Le secteur de l’agriculture burkinabè occupe près de 80% de la population . Malgré ce fort pourcentage de main-d’œuvre, le pays peine toujours à couvrir les besoins alimentaires de sa population. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment, la faible modernisation du secteur.
Par Daouda Kiekieta
Le monde de l’agriculture au Burkina Faso reste majoritairement tributaire des moyens rudimentaires, en dépit de la révolution agricole, marquée par l’évolution des technologies agricoles.
Les équipements agricoles à l’image de la daba, des charrues, des charrettes à traction asine, des faucilles ou des vans font toujours partie du vocabulaire des agriculteurs burkinabè. Conséquence, un grand nombre de mains est nécessaire pour faire fonctionner des exploitations agricoles, généralement petites avec des outils non mécaniques et des rendements faibles.
Ces méthodes archaïques sont sans doute l’un des facteurs qui expliquent le faible rendement agricole. En effet, la faible modernisation du secteur rend le travail pénible pour les agriculteurs et les maintient dans une logique de production de subsistance.
Chaque année, le Burkina Faso importe des centaines de milliers de tonnes de céréales, faute d’insuffisance de la production nationale.
Par ailleurs, nombreux sont les agriculteurs qui ont dû limiter leurs superficies d’exploitation par manque d’outils modernes de travail.
C’est le constat que l’on a pu faire à travers les différentes régions du pays. Par manque de tracteur, « on était obligé de faire une partie du champ en Zaï et labourer l’autre partie avec des bœufs », avait déploré un agriculteur de Ziniaré, Chef lieu de la région du Plateau-Central.
Et un autre de la province du Boulkiemdé, dans la région du Centre Ouest d’ajouter que «par manque de moyens de traction, nous maximisons sur l’utilisation des produits phytosanitaires pour lutter contre les mauvaises herbes ».
Modernisation et atteinte à l’autosuffisance alimentaire
Dans la quête de l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso, la question de la révolution agricole doit trouver sa place dans les politiques publiques.
De l’utilisation des moyens de tractions, aux moyens d’entretien des cultures, en passant par la maîtrise du cycle de la pluviométrie, le processus de modernisation de l’agriculture implique plusieurs facteurs.
Au Burkina Faso, comme dans bien d’autres pays d’Afrique, les agriculteurs naviguent toujours à vue, en matière de prévision du cycle pluviométrique. Par manque de moyens adéquats de prévision , le monde agricole est soumis aux aléas de la pluviométrie. Cela n’est pas sans conséquence sur la production nationale du pays.
En 2019, par exemple, la campagne a enregistré une production céréalière de 5.029.321 tonnes, soit une baisse de 2,92% par rapport aux résultats de la campagne agricole précédente.
La campagne de 2021 a enregistré une production de 4 709 489 tonnes soit une baisse de 9,07% par rapport à la campagne précédente.
Vers un processus de mécanisation de l’agriculture burkinabè
Durant ces dernières années, le gouvernement burkinabè s’est lancé dans un processus de mécanisation progressive du secteur, à travers l’acquisition des tracteurs subventionnés. Toute chose qui pourrait conduire, dans les prochaines années, à une modernisation de l’agriculture.
En effet, après la remise de 500 tracteurs aux producteurs en 2017, puis de 400 tracteurs en 2019, le gouvernement burkinabè a procédé, le samedi 7 mai 2022, à la remise d’un lot de 500 tracteurs, aux acteurs du monde rural à Bobo-Dioulasso.
L’ancien ministre de l’agriculture, Salifou OUÉDRAOGO, avait évoqué en 2020, la nécessité de «remplacer progressivement les outils rudimentaires de production par des moyens modernes ».
« Bien que les rendements des cultures dépendent de multiples facteurs, la mécanisation agricole constitue un des éléments le plus important », avait-t-il soutenu.
Les producteurs qui disposent des moyens financiers tentent néanmoins de larguer les amarres avec l’utilisation des outils rudimentaires en s’achetant des outils modernes tel le tracteur.
Du reste, combien sont-t-ils ces producteurs qui peuvent en disposer ? Ils sont rares ces agriculteurs qui peuvent s’acheter un tracteur.
Pour autant, des perspectives ne manquent pas pour faciliter davantage l’acquisition des équipements agricoles par les producteurs.
« Si on pouvait avoir un tracteur pour chaque commune ou chaque ZAT (Zone d’appui technique), cela pourrait faciliter notre travail», proposait à minima, un producteur.
Plus loin, le gouvernement pourrait miser sur l’accompagnement des différentes coopératives présentes dans les communes et villages du pays.
Cet accompagnement peut prendre notamment la forme de subventions massives, pour faciliter l’acquisition des équipements agricoles.