsche Welle.
Ces conclusions sont difficiles à accepter pour Mahamat Mahdi Ali. Leader du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), un groupe politico-militaire à dominante nordiste. « On ne peut pas admettre en 2022 transmettre le pouvoir de cette manière-là», a-t-il fait savoir.
Et de poursuivre: « Cette voie qu’on est en train d’emprunter là, ce n’est pas la voie de la paix. Donc, aujourd’hui, l’essence même de notre lutte trouve toute sa noblesse ».