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Afrique du sud : la violence fait partie de la culture sud-africaine depuis l’apartheid

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En marge de la 8e édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) à Ouagadougou,Libreinfo.net a rencontré le Sud africain Mathatha Tsedu, ancien patron de presse Média24, puis enseignant dans plusieurs universités Sud africaine. Que pense t-il de la lutte contre le terrorisme en Afrique subsaharienne? Comment expliquer les récentes violences en Afrique du Sud? Et comment consolider la liberté de la presse? Lisez!

Libreinfo.net (Li) : Vous êtes à Ouagadougou pour le FILEP, dites-nous en tant que journaliste, qu’est-ce que vous pensez de la lutte contre le terrorisme en Afrique subsaharienne ?

Prof Mathatha Tsedu (MT): Pour moi, il y a deux problèmes. Le premier, c’est que nos armées, nos militaires ne sont pas suffisamment préparés, suffisamment formés pour ce type de guerre, cette guerre asymétrique où on n’arrive pas à identifier l’ennemi. Et pour moi, le premier défi, c’est celui-là.

Le second défi, je pense que nos armées ne communiquent pas assez sur cette lutte, que ce soit des échecs ou des succès ; elles en parlent très peu. L’on n’a pas les résultats de la lutte, c’est ce qui fait que nos journalistes ont très peu de choses avec quoi travailler. Donc, ils se contentent de petites informations qui sont souvent des rumeurs. Et je pense que ça, c’est aussi un problème.

Libreinfo.net : Comment peut-on expliquer le regain des violences en Afrique du Sud ?

Prof Mathatha Tsedu: Ma première réponse, c’est que l’Afrique du sud a toujours été une société violente. La violence fait partie de la culture sud-africaine. Pendant longtemps, au cours de l’apartheid, des gens ont utilisé la violence pour résoudre des problèmes. Cependant, il y a des violences internes entre les Sud-africains mais les journaux n’en parlent pas. Ce sont les violences à l’égard des autres qui sont évoquées.
Donc, les Sud-africains noirs ont grandi avec cette conviction que tout peut se résoudre avec la violence.

Le deuxième problème en parlant des sud-africains noirs, c’est qu’ils ne se considèrent pas comme des Africains.

Les gens considèrent l’Afrique du sud comme un pays qui est à côté de l’Afrique. Les autres sud-africains regardent les autres Africains comme des étrangers. Lorsqu’un Sud-africain va au Zimbabwe, il dit, « je vais en Afrique », comme si ce n’était pas le même continent. Donc, il y a une sorte d’endoctrinement qui présente les autres Africains comme étant des étrangers, et les gens ont cette idée-là, que ces gens viennent pour voler les biens des sud-africains.

Libreinfo.net : Pensez-vous aujourd’hui que les Sud-africains peuvent vivre sans ceux qu’ils appellent des ‘’étrangers’’ ?

Prof Mathatha Tsedu: Bien sûr, on pourrait survivre. Mais ça va être difficile, parce qu’aujourd’hui, vous avez de très brillants travailleurs venus du Zimbabwe qui, pour des raisons politiques, ont dû s’exiler en Afrique du Sud. Ils ont créé des entreprises, des business. Et si tout ce monde doit quitter l’Afrique du Sud, je pense que nous allons souffrir un peu.

Libreinfo.net : Qu’est-ce que vous attendez du FILEP 2019 dont le thème est « des plumes, des micros et des caméras pour une Afrique libre et Unie » ?

Prof Mathatha Tsedu: Je pense que le plus important pour nous, c’est de créer, de renforcer les réseaux qui nous réunissent. Les autres thèmes, on en a plus ou moins discuté.

Le plus important pour moi, c’est de voir comment nous pouvons nous unir pour prendre, ou du moins, tirer avantage de tous ces développements technologiques, de sorte que nous puissions nous mettre ensemble et travailler pour ceux pour qui, nous faisons notre travail. Parce que partout dans nos différents pays, les différents gouvernements cherchent toujours à limiter, la force, le champ d’action des journalistes. Une fois de plus, le plus important pour moi, c’est de créer des réseaux pour nous permettre de mieux faire notre travail et de se protéger les uns les autres.

Propos recueillis par

Siébou Kansié
www.libreinfo.net

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