Ouagadougou a abrité ce 5 février 2019, les travaux du 5e sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel. Une conférence à l’issue de laquelle le flambeau de la présidence en exercice a été transmis par le président sortant, Mahamadou Issoufou du Niger à son homologue du Burkina, Roch Marc Christian Kaboré pour un an. Les présidents Idriss Déby Itno du Tchad, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, et Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie étaient tous présents à ce sommet de Ouagadougou.
A l’issue des travaux de ce sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel, le président Roch Kaboré est investi ‘’chef de guerre du G5 Sahel’’ pour un mandat d’un an. C’est dire qu’en plus des impératifs socio-économiques et sécuritaires de son pays, le président Roch Kaboré, désormais président en exercice du G5 Sahel, doit veiller à ce que toutes les recommandations prises au cours de ce sommet soient mises en œuvre.
Parlant des recommandations, les Chefs d’Etat de cette force conjointe ont proposé la création d’un centre sahélien d’analyse de menaces et d’alerte précoce basé à Ouagadougou, lequel centre complètera ceux existants ou en cours tels le Collège de défense du G5 sahel en Mauritanie, l’Académie régionale de police du Tchad, le collège sahélien de sécurité au mali, et Centre de fusion de renseignements au Niger.

Au-delà de la lutte contre l’insécurité qui s’impose, les chefs d’Etat du G5 Sahel souhaitent promouvoir le développement et l’intégration régionale à travers la réalisation des infrastructures routières et aériennes. A cet effet, ils ont recommandé l’accélération des études de faisabilité sur la réalisation du chemin de fer intercommunautaire à partir des ressources propres des cinq pays membres, et la création d’une compagnie aérienne ‘’Air Sahel’’, qui naitra après un audit financier, technique et opérationnel et sur la bases des capacités humaines des compagnies existantes. A cet effet, le Secrétariat permanent et le Conseil des ministres du G5 Sahel ont été instruits de prendre les dispositions qui conviennent à sa création.
A ce sommet ordinaire des Chefs d’Etat du G5 Sahel qui a connu la forte participation des bailleurs de fonds, un appel urgent a été lancé à leur endroit pour la concrétisation des promesses financières ou matérielles. Et le Japon en séance tenante, a annoncé une assistance financière de 45 millions de dollar avant fin mars 2019 (près de 25 milliards de FCFA) pour le G5 Sahel dont 12 millions 700 (plus d’un milliard de FCFA) pour le Burkina Faso pour la lutte contre le terrorisme. Car, comme l’a souligné Mahamadou Issoufou, président sortant du G5 sahel, lutter contre le terrorisme, c’est lutter pour les droits humains et tout le monde doit s’y engager.
Le G5 Sahel s’engage dans la lutte contre la pauvreté
Les questions du développement figurent en bonne place dans les stratégies d’intervention du G5 Sahel. En plus de l’insécurité, il faut lutter contre la pauvreté et cela vaut l’engagement de toutes les couches sociales. La pauvreté est un vice pour tous les maux. Les terroristes l’ont très vite compris et exploitent cette vulnérabilité des populations pour assouvir leurs sales besognes. Ce pan est indissociable de la lutte contre l’insécurité, et il faut trouver de quoi faire pour les jeunes des pays du G5 Sahel, pour qu’ils ne soient pas à la merci des terroristes. « Si nous n’arrivons pas à nous occuper de notre jeunesse, elle aura tendance à céder au terrorisme », se convainc Mahamadou Issoufou, président sortant du G5 Sahel.

Le président Roch Kaboré qui préside désormais à la destinée du G5 Sahel, appelle à la contribution de tous les Etats membres, des organisations régionales et internationales, des populations et des organisations de la société civile et des médias pour relever les nombreux défis. « Le G5 Sahel doit être une réponse appropriée mettant à contribution toutes ses composantes de nos Etats, pour faire face victorieusement au terrorisme et relever les défis du développement de nos pays », souligne le président du Faso. Les questions préoccupantes du G5 Sahel selon le locataire du palais de Kosyam « est relative à la sécurité, au développement, à la promotion de la jeunesse et l’autonomisation des femmes, à l’accroissement de la résilience qui exige de nous de grandes capacités d’anticipation et de proactivité. Il nous faut également progresser rapidement sur l’un des axes prioritaires de notre combat, qui est le développement inclusif, car à l’évidence, les groupes terroristes exploitent la pauvreté de nos peuples et prospèrent sur leur misère. La promotion du développement économique et socioculturel harmonieux du Sahel doit être au cœur de nos actions ».
L’appel à la tolérance, à la collaboration et à la cohésion sociale pour lutter contre le terrorisme

Dans son adresse, Maman Sidikou, le Secrétaire permanent du G5 Sahel en invitant les Nations Unies à accompagner le G5 Sahel, a affirmé que « les chefs d’Etat condamnent fermement tous les attentats terroristes, en particulier ceux survenus récemment au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Tchad ; et expriment leur solidarité avec les peuples de ces pays ».
Confrontés à la recrudescence des confits intercommunautaires dans certains pays du G5 Sahel, « les chefs d’Etat invitent les populations à cultiver la tolérance pour la cohésion sociale et les exhortent à collaborer étroitement avec les Forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme ». Les chefs d’Etat sont également préoccupés par la perturbation des activités socio-étatiques entrenant la fermeture de certaines écoles dans certains pays du G5 Sahel. Ils ont reconnu l’urgence de prendre des mesures pour la reprise des activités scolaires.
En embouchant la même trompette, le président Roch Kaboré, a relevé la nécessité de travailler à ce que les enfants reprennent le chemin de l’école dans certaines zones poreuses des pays du G5 Sahel. « Chaque fois qu’il y a des menaces qui pèsent sur les zones, les écoles sont fermées pour des questions sécuritaires. Et cela renvoie des élèves en quantité à ne pas pouvoir suivre régulièrement les cours. Nous devons travailler ensemble chacun dans son pays et également aux abords de nos frontières pour réduire les distances de circulation des terroristes dans nos différents pays », conclut le président de Burkina Faso.
Le prochain Sommet ordinaire se tiendra en février 2020, à Nouakchott, en République Islamique de Mauritanie.
Siébou Kansié
Libreinfo.net