Au Sénégal, le Conseil constitutionnel a annulé le report de l’élection présidentielle au 15 décembre 2024.
Par Nicolas Bazié
La décision est historique : le report de l’élection présidentielle a été annulé par le Conseil constitutionnel. Un véritable camouflet infligé au président Macky Sall.
«Les Sages» ont estimé que la loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution adoptée à l’Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024 est contraire à la Constitution, en ce qu’elle prolonge le mandat du Président de la République de 10 mois.
Pourtant, l’article 103 de la Constitution dispose que la durée du mandat du Président de la République ne peut faire l’objet de révision.
Les députés et candidats ou du moins les requérants qui ont introduit le recours au Conseil constitutionnel pour obtenir l’annulation du report de l’élection présidentielle ont soutenu que l’article 34 de la Constitution ne prévoit le report du scrutin qu’en cas de décès, d’empêchement définitif ou de retrait d’un candidat.
Selon eux, «ni le Président de la République, ni le Parlement ne peuvent reporter une élection présidentielle et que seul le Conseil constitutionnel, juge de la régularité des élections nationales, y est habilité».
Toujours dans leur recours, les requérants ont demandé la poursuite du processus électoral et, « si besoin est, l’ajustement de la date de l’élection présidentielle pour tenir compte des jours de campagne perdus ».
C’est ce que l’ancien ministre burkinabè de la Culture, Abdoul Karim Sango a suggéré lorsqu’il a félicité le conseil constitutionnel sénégalais d’avoir donné, selon lui, « du sens à la science juridique».
Sur sa page Facebook, il écrit que « matériellement, la date du 25 février peut être difficile à tenir, le conseil doit demander à la commission électorale de proposer une autre date dans les 3 mois à venir.»
Abdoul Karim Sango conclut que : « Nous ne pouvons pas continuer d’induire nos apprenants en erreur en faisant tout le contraire de ce que nous enseignons. Les décisions rendues par le conseil même si elles sont erronées ne peuvent faire l’objet de contestation. A la fin, préservons un minimum de dignité dans l’exercice de nos fonctions.»
Le report de l’élection présidentielle, feuilleton politique avec de nombreux épisodes, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Entre courses poursuites dans les rues de Dakar, violences au sein même de l’assemblée nationale, l’actualité sénégalaise a fait les choux gras des médias nationaux et internationaux.