Au quatrième jour du séminaire de formation médiatique qui se tient du 10 au 23 avril 2024, à Beijing en chine, au profit de professionnels de médias burkinabè, il a été dit que l’Empire du milieu est arrivé à éliminer l’extrême pauvreté dans le pays, environ 75 ans après sa fondation, le 1er octobre 1949 par le président Mao Zedong.
Par Nicolas Bazié depuis Beijing, Chine
La Chine est le plus grand pays en développement au monde. Comment ce pays de plus de 9 millions de km² de superficie pour 1 milliard 400 millions d’habitants a pu éliminer l’extrême pauvreté en 75 ans? Quelle inspiration pour les pays africains ?
L’ancienne consule de Chine en France et ancienne responsable de projet à l’Agence canadienne du développement international, Yang Baozhen, a tenté de donner des éléments de réponse à ces questions.
Tout commence en 1978. Le président Deng Xiaoning est au pouvoir. Il est conscient que «le problème alimentaire est une priorité absolue», surtout quand on veut «éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et promouvoir le développement durable de l’agriculture ».
Pourtant, la Chine est un vaste territoire montagneux, fait remarquer la diplomate Yang Baozhen, qui se rappelle que les autorités ont donné l’autorisation aux populations de creuser les montagnes, pour construire des terrasses. Il s’agit, en effet, de transformer ces montagnes arides en terres agricoles.
Les autorités créent ce qu’elles ont appelé à l’époque, «la prospérité commune » dont le but est de permettre aux populations d’atteindre un niveau de vie suffisant « grâce au travail acharné et à l’entraide ».
L’entraide, de quoi s’agit-il ?
La Chine compte 23 provinces, 4 municipalités (Pėkin, Shanghai, Tianjin, Chongqing), 5 régions autonomes (Xinjiang, Tibet, Mongolie intérieure, Guangxi, Ningxia) et 2 régions administratives spéciales (Hong Kong, Macao).
Pour que le processus d’élimination de la pauvreté soit un succès, le gouvernement central crée une sorte de partenariat entre les différentes provinces. Selon l’ancienne consule de Chine en France, chaque province riche a, à sa charge une province pauvre; chaque ministère a, à sa charge une province pauvre; chaque district s’occupe d’un quartier pauvre; une Université à une École à sa charge; 1000 entreprises publiques apportent une assistance à 10 000 villages et les entreprises privées doivent construire d’écoles, de routes.
Sans oublier les fonctionnaires que l’Etat envoie dans des villages pauvres pour travailler jusqu’à la sortie de la pauvreté de ceux-ci. Cela implique 128 000 équipes de travail et 530 000 personnes, soutient Yang Baozhen.
Le gouvernement crée par la suite, en 1982, le Bureau de réduction de la pauvreté et de développement. Dans le cas d’espèce, la diplomate Baozhen trouve qu’«il faut une structure spéciale, des personnes spéciales et de l’argent spécial » pour travailler. Quant à elle, en Afrique, tant que cela n’est pas le cas, « la réduction de la pauvreté sera toujours sur du papier ».
Ce bureau a des représentations dans toutes les provinces et dans tous les ministères chinois, informe l’ancienne responsable de projet à l’Agence canadienne du développement international qui ajoute que toutes les personnes qui vivent dans la pauvreté sur le territoire sont maintenant recensées.
D’après elle, en 2018, l’État a mobilisé à cet effet, des centaines de milliards de Yuans (la monnaie chinoise). Dans cette dynamique, poursuit l’ancienne consule, les meilleurs travailleurs sont primés, alors que ceux qui sont impliqués dans le détournement des fonds sont «sévèrement punis sans pitié».
La réduction de la pauvreté en Chine est le résultat de l’unité nationale, estime Yang Baozhen. Elle ajoute que «dans la lutte contre la pauvreté, les responsables, y compris les équipes de travail résidentes, les responsables de base et les membres du Parti communiste chinois, ainsi que les volontaires, ont travaillé avec diligence et un esprit de dévouement dans le soutien aux pauvres afin de remplir leur mission».
Pour elle, il est possible d’éliminer la pauvreté par le développement. « L’expérience de la Chine en matière de réduction de la pauvreté a prouvé que le développement est le moyen le plus efficace d’éliminer la pauvreté et la voie la plus fiable vers une vie plus prospère», fait-elle comprendre.
Elle conclut en ces termes, « seul le développement peut conduire à la croissance économique, au progrès social et à l’élévation du niveau de vie. Seul le développement peut mieux garantir les droits fondamentaux des populations et répondre à leur désir d’une vie meilleure».