Awa (nom d’emprunt), est une jeune commerçante d’une trentaine d’années qui s’est mariée en juillet 2019. Comme toute femme, elle était heureuse car elle quittait enfin la cour familiale pour fonder un foyer. Awa avait eu deux enfants avant son mariage qu’elle a scellé à la mosquée la jeune femme pensait que le foyer serait un havre de paix et de bonheur. Elle va vite déchanter parce que ce foyer s’est transformé en enfer pour elle. Coups, injures, et viols étant devenus son quotidien. Elle raconte son calvaire à Libreinfo.net.
Par Rama Diallo, stagiaire
Dans le monde en général, et au Burkina Faso en particulier, plusieurs femmes sont victimes de violences de la part de leurs conjoints. Malgré les sensibilisations et les actions des organisations des droits de l’homme sur le terrain, ce mal continue de miner la société. Mariée en début juillet 2019, Awa va faire face à la violence de son mari dès la mi-août, soit exactement 40 jours après leur union.
Tout serait parti d’un message WhatsApp qu’elle a reçu d’un fils adoptif de sa mère. « J’avais reçu plusieurs messages dont celui d’un jeune homme que ma mère avait adopté qui vit au Mali. Ce dernier me demandait pourquoi je ne l’avais pas informé de mon mariage. Je lui ai expliqué que le mariage avait été organisé dans la simplicité. Et lors de nos échanges, il m’a dit qu’il voulait revenir au pays parce que ça ne va pas au Mali et je lui ai dit de rester car c’est dur partout. Mon mari a juste vu le nom et il a commencé à m’insulter sans même chercher à savoir qui c’était », s’explique la dame. Ce jour, elle sera traitée de tous les noms et battue copieusement par son mari.
Depuis ce jour Awa n’a plus eu la paix car pour un oui ou pour un non, elle était violentée. Toutes les nuits, son mari la forçait au lit . « Trois mois après notre mariage je suis tombée enceinte. Un soir il m’a frappée et j’ai commencé à saigner. A l’hôpital la sage-femme m’a dit que je venais de perdre le fœtus ».
Après des soins intensifs, le couple devait se priver du rapport sexuel pour une période donnée. Cette information avait été donnée par les professionnels de santé en présence du mari. « Deux jours après, il a voulu me toucher la nuit. Je lui ai répété les propos de la sage-femme. Malgré ça, il m’a violée cette nuit. J’ai saignée abondamment et j’ai cru que j’allais mourir. Même quand je vois mes menstrues, il me viole. »
Une violence inouïe qui angoissait chaque soir Awa. Chaque deux ou trois jours, elle voyait ses menstrues parce que, selon elle, le traitement prescrit après sa fausse couche n’a pas été respecté. Tous les soirs, elle est traitée de pute avec des menaces de mort. « Chaque fois il dit qu’il va me tuer et faire la prison. Quand j’explique à ma famille, mon papa me dit de rester et qu’il ne va rien me faire ».
Elle convoque son mari
Vendeuse de fruits et de gâteaux, elle a vu tous ses clients chassés par son mari. Tous ceux qui l’appelaient pour commander ses marchandises ne le font plus. En effet, son mari appelle tous les numéros qui sont dans le téléphone de la femme pour insulter. Même ses camarades ne l’appellent plus. « Mon commerce marchait très bien avant mon mariage, mais depuis que je me suis mariée, tous mes clients ont fuit. Il a même réussi à monter ma famille contre moi. »
Le 18 février 2021, aux environs de 21heures, Awa a été sauvée de justesse de la mort. Ce jour son mari l’avait enfermé pour la frapper jusqu’au sang avec une telle violence qui aurait pu la laisser sur le carreau n’eut été l’intervention des voisins. « Quand il a ouvert la porte sous la pression du voisinage, ce sont les jeunes du quartier qui m’ont envoyée à l’hôpital », explique-t-elle les larmes aux yeux.
Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dès le lendemain, elle convoque son mari au commissariat central de police. Au lieu de s’arranger, les choses vont empirer et le mari finira par quitter le domicile conjugal puisqu’ils étaient en location.
Les dépenses de la maison étaient partagées à deux mais les factures de l’électricité étaient à la charge du mari. En partant, il a laissé les factures impayées. « Je suis actuellement dans le noir avec mes enfants. Mon commerce ne marche plus à cause de lui, je n’ai plus rien. Il a volé tout mon argent même quand je dépose de l’argent dans mon compte orange money il va retirer sans que je ne sache. Parce que je ne sais pas lire et écrire. Il connaissait mon code. Il lui suffisait de subtiliser ma pièce d’identité pour aller faire les retraits à mon nom. Il a gâché ma vie », se lamente Awa.