Le Burkina Faso est engagé dans un processus de digitalisation des services publics. Du paiement des taxes et impôts à l’acquisition de documents administratifs en passant par les concours directs, le processus suit son cours et gagne peu à peu l’ensemble des services de l’administration publique.
Par Daouda Kiekieta
La digitalisation se mondialise et les pays africains ne sont pas en marge. Au Burkina Faso, le processus suit son cours et touche plusieurs secteurs de l’administration publique. Le secteur de l’économie, à travers les téléprocédures fiscales, semble plus avancé.
Le jeudi 12 avril 2018, le portail de téléprocédures fiscales dénommé « eSINTAX » version 1 avait été lancé. Cette plateforme qui vise entre autres l’accélération dans le traitement à la caisse, la réduction du taux d’erreurs et l’optimisation des recouvrements, permet aux contribuables de «télépayer» et de «télédéclarer» leurs impôts sur internet.
Au lancement de la deuxième version en mai 2019, plus de 20 000 télé-déclarations ont été effectuées pour un montant total de plus de 318 milliards F CFA.
La même année, la Direction générale des douanes du Burkina avait procédé au lancement de sa nouvelle plateforme automatisée pour le dédouanement des marchandises dénommée « Sydonia World ».
Cet outil, s’adresse à plusieurs acteurs dont les importateurs et exportateurs, les commissionnaires en douane et les agents des douanes ont accès.
Toujours dans le domaine fiscal, le ministère de l’Économie, des finances et de la prospective lance officiellement le 20 novembre 2023, la plateforme e-Timbre, marquant la dématérialisation du timbre fiscal physique au Burkina Faso.
« Pour les usagers, eTimbre est accessible quelle que soit la localité de résidence. eTimbre sera progressivement utilisée par tous les services publics et sur tous les documents devant faire l’objet d’apposition de timbre fiscal », avait indiqué le ministre de l’Économie Aboubakar Nacanabo.

Au niveau de la fonction publique, la digitalisation a gagné le processus des fonctionnaires de l’Etat avec le lancement en 2020 de la plateforme d’inscription en ligne eConcours.
Avec cette interface, plus besoin de s’aligner pendant des heures voire des jours pour être enrôlé. A la suite des enrôlements devenus numérique, il est désormais possible de passer les épreuves écrites en ligne pour le cas des concours directs de niveau supérieur.
La digitalisation gagne le secteur sécuritaire
Le domaine sécuritaire n’est pas en reste de cette vague de digitalisation. C’est ainsi que la gendarmerie nationale du Burkina Faso a lancé en mai 2023 son nouvel outil de gestion appelé « Brigade numérique de veille, d’alerte et d’assistance (BNVAA)».
C’est la nouvelle cellule de la gendarmerie qui a pour missions d’accueillir, d’orienter, de renseigner, de sensibiliser, d’assister et d’alerter sur les cas suspects d’ordre sécuritaire.
En plus de cet outil, il est désormais possible pour tout usager qui commet une infraction en circulation de payer sa contravention à travers « eContravention », lancé le 11 juillet 2023 par le ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité. Le paiement se fait par un site web et une application mobile.

« Elle sera aussi un moyen efficace de lutte contre la corruption et les pertes de capitaux au profit du budget de l’État », avait indiqué le ministre délégué chargé de la sécurité, Mahamadou Sana.
Dans cette même optique, le ministre de la Sécurité lance en août 2023 à Ouagadougou, la plateforme « eVisaburkina » dans le cadre du Projet de Sécurisation des Visas du Burkina Faso (PSV-BF).
Ainsi, à partir de cette plateforme, tout étranger, assujetti au visa, qui souhaiterait se rendre au Burkina Faso, pourra formuler sa demande en ligne, payer ses frais par carte bancaire, notamment à travers Orabank ou se faire assister par les représentations diplomatiques burkinabè à l’étranger.
En 6 mois de fonctionnement, «eVisaburkina, a enregistré 45,7% de demandes de visas formulées en ligne par des demandeurs eux-mêmes de 149 nationalités différentes. Un taux pouvant atteindre 90% à l’horizon 2024 ».
« Elle permettra de rapprocher les services de délivrance de visas des usagers et de stimuler le tourisme au Burkina Faso, par les facilités qu’elle offre », avait dit Mahamadou Sana, ministre délégué chargé de la sécurité.

Sur le plan judiciaire, le « e-casier judiciaire » remplace la casier judiciaire physique à partir du 15 septembre 2023, jour de son lancement officiel. Ainsi, l’ensemble des procédures d’obtention du casier se fait désormais à travers un téléphone android ou un ordinateur.
« Pour permettre aux justiciables de s’adapter progressivement aux changements intervenus, le système manuel de délivrance coexistera avec celui du système automatisé pour une période transitoire », avait souligné le Premier ministre Apollinaire Kyélem lors du lancement.
De la digitalisation dans l’enseignement supérieur
Au niveau de l’enseignement supérieur, les inscriptions et les orientations dans les universités publiques se font en ligne à travers la plateforme « Campus faso ». Cet outil a été lancé par le ministère de l’enseignement supérieur depuis 2018.
Deux après Campus Faso, le ministère lance en avril 2021 à Bobo-Dioulasso la plateforme de digitalisation de la restauration universitaire. A l’aide de leurs téléphones portables et grâce à la plateforme leurs comptes « Campus faso », les étudiants s’achètent des tickets de restauration à travers le paiement mobile.
« Le code lui sera transféré dans son compte Campus faso et dans sa boîte mail. Une fois au restaurant, l’étudiant pourra présenter le code pour le faire scanner à chaque fois pour se faire servir à manger dans les restaurants. Aussi, il peut imprimer ce code sur une carte », avait expliqué le Pr Alkassoum Maïga, ancien ministre de l’enseignement supérieur.
Le processus de dématérialisation des procédures administratives au Burkina ne se fait pas sans difficultés.
De la non maîtrise des usagers du service public à la mauvaise qualité de la connexion mobile, la digitalisation se heurte à des difficultés généralement d’ordre pratique d’où la nécessité de renforcer les cadres de sensibilisation auprès des populations de base.