Amsétou Nikiema est une jeune dame célèbre qui vit dans la commune rurale de Komsilga, aux encablures sud de Ouagadougou. Aussi, appelée Adja la guérisseuse de Komsilga, sa célébrité vient de ses pouvoirs mystiques de guérison aux malades qui viennent des quatre coins du Burkina Faso. Dans cet entretien, Adja explique son enfance, ses relations avec ses parents et comment elle vit sa vie de guérisseuse.
Propos recueillis par Issaka Ouédraogo
Vous êtes une guérisseuse, il y a plusieurs personnes qui viennent ici, Komsilga pour se soigner. Comment avez- vous commencé ce travail ?
Amsétou Nikiema dit Adja : j’ai eu ce don depuis 2019. Mais avant 2019, j’ai découvert ce pouvoir à l’âge de 8 ans. Je voyais beaucoup de choses, petit à petit. Mais je ne l’ai jamais dit à la famille, parce que j’avais peur. Et tout le temps, les enfants s’éloignaient de moi. « Je n’ai pas eu une enfance comme les autres enfants ».
La famille a toujours vu que j’étais un enfant différent des autres. La nuit quand je dors je vois beaucoup de choses dans mes rêves. En ce moment je ne comprenais rien et je ne pouvais pas expliquer à la famille aussi. En ce moment on dormait avec des lampes.
J’avais 9 ans, on est rentré une nuit quand on a allumé la lampe, j’ai vu beaucoup d’enfants qui venaient vers moi. Ils portaient des jolies habits, jaune, rouge vert. Et ils m’ont dit que je serai leur chef et j’ai dit que je ne vous connais pas, je ne sais pas qui vous êtes.
Quand j’ai eu l’âge de 15 ans, j’étais en 6 -ème. Quand je partais à l’école le matin vers les 6 h, il y a une colline qui est vers l’école. Quand je suis arrivé là-bas, j’ai senti une odeur. Je me suis arrêtée pour sentir l’odeur. Selon moi, c’était l’odeur de la nourriture.
Au moment où je me suis arrêtée pour sentir l’odeur, mon cou s’est calé. Et je ne pouvais plus tourner. Je n’avais personne parce que je partais à l’école seule et c’était un peu loin. Entre temps j’ai vu un vieux qui passait, il m’a amené chez lui.
Il m’a demandé d’où je viens, j’ai expliqué et il m’a accompagné à l’école. Quand Je suis arrivée le proviseur de l’école a appelé mes parents donc mon papa a envoyé un des enfants venir me chercher pour aller à l’hôpital.
En ce moment je ne connaissais pas l’hôpital, c’était la première fois que j’allais là-bas. Quand je suis arrivé, ils voulaient me faire une piqûre et j’ai refusé. Mais le docteur m’a dit que s’il faisait la piqûre, la douleur allait passer.
Quand il a fait la piqûre j’ai commencé à voir des choses et à dire des choses que je n’ai jamais dit. Donc les parents ne comprenaient plus, ils se posaient beaucoup de questions, jusqu’à ce que mon papa me prenne pour aller me soigner. Parce que selon lui je suis devenue folle.
Donc il m’a envoyé chez un guérisseur. Quand on est arrivé chez lui, il a dit que pour celle-là ce n’est pas une maladie mais elle a un don de Dieu. Puis il a donné des tisanes et j’ai refusé d’utiliser les tisanes.
Mes parents m’ont obligé à utiliser les tisanes mais quand ils mettent le canari sur le feu, le canari se casse. Quand on est revenu, ils m’ont gardé pour soigner comme les fou, et j’ai dit que je ne suis pas folle.
Un jour, les vieux et les parents du village se sont réunis pour me dire qu’il faut que j’accepte qu’on me soigne. Donc il y avait un enfant de 3 ans qui n’arrivait pas à tenir son cou ni à marcher. Et je leur ai dit que je vais leur prouver que je ne suis pas folle.
Je leur ai dit que cet enfant est attaqué par des sorcières mais je vais soigner l’enfant pour vous prouver que je ne suis pas folle. Je vais vous donner un jour, si le jour arrive et que l’enfant ne retrouve pas la santé ne croyez plus en moi, vous pouvez m’enchaîner pour me soigner.
Et si le jour arrive et que l’enfant retrouve la santé, sache que tout ce que je dis est la vérité. Donc ils ont dit qu’il n’y a pas de problème. Et j’ai dit que je vous promets que dans 12 jours, en ce moment c’était la saison des mangues, il y a des mangues qui vont tomber de l’arbre et l’enfant se lèvera pour aller ramasser les mangues.
En même temps ils ont dit que je suis réellement folle que comment un enfant qui ne peut pas tenir son coup, qui ne peut pas bien s’assoir pourra se lever aller ramasser les mangues. Et j’ai dit attendons le jour.
Ils m’ont donc donné la permission, je suis allée enlever des tisanes, j’ai donné à la mère de l’enfant d’utiliser pour soigner l’enfant, et j’ai également donné des sacrifices à faire.
Le sixième jour, l’enfant a commencé à tenir son cou et le 12ème jour, des mangues sont tombées et beaucoup d’enfants couraient pour aller ramasser. L’enfant a couru pour aller ramasser les mangues et les gens ont commencé à dire que je suis sorcière, que comment j’ai fait cela. Les gens du village ont commencé à croire que j’ai vraiment un don.
Mais comment vous arrivez à soigner ces malades qui viennent de partout ?
Amsétou Nikiema dit Adja: Comme c’est un don de Dieu, si quelqu’un vient avec son problème le pouvoir a déjà réservé son produit et c’est comme ça.
Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes satisfait du travail que vous faites ?
Amsétou Nikiema dit Adja : Je suis tellement contente que je ne peux pas expliquer cela à quelqu’un. Parce que quand j’étais à l’école je voulais être docteur, je voulais soigner les gens. Et voilà Dieu m’a donné ce don. Si quelqu’un vient je me bats pour pouvoir guérir la personne.
Aujourd’hui quelles sont vos perspectives ? Qu’est-ce que vous voulez faire pour Komsilga pour aider ces différents malades qui sont là ?
Amsétou Nikiema dit Adja : Déjà je guéris beaucoup de gens. Mais je n’ai pas encore réalisé tous mes rêves. Je me battrai pour sauver tous ceux qui viendront ici ou même ceux qui ne viennent pas ici qui ont besoin de mon aide. J’aimerais également arranger la route de Komsilga pour que les gens puissent venir facilement pour se faire soigner, sinon la route est un peu gâtée.
Est-ce vous rencontrer des difficultés ? Et s’il y a des difficultés, comment arrivez-vous à résoudre ce problème ?
Amsétou Nikiema dit Adja : En tout cas, cela aussi me fatigue parce que ce n’est pas tout le monde qui aime les étrangers. Et les étrangers aussi ne peuvent pas savoir ce que les villageois n’aiment pas. Souvent ils les traitent mal mais je demande aux étrangers de supporter comme moi. Quand il y a des difficultés, je demande à Dieu d’arranger et il le fait.
On voit que vous aimez pardonner. Dans les vidéos sur les réseaux sociaux, le pardon c’est essentiel pour vous. Quel est le message que vous avez à l’endroit des Burkinabè ?
Amsétou Nikiema dit Adja : Le pardon est une chose qui est meilleure. Même si les gens te font du mal, il faut toujours les pardonner. Et tu leur demandes pardon. C’est comme ça que Dieu te rend célèbre. Et tu gagnes la grâce et le pouvoir.
Je demande à Dieu qu’il fasse que la paix revienne dans notre pays. Qu’il sauve tous les vieux et les vieilles innocentes.