Norbert Zongo, journaliste d’investigation burkinabè a été assassiné le 13 décembre 1998. Il menait une enquête sur un vol domestique qui avait entraîné la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président du Faso Blaise Compaoré. 24 ans après, le crime reste toujours impuni. La procédure judiciaire n’a toujours pas connu de dénouement. Qui est M. François Compaoré ? Qu’est-ce qui lui est reproché ? Que devient-il après le soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014 ayant entraîné la chute du président Blaise Compaoré ?
Par Valérie Traoré
Cela fait 24 ans que l’assassinat de Norbert Zongo journaliste d’investigation et directeur de publication de l’hebdomadaire « L’indépendant » reste impuni.
Le principal suspect dans cette affaire est M. François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré surnommé « le petit président ».
L’assassinat s’était déroulé dans l’après-midi du 13 décembre 1998 quand le véhicule calciné du journaliste avait été retrouvé sur la route nationale n°6 près de Sapouy, dans le sud du Burkina.
Cette macabre découverte avait secoué le pays jusqu’au sommet de l’État. Suite à cette affaire, un mandat d’arrêt international avait été lancé à l’encontre de M. François Compaoré en mai 2017, après la chute du règne (27 ans) de son grand frère Blaise Compaoré.
Qui est François Compaoré ?
Paul François Compaoré, est né le 11 janvier 1954 à Ouagadougou. Il est agronome de profession et avait joué un rôle politique en qualité de conseiller à la présidence aux côtés de son grand frère M. Blaise Compaoré, au pouvoir de 1987 à 2014. Il est marié à la fille d’une femme d’affaires burkinabè, Mme Alizèta Gando.
La commission d’enquête mise en place au Burkina pour faire la lumière sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, avait cité M. François Compaoré comme un «suspect sérieux».
Dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat, la justice burkinabè poursuit M. François Compaoré, au motif juridique d’ « incitation à assassinat».
Que devient M. François Compaoré après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ?
A la suite du soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui a chassé l’ex-président M. Blaise Compaoré du pouvoir, M.
François Compaoré s’est réfugié, avec sa famille, au Bénin.
Lors des pillages de sa maison, des restes macabres ainsi que des accessoires occultes auraient été découverts.
L’enquête sur la mort de Norbert Zongo (et de trois de ses amis) avait été ouverte peu après cet évènement.
Un mandat d’arrêt international avait été lancé contre ce dernier le 5 mai 2017 par les autorités du Burkina.
En vertu de ce mandat international, M. François Compaoré avait été interpellé le 29 octobre 2017 par la police française à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle 4 en provenance d’Abidjan.
Le Burkina Faso l’accuse d’être impliqué dans l’affaire Norbert Zongo. Le 5 décembre 2018, la justice française autorise l’extradition de François Compaoré vers le Burkina.
La défense de François Compaoré indiquait alors qu’elle allait former un pourvoi en cassation. Ce pourvoi avait été rejeté en juin 2019 par la Cour de cassation.
Le 5 mars 2020, la France par décret autorise l’extradition de Compaoré vers le Burkina Faso. Il avait fait appel auprès du Conseil d’Etat pour annuler son extradition mais ce dernier avait confirmé le décret du gouvernement le 30 juillet 2021.
M. François Compaoré avait fait appel auprès de la Cour européenne des droits de l’homme et le 6 août 2021, celle-ci suspendait provisoirement la procédure.
Jusque là, la justice burkinabè et les organisations de défense des droits humains engagées dans le dossier pour la vérité restent suspendues à la décision de la Cour européenne des droits de l’homme.