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Burkina : peut-on organiser la réconciliation nationale sans les exilés politiques ?

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Au Burkina Faso, la question de la réconciliation nationale fait couler beaucoup d’encres et de salive depuis la création du ministère de la Réconciliation nationale. Cette équation ne peut être résolue que si certaines conditions sont réunies. De ces conditions figure la question du retour des exilés politiques dont entre autres Blaise Compaoré, Assimi Kouanda, Hyacinthe Kafando, Fatou Diendéré, Yacouba Isaac Zida…

Par Etienne Doly, stagiaire

Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a entrainé la chute du président Blaise Compaoré, de nombreuses personnes de l’arène politique ont élu domicile à l’étranger. Certains à l’image de Blaise Compaoré, Assimi Kouanda, se sont réfugiés en Côte d’Ivoire. Hyacinthe Kafando, poursuivi dans le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara s’est aussi exilé en Côte d’Ivoire depuis la transition de 2015. Fatou Diendéré, épouse du général Gilbert Diendéré, et femme influente du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), elle, a trouvé refuge au Togo. L’ancienne députée du Passoré et maire de l’arrondissement de Baskuy était visée par un mandat d’arrêt international lancé par la justice militaire dans le dossier du putsch de septembre 2015. Yacouba Isaac Zida, l’un des patrons de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP), et qui a dirigé le gouvernement de la transition s’est réfugié au Canada.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes sans précédent. D’aucuns liaient ce problème à la chute de Blaise Compaoré. L’ancien président Blaise Compaoré est réputé être un stratège dans la négociation des différentes crises qui ont secoué la sous-région ouest africaine. Il pourrait de par son expertise, apporter sa contribution dans la lutte contre le terrorisme.

Le retour des exilés politiques permettra aussi au Burkina de connaître une évolution dans certains dossiers pendants en justice. Selon le ministre de la Réconciliation nationale, Zéphirin Diabré, l’on dénombre 145 dossiers de crime de sang et 106 dossiers de cas touchant à l’intégrité physique. Il s’agit des dossiers Thomas Sankara, Norbert Zongo, de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, du dernier gouvernement de Blaise Compaoré… A ces dossiers, il faut ajouter ceux liés au foncier, aux conflits communautaires et interreligieux.

Le sujet qui occupe les colonnes des journaux burkinabè, la réconciliation nationale, connaîtra une avancée ou du moins, sera une réalité si ces exilés, à leur retour au pays acceptent de se mettre à la disposition de la justice pour répondre des faits qui leur sont reprochés. En effet réconcilier le peuple burkinabè c’est aussi lui rendre justice. Ces exilés bénéficieront-ils d’une immunité judiciaire ? Une chose est sûre, Zéphirin Diabré, a déclaré lors de son point de presse du 4 mars 2021, que le retour des exilés «  ne sera pas une prime à l’impunité». Ils doivent donc passer devant les autorités judiciaires. La prise en compte du triptyque « Vérité, Justice et Réconciliation » comme l’avait annoncé le premier ministre, Christophe Dabiré, à sa rencontre avec les forces vives du Centre-Sud, demeure incontournable.

Le retour des exilés qui semble être un espoir pour les autorités burkinabè, une fois pour parvenir à la réconciliation, serait difficilement accessible si ces derniers n’affichent pas leur volonté de répondre devant la justice. En effet, les victimes des crimes de sang, économiques, fonciers sont-ils prêts à pardonner sans la justice ? La réconciliation nationale, c’est l’apaisement du climat non seulement politique mais aussi social. Elle ne doit pas être la loi de la jungle où les intérêts des plus forts seront mis en avant au détriment de l’intérêt général.

Toutefois, il faut saluer la démarche du ministre Zéphirin Diabré qui va à la rencontre des représentants des différentes couches de la société pour discuter avec eux sur cette question.

A lire aussi : Réconciliation nationale : les Emirs du sahel plaident pour le retour des exilés

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