Le cancer du sein chez les hommes est rare. Seulement, moins de 1% de toutes les leucémies du sein les affectent. Il est cependant important que les hommes sachent qu’ils peuvent être concernés par le cancer afin de ne pas en négliger les symptômes. Pour mieux comprendre cette maladie chez l’homme, Libreinfo.net a eu un entretien avec le Professeur Ollo Roland Somé, chirurgien-cancérologue au Centre hospitalier universitaire Souro Sanon (CHU-SS) de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso.
Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo
Libreinfo.net : Les hommes peuvent-ils développer le cancer du sein ?
Professeur Ollo Roland Somé : Le sein, en parlant de la glande mammaire, est peu développé chez l’homme. Une modification est rapidement perceptible, mais l’éventualité d’un cancer du sein n’est pas bien connu chez l’homme parce qu’on n’y pense pas souvent. D’où le retard à poser un diagnostic et à dépister un éventuel cancer.
Les symptômes du cancer du sein chez l’homme sont les mêmes que chez la femme.
Ils peuvent inclure, entre autres, la sensation d’une boule dans le sein, pouvant être douloureuse ou non ; un gonflement ou un épaississement du tissu mammaire, un mamelon inversé ou d’autres changements visibles à la surface de la peau du sein.
Il y a -rarement- un écoulement de sang par le mamelon et, exceptionnellement, un ganglion à l’aisselle. Toujours est-il que les modifications cutanées sont rapides étant donné les rapports étroits de la peau et de la glande mammaire chez l’homme.
Libreinfo.net : Comment détecter le cancer du sein chez les hommes ?
Pr Ollo Roland Somé : On parlera de diagnostic devant les signes ou symptômes cités ci-dessus.
Le diagnostic du cancer du sein, chez l’homme comme chez la femme, repose sur trois aspects concordants, à savoir :
– le clinique : une boule ou une modification cutanée de la peau ou de la plaque aréolo-mamelonnaire suspecte de cancer ;
– la mammographie : cet examen peut être pratiqué aussi chez l’homme ; cela va mieux caractériser la lésion, la boule, par exemple, pour aboutir à une classification suspecte du cancer ;
– enfin, et c’est le plus important, c’est la confirmation anatomopathologique de la suspicion.
Elle se fait par un prélèvement d’un morceau de tissu à l’intérieur de la lésion, il s’agit d’une biopsie ; ce prélèvement est acheminé au laboratoire pour l’examen anatomopathologique qui va confirmer ou pas le cancer.
Quant au dépistage, il n’est pas recommandé chez l’homme puisque ce cancer est rare chez l’homme.
Le dépistage, ici, consisterait à la détection précoce d’une lésion dans le sein par la mammographie, bien avant l’apparition des symptômes.
Libreinfo.net : Comment prévenir le cancer du sein chez l’homme ?
Pr Ollo Roland Somé : Il n’existe pas de moyens spécifiques pour prévenir le cancer du sein chez les femmes ou les hommes.
Cependant, la détection précoce est un moyen de prévention important, notamment à travers l’auto-examen des seins et la mammographie chez les femmes à partir de 40 ans.
Pour les hommes, seul l’auto-examen des seins est applicable. La mammographie n’est pas utilisée dans le dépistage en raison de la rareté de ce cancer (1 % selon la littérature des cancers du sein et 2 % dans notre série) et de son coût élevé par rapport aux bénéfices.
Il est possible de réduire les risques des divers cancers, y compris le cancer du sein, en adoptant des mesures de prévention générale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de suivre l’acronyme 0 5 30 :
– zéro tabac et zéro ou peu d’alcool
– 5 portions de fruits et légumes par jour
– 30 minutes d’activité physique quotidienne régulière.
Libreinfo.net : Le cancer du sein chez l’homme est-il plus dangereux que celui chez la femme ?
Pr Ollo Roland Somé : Non, le cancer du sein chez l’homme présente une gravité et un mauvais pronostic similaires en raison d’un diagnostic souvent tardif.
En revanche, chez l’homme, la peau est rapidement envahie et les muscles environnants peuvent être affectés en raison de leur proximité.
Libreinfo.net : Comment traiter le cancer du sein chez l’homme ?
Pr Ollo Roland Somé : C’est la même chose que chez la femme. Le traitement associe le plus souvent la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l’hormonothérapie, la thérapie ciblée et des soins palliatifs dont des soins psychologiques, nutritionnels, etc.
