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Tribune: 100 Jours du Président Damiba, « l’une des plaies dans la gouvernance actuelle est le déficit de communication sur des sujets d’intérêts nationaux »

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Nous y sommes. Le Burkina Faso vient d’atteindre la barre des 100 jours sous la gouvernance du Président Paul Henri Sandaogo DAMIBA. Ces 100 jours auront été témoins du début d’une mise en œuvre de la politique de sauvegarde et de restauration telle que promise par le Président DAMIBA aux Burkinabè à sa prise du pouvoir le 24 janvier 2022.

Des décisions, des actes et des actions auront marqué d’une encre indélébile cette ère nouvelle.

La société étant la somme de toutes les valeurs, il sied pour chaque composante selon sa spécificité d’apporter son intelligence dans cette lutte commune pour l’existence du Burkina Faso. Ceci étant, notre mission de bénévole actif dans le cadre de la veille citoyenne, nous invite à passer à la loupe les 100 jours du Président DAMIBA.

Cet exercice de réflexion nous permettra humblement de dégager les bons et les mauvais points de cette transition afin de s’assurer que les nouvelles autorités sont sur la bonne voie dans la conduite des affaires publiques. L’analyse qui va suivre peut être considérée  comme un bref bilan d’étape avant celui souhaité par le Président DAMIBA face à la nation le 1er avril 2022.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est capital pour nous d’attirer l’attention du Président Paul Henri Sandaogo DAMIBA et des nouvelles autorités sur une crise en gestation qui risque de se révéler plus destructrice que le terrorisme.

Un laxisme affiché par les nouvelles autorités

La conjoncture économique Internationale et des réalités structurelles propres au Burkina Faso ont occasionné un  surencherissement de la vie au niveau national et une crise alimentaire dans certains endroits du pays.

Pour s’en convaincre, il suffit de faire le tour des marchés pour s’imprégner des prix des denrées de première nécessité. L’exacerbation actuelle de la vie chère pour les populations éprouvées depuis plus de 6 ans risque de conduire à un phénomène de faim généralisé. Qui parle d’un tel phénomène généralisé ne doit pas occulter une conséquence immédiate : les grognes sociales populaires.

Notre pays est très fragile pour supporter une nouvelle crise sociale. Un appel est donc lancé à l’autorité pour mieux approfondir la réflexion et l’action sur la question.

Notre observation continue des 100 premiers jours de la transition actuelle aura révélé deux grandes phases dans la gouvernance du Président DAMIBA. La première phase s’étale du 24 janvier 2022 au 31 mars 2022.

Elle aura permis au  MPSR de se doter de l’habillage « juridique » et « administratif » à même de desserrer un temps soit peu l’étau répressif des institutions sous régionales (UEMOA), régionales (CEDEAO), Africaines (Union Africaine) et internationales (Nations-Unies, Union Européenne…) à l’endroit du nouveau pouvoir.

Toutefois, cette dynamique aura donné l’impression d’un laxisme affiché par les nouvelles autorités dans la recherche de solutions à l’essence même de leur venue au pouvoir, la question sécuritaire.

La seconde phase, toujours en cours, a pris effet le 1er avril 2022 avec l’adresse du Président DAMIBA à la nation. Face aux récriminations permanentes de certains Burkinabè sur la capacité des nouvelles autorités de lutter efficacement contre le terrorisme, le Président du Faso rassure ces compatriotes en annonçant de grandes décisions à plusieurs niveaux de la gouvernance avec en prime un premier bilan dans 5 mois.

Le gouvernement Albert OUEDRAOGO jusqu’à là assez discret commence à prendre la mesure du terrain en déployant progressivement ses politiques. La communication présidentielle et gouvernementale plus ou moins en hibernation au début de cette transition commence à se déployer.

De la conception théorique de la feuille de route de la transition les deux premiers mois, nous assistons à cette deuxième étape à un début de mise en œuvre pratique des engagements.

Les résultats de ces cents premiers jours du nouveau pouvoir

Suite à l’observation des aspects relatifs à la forme de la transition, nous nous intéresserons aux questions de fond axées sur la sécurité, l’économie, la politique, le social et l’humanitaire.

La situation sécuritaire constitue le fondement de l’avènement du nouveau pouvoir comme indiquée dans son message rendu public le 24 janvier 2022 sur les antennes de la télévision nationale. Compte tenu de la détérioration excessive de la sécurité nationale, ce nouvel élan porté par l’armée avait donné à croire à une certaine opinion, éprouvée ou idéaliste, la fin programmée du terrorisme au Burkina Faso les semaines suivantes.

Avant d’égrener notre analyse sur ce sujet précis, il est nécessaire de lever toutes les équivoques en signifiant qu’il est pratiquement surréaliste de penser qu’en cent jours les nouvelles autorités puissent totalement résoudre la question du terrorisme. Cependant, les décisions prises et les actions en cours devraient permettre de mieux cerner si le Burkina Faso est sur la bonne voie à moyen et long termes.

A examiner de façon continue les bulletins d’informations mensuels produits par l’autorité sur la situation sécuritaire et  les publications de la presse sur la question, il en découle un résultat en dents de scie assez mitigé.

L’efficacité de toute stratégie de lutte étant mesurable sur la base de ses fruits, les résultats de ces cents premiers jours du nouveau pouvoir oscillent entre des acquis dans certaines zones du pays et de fortes insuffisances dans plusieurs autres.

Au nombre des acquis, nous citons des terroristes neutralisés, des bases terroristes détruites, des localités sous blocus ravitaillées, une dizaine d’écoles réouverte etc.

Au titre des insuffisances, nous notons malheureusement plusieurs FDS et civils tués, d’importants dégâts matériels enregistrés, une augmentation du nombre de personnes déplacées internes, de nouvelles localités vidées par les habitants et une intensification des attaques terroristes dans plusieurs provinces du pays.

En tenant compte des observations ci dessus, il est évident d’affirmer que les nouvelles autorités sont toujours à la recherche de la réponse adéquate. L’objectif initial qui est la reconquête progressive des territoires occupées et le retour des déplacés internes n’est pas encore assez perceptible sur le terrain.

Toutefois de nouvelles stratégies dont la mise en place de comités locaux de dialogue sont en expérimentation.

Une analyse exhaustive pourra être portée sur toute cette dynamique de lutte contre l’insécurité à la fin des cinq mois souhaités par le Président Paul Henri Sandaogo DAMIBA pour  sa mise en œuvre, soit le 1er septembre 2022.

Le second volet de notre analyse sera axé sur l’économie. Nous avons opté de faire fi des indicateurs macroéconomiques qui permettent d’avoir un aperçu sur ce secteur. Nous nous sommes cependant intéressés aux ressentis des populations et des acteurs du secteur.

Un féru de la politique de ce pays n’avait t’il pas dit au parlement que ce ne sont pas les taux de croissance chiffrés qui comptent pour les populations mais la possibilité de le ressentir directement dans leurs assiettes.

S’il y a un sentiment partagé par tous les Burkinabè c’est bien la crise économique.Les activités économiques piétinent. Il est constaté une inflation sur les prix des produits de grande consommation pendant que le pouvoir d’achat des populations stagne.Tout y passe, riz, maïs, sucre, lait, mil etc.

Des causes évidentes relevées  (conjoncture économique internationale, guerre en Ukraine, les conséquences du terrorisme) au début de cette tribune pourraient bien expliquer cette crise tout en militant dans une certaine mesure à la décharge des nouvelles autorités.

Cependant, la responsabilité du nouveau pouvoir peut être engagée sur sa capacité à juguler cette crise économique en proposant des perspectives de relancé et de maîtrise des prix des denrées alimentaires.

Les enjeux sécuritaires étant la priorité des priorités, les réponses du gouvernement sur la crise économique ne sont pas encore assez visibles. Il y a même cette impression que le gouvernement est englué et essaie de colmenter les fissures.

Cette autre impression qui se dégage est l’impossibilité pour le gouvernement Albert OUEDRAOGO d’arrêter l’inflation en cours même si à travers un exercice de communication permanent il donne l’impression de la contrôler.

La troisième partie de notre réflexion va s’accentuer sur le volet politique. Dans un contexte où il a été demandé aux formations politiques d’éviter l’activisme débordant, nous nous pencherons sur des décisions majeures rentrant dans le cadre de la gouvernance proposée par les nouvelles autorités.

Les audits de plusieurs structures étatiques en cours auront été la principale orientation du nouveau pouvoir dans son élan de donner un signal fort à l’opinion pour sur la bonne gouvernance. De façon commune, les Burkinabè avaient reprochés au Président Roch Marc Christian Kaboré son laxisme face aux nombreux scandales financiers relevés par les journaux d’investigations sous son régime.

Série de nominations

Le Président KABORE avait fini par prendre conscience de la gravité de la situation au soir de son départ du pouvoir en initiant  » l’opération mains propres ».

La décision d’auditer est un point positif à mettre à l’actif des nouvelles autorités dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance. Bien évidemment pour une question de bons procédés, cette transition  devrait fait l’objet d’audit après le retour à l’ordre constitutionnel.

L’une des plaies dans la gouvernance actuelle est le déficit de communication sur des sujets d’intérêts nationaux. C’est souvent sous la pression d’actions de protestations à venir que le gouvernement tente tant bien que mal de s’exprimer sur des sujets querellé.

Nous citons pour exemple les partenariats du Burkina Faso avec d’autres pays  dans la lutte contre le terrorisme. Cette situation créé un nid d’intoxications à souhait au sein de l’opinion sur des questions essentielles.

La série de nominations intervenue depuis le 24 janvier 2022 aura fait jaser plus d’un citoyen. Si certaines paraissent opportunes, d’autres sont décriées à divers niveaux. Là aussi il appartient à l’autorité de rassurer l’opinion sur le bien fondé de ces nominations dans ce contexte de gouvernance non classique.

Concernant les situations sociales et humanitaires, elles restent fortement tributaires du contexte sécuritaire et économique évoqué ci dessus. Pas besoin de s’attarder davantage car elles sont déjà passées sous la rampe.

Pour conclure cet exercice de réflexion, il est réaliste et objectif de reconnaître qu’il n’existe pas un homme providentiel qui viendra sauver à coup de baguette magique le Burkina Faso du joug du terrorisme. Cependant, nous pourrons au moins trouver des Burkinabè disposant d’une certaine expérience ayant permis au Burkina Faso d’être préservé d’une invasion terroristes il y a plus de 7 ans.

L’extrême gravité de la situation sécuritaire exige de se mettre au dessus de la mêlée pour recourir aussi à l’expérience de ces Burkinabè. Il s’agit de rassembler toutes les intelligences du pays afin  de mener le combat collectif dans toute sa diversité pour sauver le Burkina Faso.

Il pourrait exister des appréhensions, mais nous souhaitons que pour l’intérieur supérieur du Burkina Faso les ex militaires du Régiment de  Sécurité Présidentiel  dans leur grade respectif privés de liberté depuis 2015 soient rappelés pour étoffer le personnel militaire dans la lutte contre le terrorisme.

Un pays comme la Mauritanie qui était victime d’attaques terroristes récurrentes est parvenu aujourd’hui à purifier son territoire de ce mal. Ce qui signifie que le défi peut être relevé au Burkina Faso si nous prenons collectivement conscience que l’existence de notre pays est au rouge.

Pour la Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP/BF)

Ousmane SO

Président

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