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L’Union africaine face aux crises continentales

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Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine étaient en conclave ce week-end à Addis-Abeba, en Éthiopie. Un 37e sommet qui s’est penché sur les crises qui essaiment sur le continent, entre guerres larvées et inconfort sociopolitique. Une situation préoccupante qui impose à l’institution panafricaine un nouveau regard sur la géopolitique continentale et qui appelle à des mesures hardies…

Par Serge Mathias Tomondji

L’Afrique présente, en ce début de l’année 2024, un visage bien contrasté qui renvoie une situation des plus inquiétantes à maints égards.

En cristallisant plus de 35 Conflits armés non internationaux (Cani), notre continent « arrive en deuxième position en termes de nombre de conflits armés par région », selon un récent rapport de l’Académie de Genève sur le Droit international humanitaire et les droits humains.

Des conflits dans lesquels « plusieurs groupes armés — luttant contre les forces gouvernementales et/ou les uns contre les autres — sont impliqués » et qui s’opèrent notamment, précise le rapport, au Burkina, Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Éthiopie, Mali, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Somalie, Soudan du Sud et Soudan.

Il n’est un secret pour personne, concernant justement cet état de fait, que les pays du Sahel combattent vigoureusement, depuis des années, des groupes terroristes qui s’en prennent aux paisibles populations des villes et des campagnes.

Au Burkina Faso par exemple, la lutte contre des terroristes impénitents reste la ligne première de la politique menée ces derniers mois par le gouvernement de la Transition.

C’est dans ce contexte de la forte insécurité qui sévit dans plusieurs pays du continent que s’est tenue, les 17 et 18 février 2024 à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie et siège de l’organisation panafricaine, la 37e Conférence au sommet de l’Union africaine.

Un sommet crucial, mais ô combien pénible, qui a également examiné le tableau sociopolitique plutôt préoccupant du continent, au début de cette année qui affiche un agenda électoral des plus chargés.

On compte en effet pas moins de dix pays qui devront faire parler les urnes en 2024, avec notamment neuf élections présidentielles ou générales.

Là-dessus, le rendez-vous électoral comorien, qui a eu lieu en janvier dernier, n’a particulièrement pas été brillant. Entre violences, contestations et recours par dizaines — qui ont fait un mort et six blessés par balle —, Azali Assoumani s’est maintenu à la tête de l’archipel de 936 833 habitants, devenant pour la troisième fois, avec 57,02% des suffrages selon les chiffres publiés par la Cour suprême, le président des Comores.

Un président fragilisé par ce scrutin qui vient de passer le témoin de patron de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine à son homologue mauritanien, Mohammed Ould Ghazouani.

Mandat difficile

Le moins que l’on puisse dire à présent, c’est que le mandat de la Mauritanie à la tête de l’organisation s’annonce d’ores et déjà des plus éprouvants sur le double plan du défi sécuritaire, préoccupation principale de nombre de pays du continent, d’une part, et de la conduite des différents rendez-vous électoraux, alors que des voix s’élèvent de partout pour appeler à une refonte du système démocratique tel que pratiqué sous nos cieux.

Premier gros morceau de cette feuille de route, la situation sociopolitique au Sénégal, où la Cour constitutionnel vient de retoquer le report, décidé par le président Macky Sall et sa majorité parlementaire, de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 25 février 2024.

La crise politique et institutionnelle ouverte à cette occasion pourrait déboucher, si on n’y prend garde, sur une crise sécuritaire et systémique, alors que chaque camp semble interpréter à sa guise l’arrêt de la Cour constitutionnel qui commande, après avoir désavoué le report au 15 décembre 2024 pour inconstitutionnalité, d’organiser le scrutin « dans les meilleurs délais ».

Ainsi, d’évènement routinier et… « peinard », l’élection présidentielle au Sénégal est devenue un rendez-vous à haut risque pour lequel la défiance des uns le dispute à l’ego des autres.

Si on attend toujours de connaître le dénouement de la crise sociopolitique et institutionnelle qui s’est emparée du Sénégal, surtout que le mandat de Macky Sall prend fin le 2 avril, on scrutera aussi, en dehors des législatives et des régionales projetées au Togo au cours du premier trimestre de cette année, les urnes présidentielles annoncées respectivement en Afrique du Sud (mai), Mauritanie (juin), Rwanda (juillet), Tunisie et Mozambique (octobre), Ghana et Algérie (décembre).

Dans la perspective de tous ces rendez-vous électoraux, la 37e Conférence au sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine a scanné l’état des lieux politique et sécuritaire du continent.

Le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, a ainsi beaucoup insisté sur l’accumulation de crises multiples et multiformes qui « compromettent gravement l’avenir des institutions régionales africaines ».

Il a notamment mis le doigt sur les spasmes qui secouent actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui vit depuis quelques années, malgré son titre de championne en matière d’intégration régionale, « une forte période d’instabilité, conséquence des effets conjugués des changements anticonstitutionnels à répétition, des coups d’État militaires successifs et de l’expansion du jihadisme ». 

Coup dur pour l’UA…

De ce point de vue, l’annonce du retrait « sans délai », le 28 janvier dernier, du Burkina, du Mali et du Niger de cette communauté est aussi un coup dur pour l’institution panafricaine.

« L’Union africaine n’a pas été en mesure de trouver des solutions appropriées. Par conséquent, les régimes putschistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le 28 janvier », observe à ce titre Gashaw Ayferam, chercheur à l’Institut des affaires étrangères de l’Éthiopie, qui ajoute que « ces départs affectent le processus d’incorporation des États au sein de l’UA ».

De toute évidence, tout comme la Cedeao, l’Union africaine se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins dans un continent en pleines mutations, qui ambitionne de se réinventer tout en restant ouvert sur le monde.

Pour ce faire, il lui faudra sans doute recréer une Afrique fondée sur ses principales valeurs culturelles et cultuelles, construire une Afrique qui se nourrit de la sueur et du génie de ses filles et de ses fils pour un développement autocentré et auto-entretenu… Tel semble être le défi qui se pose maintenant aux Africains !

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