La ville de Tougan, chef lieu de la province du Sourou, abrite plus de 2000 personnes déplacées internes depuis 2018, début de l’insécurité dans la zone. Mais les derniers mois de l’année 2021 a vu l’insécurité s’accroître avec son lot de déplacés internes. Face à cette mobilité brusque et imprevue, se sont des hommes, femmes et enfants qui sont obligés de traverser vent et marée pour faire face à leur nouvelle situation. Constat !
Par Dominique Karambiri, correspondant Sourou
Les personnes déplacées internes, arrivent de toutes les localités infestées par le terrorisme à Tougan. Si certains ont eu le temps de prendre quelques sacs de vivres, d’autres par contre, sont arrivés sans le moindre matériel car ils étaient obligés de fuir leurs villages d’origine et cela, à pied et en cachette pour rejoindre Tougan, le chef-lieu de la province.
Nous avons approché certains d’entre eux pour savoir comment les évènements se sont passés et comment ils se débrouillent pour survivre. Et à ces questions, Boko Banou, une déplacée interne du village de Louta, dans la commune de Toéni, raconte sa mésaventure.
Sa famille a dû quitter Louta pour Tougan après un ultimatum lancé par des hommes armés non identifiés à la population. Ces derniers ont instruits tout le village de déguerpir dans un bref délai. Au début les habitants de Louta ne prenaient pas cette menace au sérieux.
Un jour, les assaillants sont arrivés et ont mis en exécution leur menace en tuant les populations. Son mari a été assassiné par ces hommes sans foi ni loi. C’est avec des larmes au yeux qu’elle raconte cette mésaventure.
Elle et ses enfants pour se sauver, étaient obligés d’abandonner tout ce qu’ils possédaient sur place et fuir car ils étaient devenus des cibles sous prétexte qu’ils sont en complicité avec les Forces de défense et de sécurité (FDS). Après une longue marche suivie de l’aide de certains usagers de la route, ils ont pu arriver à Tougan où ils se sont installés.
Bokou travaille dure jour et nuit pour survenir au besoin de ses enfants. Le matin, elle fait le tour des concessions à la recherche de travaux domestiques. Lessive, vaisselle, cuisine, nettoyage, etc., question d’avoir de quoi prendre soin de sa famille.
Elle nous confit également que quelques ONG les soutiennent à travers des dons de céréales mais qui reste toujours insuffisant pour couvrir les besoins. Dame Boko demande aux autorités de tout mettre en œuvre pour sécuriser le pays afin que chacun puisse aller vivre dans son village d’origine car conclut-elle, «ici n’est pas notre place» .
Elle n’est pas la seule à vivre une situation de déplacée interne. Oualingue Toro, un autre déplacé interne était lui même la cible des hommes armés non identifiés du fait qu’il est dozo (chasseur traditionnel ndlr). Il nous raconte qu’il a rallié Dounkou et Tougan pratiquement à pied car c’est par téléphone qu’il a été joint par un de ses amis que les assaillants l’ont manqué à domicile. Monsieur Toro rend grâce à Dieu pour sa survie.
Toujours selon lui, la vie est «dure» à Tougan. Il a du mal à trouver du travail fixe car les gens même se méfient de lui. Il remercie son voisin pour l’aide qu’il lui apporte, et aussi l’action sociale pour son soutien à travers quelques dons.
Il termine en martelant que les déplacés internes ne peuvent pas vivre ici (Tougan ndlr) car même si les autorités le veulent elles ne peuvent pas satisfaire tout le monde vu le nombre de personnes déplacées internes (PDI).La solution, c’est de sécuriser le pays afin que chacun reparte chez lui.
Il faut noter que la ville de Tougan continue toujours à accueillir des personnes déplacées internes. Cependant, les conditions dans lesquelles ces personnes vivent sont désespérantes. Il serait intéressant, de trouver une solution à cette situation pour mettre en confiance non pas seulement les PDI, mais toute la population.