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Afrique du Sud: En attendant les élections générales…

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Dans l’agenda électoral du continent cette année, les consultations sud-africaines du 29 mai prochain sont déjà des plus scrutées. Ces élections générales qui interviennent trente ans après l’accession de la majorité noire au pouvoir se présentent en effet comme les plus problématiques du parti de Nelson Mandela, aujourd’hui en perte de vitesse… 

Par Serge Mathias Tomondji

L’Afrique du Sud s’apprête à aller aux urnes et, pour la première fois depuis 30 ans, la majorité noire qui a enfin accédé au pouvoir en 1994, tremble sur ses bases. La commémoration cette année, le 27 avril dernier, du jour de la liberté, qui rappelle la victoire de l’African National Congress (ANC, Congrès national africain) de Nelson Mandela aux toutes premières élections multiraciales du pays, a plutôt été mitigée. 

Une célébration en demi-teinte sur un questionnement majeur à un mois des prochaines élections générales, le 29 mai prochain. C’est le cas de le dire, l’historique parti de Nelson Mandela, leader incontesté de la lutte antiapartheid, est en perte de vitesse. Né en 1912, l’ANC, ancien mouvement de lutte contre le régime d’apartheid, n’a pris le pouvoir qu’en 1994, en raison, pour une large part, du charisme de son leader. Mais aujourd’hui, trente années après, on peut affirmer que les héritiers n’ont pas réussi à sublimer les actions et la vision du premier président noir d’Afrique du Sud.

En cause, le taux de chômage toujours élevé — les chiffres officiels indiquent que 32,1% de la population se retrouve sans emploi — et les inégalités assez criantes. Au point d’ailleurs que l’ANC a enregistré plusieurs défections. À la tête du pays depuis 2018, Cyril Ramaphosa ne dénie pas cette réalité. « Nous savons que malgré nos avancées, l’Afrique du Sud reste une société très inégalitaire », a-t-il admis le 27 avril dernier. Du reste, plusieurs institutions attestent de cette réalité prégnante que l’ANC a pour ambition et pour mission de combattre, dans une société multiraciale qui donnerait sa chance à chacun.

Déception et regrets

La situation sociale et économique de la Nation Arc-en-ciel chère à Nelson Mandela tient aussi à la posture et à la gestion de la chose politique par les différents successeurs de ce dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas su s’élever à la hauteur des défis d’une jeunesse qui, au fil des décennies, n’a pas connu l’apartheid, mais qui vit les inégalités comme un véritable drame. Au point même de regretter cette dure période de la ségrégation, vouée aux gémonies à travers le monde.

Le journal Les Échos nous apprend ainsi, en citant le témoignage d’une jeune femme sud-africaine, que… « si l’on écoute les histoires de l’apartheid, on découvre que les gens avaient du travail à l’époque, même les Noirs. Alors certes, je n’ai pas connu cette période, mais ça me donne la sensation que ces années étaient finalement meilleures » ! Des propos qui feraient se retourner Madiba dans sa tombe, d’autant que, reconnaît une autre Sud-Africaine, toujours dans le journal Les Échos, « le président Nelson Mandela avait tant d’espoir pour le futur. C’est triste de voir que maintenant qu’il n’est plus là, rien ne s’est vraiment réalisé ».

Il y a donc sans doute lieu de regarder dans le rétroviseur et de soumettre ces trente années de gestion politique par l’ANC à la censure des divers errements et manquements des hommes qui ont dirigé le pays. S’il est vrai que les aléas économiques ne sont pas tous forcément de leur responsabilité, on peut reprocher aux différents successeurs de Madiba de n’avoir pas su mettre en œuvre un véritable programme social qui fortifie leur crédibilité politique et renforce l’unité nationale.    

Embastillé pendant 27 ans pour la cause et la dignité de la majorité noire, Nelson Mandela était un peu l’âme de l’ANC. C’est donc en toute logique qu’il accède à la présidence de la République d’Afrique du Sud le 9 mai 1994, après sa sortie triomphale, le 11 février 1990, de la prison Victor Verster. Son implacable combat contre le racisme et le système de l’apartheid, qui avaient fini par faire de lui le prisonnier le plus célèbre du monde, l’avaient auparavant conduit au bagne de Robben Island, de juin 1964 à avril 1982, puis à Pollsmoor, jusqu’en décembre 1988, d’où il sera transféré à la prison Victor Verster.

Les travers des héritiers

Figure emblématique de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, devenu, à 75 ans, président de l’Afrique du Sud, n’a exercé qu’un seul mandat de cinq ans à la tête du pays. Non pas parce qu’il ne pouvait pas prolonger son bail, mais parce qu’il ne le voulait pas. Visionnaire, il a juste estimé qu’il avait fait sa part et qu’il fallait passer le témoin. Mais sans doute, la relève programmée n’était pas moins pressée de goûter aux charmes du fauteuil présidentiel.

C’est Thabo Mbeki qui lui succède en 1999. Mais il doit faire face à de graves difficultés économiques et sociales, notamment lors de son second mandat. La pénurie d’électricité et la dégradation des infrastructures le poussent à la démission, l’ANC lui ayant retiré son mandat le 21 septembre 2008. Le Parlement élit alors Kgalema Motlanthe, qui termine son mandat, jusqu’aux élections générales du 22 avril 2009.

Jacob Zuma, ancien vice-président du parti, entre alors en scène. Nouveau président de la République, il prête serment le 9 mai 2009. Il est réélu pour un second mandat en 2014, mais déjà l’ANC, quoiqu’en tête dans l’électorat, subit un recul face à l’Alliance démocratique et aux Combattants pour la liberté économique de Julius Malema. Hélas, Jacob Zuma, empêtré dans des affaires de corruption, ne fera pas mieux que son prédécesseur et a dû se résoudre à démissionner en 2018 sous la pression de son parti, après avoir été menacé de destitution.

Doute et pessimisme

Depuis, c’est Cyril Ramaphosa, élu par le Parlement le 15 février 2018, puis formellement réélu le 22 mai 2019, « à l’issue d’élections générales lors desquelles l’ANC obtient le plus faible score de son histoire (57,5 %), passant sous la barre des 60 % pour la première fois depuis un quart de siècle ». Selon les observateurs, le parti de Nelson Mandela paie, chaque jour un peu plus, « les errements et les scandales de l’ère Zuma », mais doit également faire face à une opposition interne, « avec un clan resté fidèle à Jacob Zuma ».

La situation de l’ANC n’est pas reluisante, trente ans après le « jour de la victoire ». L’optimisme et l’espoir de 1994 a progressivement laissé la place au doute, voire au pessimisme. Et à un mois des prochaines élections générales, les intentions de vote pour le parti de Nelson Mandela stagnent à 40 %, selon un sondage. Ainsi, pour la première fois depuis l’euphorie de la « Mandelamania », se dessine la perspective d’un gouvernement de coalition pour diriger l’Afrique du Sud postapartheid…

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