Par Siébou Kansié
L’élargissement de l’IUTS (Impôt Unique sur les Traitements et Salaires) aux primes et indemnités des fonctionnaires a été, il faut le rappeler, annoncé le 28 septembre 2019 par le premier ministre, Christophe Dabiré. Cette annonce avait suscité la polémique au niveau des partenaires sociaux. Le débat s’est de nouveau posé suite à la déclaration du porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, à la sortie du conseil des ministres du 19 février 2020, qui a affirmé que l’IUTS sera mis en œuvre sur les primes et indemnités des agents publics à compter de ce mois de février. Et d’ajouter qu’il sera appliqué selon le principe de l’acceptabilité et de la progressivité.
Il n’en fallait pas plus pour que la toile s’embrase. Les travailleurs du public s’emballent. La Coordination des Syndicats du ministère des Finances, en a même fait une analyse. C’est un sujet qui suscite des passions chez la plupart de ceux qui l’abordent.
L’évidence sur cette question, c’est que cet impôt est appliqué sur les employés du privé. Et pour une question d’égalité et d’équité, le gouvernement se devait de l’appliquer aussi, aux agents de la fonction publique ou tout simplement le supprimer au niveau du privé. La dernière option est plus défendue par la classe syndicale.
Mais le gouvernement burkinabè, qui voit déjà comme un acquis, l’application de l’IUTS au niveau du privé, souffre d’aller dans le sens du syndicat. S’il le supprime, il perdra certainement des milliards au moment où, l’exécutif a plus que besoin de l’argent pour faire face aux défis sécuritaires et de développement.
L’inopportunité de l’application de l’IUTS
Les mouvements sociaux que connait le Burkina, sont en partie dus aux conditions de vie difficiles des travailleurs du public qui réclament pour la plupart, un meilleur traitement salarial. Et l’application de l’IUTS va davantage aggraver cette situation. Si depuis 2019,le président du Faso, Roch Kaboré a appelé les partenaires sociaux à une trêve et a même annoncé des mesures visant la réduction du train de vie de l’Etat, l’application de l’IUTS sonne le glas de cette trêve sociale demandée par le président du Faso. Elle s’annonce également en contradiction avec le processus du dialogue social.Comment demander une trêve pour des agent qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail et prendre dans le même temps, des mesures qui vont à l’encontre de ces exigences ? C’est dire donc que le gouvernement prépare un bras de fer avec le syndicat qui n’entend pas se laisser faire.
Même si la légalité est manifeste par rapport à l’application de cet impôt, l’atmosphère sociale ne s’y prête pas. Face au gouvernement qui semble s’entêter, on se demande si tous les moyens sont réunis pour face à un éventuel front. Et tout porte à croire que c’est le dialogue social entamé, qui est en train d’être remis en cause. En attendant l’effectivité de cette mesure, l’on s’ interroge sur l’issue de ce bras de fer que le gouvernement veut engager avec les travailleurs.
