La gendarmerie nationale a procédé ce mardi 21 avril, à l’arrestation du président auto-proclamé Agbéyomé Kodjo. Et ce, à la suite, semble-t-il, de deux convocations restées sans suite.
Par Ken (Stagiaire)
Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 22 février dernier, Agbéyomé Kodjo s’était autoproclamé élu président, en annonçant la formation très prochaine de son gouvernement et en arborant les insignes du pouvoir d’Etat. C’est ensuite que la Commission électorale a proclamé la victoire du président sortant, Faure Essozimna Gnassingbé. En effet, les résultats officiellement proclamés ont affiché entre autres, 70,78% des voix pour le président sortant, 19,46% pour Agbéyomé Kodjo jusqu’alors député à l’Assemblée nationale. Des résultats contestés par ce dernier, mais finalement validés par la Cour Constitutionnelle le 03 mars dernier.
Cette période d’effervescence électorale passée, M. Kodjo est aussitôt visé par une procédure judiciaire fondée sur les griefs d’utilisation illégale des emblèmes de l’Etat et d’atteinte à la sureté de l’Etat. Dans la foulée, l’Assemblée nationale a levé son immunité parlementaire le 16 mars dernier.
Puis, convoqué à deux reprises par le Service central des recherches et d´investigations criminelles (SCRIC), il se fera représenter par ses avocats. S’en est suivie, une arrestation musclée : durant la nuit du 20 au 21 avril, son domicile a été encerclé par les éléments de la gendarmerie qui l´ont finalement arrêté ce 21 avril.
Cette crise cache une autre, plus profonde
Selon le politologue togolais Comi Toulabor, le premier président togolais, Sylvanus Olympio, « mit fin au régime parlementaire issu de la constitution du 23 avril 1960 » et fît instaurer une nouvelle Constitution « au Président aussi fort que celui des États Unis » et au « Parlement aussi faible que celui de la 5ème République » (France). Le 13 janvier 1963 un coup d´Etat militaire lui ôta la vie. Depuis, il y a comme une sorte de crise latente qui hante la vie politique au Togo.
Du reste, une brève analyse de la Constitution actuelle semble montrer que cet esprit hyper présidentialiste est resté omnipotent. En effet, le président de la République nomme le Premier ministre et le gouvernement (article 66), il peut dissoudre l´Assemblée nationale (art. 68), il nomme le grand chancelier des ordres nationaux, ainsi que les ambassadeurs et envoyés extraordinaires, les préfets, les officiers commandants des armées de terre, de mer et de l´air et les directeurs des administrations centrales. De plus, il nomme les présidents et professeurs d’universités, le président de la Cour constitutionnelle (art. 101) le Premier président de la Cour des comptes (art. 108), le président de la Cour suprême (art. 121). Et en tant que chef suprême des armées, il nomme les officiers généraux (art. 70).
Une sortie de crise politique au Togo semble résider dans un adieu à l´esprit hyper présidentialiste consacré par la Constitution, mais aussi dans le choix d´un régime parlementaire. Cet esprit hyper présidentialiste semble si dominant que même le Covid-19 n´a pas réussi à obtenir une trêve entre les frères ennemis en lutte autour du fauteuil présidentiel.
Arrivé au pouvoir suite au décès de son père, Eyadéma Gnassingbé qui a gouverné le Togo de 1967 à 2005, le président Faure Gnassingbé prêtera serment au plus tard le 4 mai prochain, pour un quatrième mandat.