Le sommet du G7 qui réunit les démocraties libérales les plus avancées et industrialisées au monde s’est tenu cette année à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, du 25 au 26 août 2019.
Contrairement aux autres années, cinq pays Africains dont l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Sénégal et le Burkina Faso ont été invités par le président français Emmanuel Macron, à participer à ce sommet des « Grands », sous prétexte que la thématique (la lutte contre les inégalités et parallèlement la sécurité au Sahel) était en lien avec l’Afrique.
Le président du Faso, Roch Kaboré dont le pays était en deuil de 72 heures pour la mémoire des 24 soldats tombés sous les balles assassines des terroristes, qui aurait dû rester pour faire le deuil comme on le voit dans certains pays, a préféré aller à cette rencontre du G7. Sa présence était-elle vraiment nécessaire au point de décréter un deuil national et s’absenter ? L’on ne saurait répondre, mais en tout cas, des voix se sont élevées contre cette attitude du président Kaboré qui tend à banaliser la tragédie qui a éploré la nation burkinabè.
Parlant du G7, la question que l’on se pose, c’est la vraie intention de la France d’inviter les pays africains à ce sommet, lequel sommet était d’ailleurs très contesté par les Français, à cause de son format qui ne serait plus adapté au monde.
Les contestations étaient telles que le président Macron a dû rapidement s’expliquer avant l’ouverture de la rencontre à la radio et à la télévision. Dans ses explications, il a noté le destin de la France qui est lié à celui du monde et que la vie des français dépendra des conclusions du G7.
Mais quand l’on se réfère à tout ce qui se dit sur l’Afrique, « l’Afrique qui serait un continent d’avenir pour le monde », et du fait que la France soit de plus en plus contestée en Afrique (le débat sur le franc CFA et les forces française rejetées au Mali et au Niger par les populations, etc), on comprend aisément les vraies raisons de la cour faite par la France aux pays africains en les invitant à ce sommet.
Cette stratégie de la France qui continue à manipuler ses anciennes colonies comme si l’on était toujours à l’époque coloniale, est beaucoup critiquée par les autorités italiennes à travers le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, qui avait accusé la France d’appauvrir l’Afrique et d’aggraver la crise migratoire, et tout récemment par le président brésilien, Jair Bolsonaro, qui a accusé Emmanuel Macron d’avoir une mentalité « colonialiste ».
Si les européens eux-mêmes le disent, les pays africains semblent ne pas comprendre cette nouvelle stratégie de la France en passe de perdre sa crédibilité en Afrique, à coloniser une seconde fois, sous une forme plus intelligente, certains pays africains.
Tout semble se dessiner astucieusement pour y parvenir. Au lendemain du G7, Emmanuel Macron qui a réuni tous les ambassadeurs de France au palais de l’Élysée pour une réunion annuelle, a insisté sur un seul message : l’Europe doit renforcer sa souveraineté sur la scène internationale sous peine de disparaître. Pour cela, les ambassadeurs qui sont les porteurs des grandes orientations de la politique étrangère française se doivent « d’ouvrir l’œil ».
Pour Emmanuel Macron, l’ordre mondial renversé à travers les grands bouleversements géopolitiques, économiques et écologiques, ont provoqué l’effondrement de l’hégémonie occidentale. Et devant ce fait selon Macron, les Européens ne doivent pas fermer les yeux.
Emmanuel Macron va plus loin, prononçant des propos qui ont été relayés par Rfi :« Si on continue à faire comme avant, alors nous perdrons définitivement le contrôle et alors ce sera l’effacement. Nous savons que les civilisations disparaissent. Les pays aussi. L’Europe disparaîtra. Et le monde sera structuré autour de deux grands pôles : les États-Unis d’Amérique et la Chine. » Le président français le sait bien (beaucoup d’observateurs et d’analystes l’ont déjà dit), l’avenir de son pays et de la langue française se trouvent en Afrique à cause des ressources naturelles et de la démographie de celle-ci. Il faut à tout prix, maintenir son influence dans certains pays africains. Mais comment procéder dans un contexte où elle est de plus en plus contestée par la jeunesse africaine? Il faut saisir les grandes occasions pour amadouer les dirigeants africains. Les grandes occasions si c’en est une, c’est bien le G7.
La guerre de positionnement des grandes puissances en Afrique
Le monde sera structuré autour de deux grands pôles à savoir « les États-Unis d’Amérique et la Chine », et ce n’est pas faux. L’on assiste déjà à la « guerre de positionnement » de certaines grandes puissances en Afrique. La Chine et le Japon sont déjà beaucoup en avance par rapport à cette « guerre de positionnement ».
L’avenir du monde se trouve en Afrique, tous les pays du monde l’ont compris sauf certains dirigeants africains. Si les choses évoluent ainsi, l’Afrique sera un continent hautement insécurisé et au nom de rétablissement de la paix, les occidentaux procéderont à une nouvelle colonisation de l’Afrique.
Le Japon et la Chine se rivalisent déjà l’Afrique. Le 28 août dernier, dans le port de Yokohama, le Japon a ouvert son sommet triennal avec l’Afrique, sous l’appellation de Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Cette coopération, 7e du genre, a pour objectif de renforcer les liens économiques entre Tokyo et l’Afrique. Plusieurs chefs d’États africains y ont été invités.
La Chine dont l’influence et la présence sont très observables en Afrique, a, elle aussi, son grand rendez-vous avec les Africains (Chine-Afrique). Si l’intention de la Chine n’est pas très affichée, le Japon, lui, recherche le soutien des pays africains pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.
Mais depuis bien longtemps, l’on constate une sorte de concurrence dont l’objectif est de permettre à chaque pays de bien se positionner en Afrique. En termes de financement en Afrique, si la Chine investit par an 60 milliards de dollars en Afrique, le Japon, lui mise 47 milliards avec des infrastructures de qualité.
L’écart est donc net, mais chacun tente autant que faire se peut, de créer un climat de confiance afin de mieux se positionner. Les dirigeants africains et même tout le peuple, doivent cultiver la vigilance face à ces amitiés voilées qui pourraient à long terme, aboutir comme nous l’avons dit, à un second partage plus intelligent du continent africain avec la complicité de certains dirigeants manipulés par la France.
Siébou Kansié
www.libreinfo.net