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Burkina Faso : le Balai Citoyen pose le débat sur la conférence nationale souveraine pour refonder la Nation

Éric Ismaël Kinda

Le mouvement de la société civile « Le Balai Citoyen», a organisé, le 23 décembre 2022 à Ouagadougou, un forum débat sur la situation nationale. Les débats ont tourné autour de l’organisation d’une conférence nationale souveraine comme alternative crédible pour une refondation de la nation burkinabè et une consolidation démocratique.

Par Daouda Kiekieta

L’histoire du Burkina Faso indépendant est marquée par une multitude de crises politico-socio-économiques. De l’insurrection populaire aux coups d’État en passant par les élections jugées souvent douteuses, des Burkinabè ne savent plus à quel modèle politique se vouer.

L’absence d’un projet de société clair et d’un contrat social entre les gouvernants et les gouvernés en sont les principales causes, selon Dr Mamadou Hébié, professeur associé de droit international à l’université de Leiden aux Pays-Bas.

Pour lui, l’organisation d’une conférence nationale souveraine est indispensable pour sortir le pays de l’ornière.

Dr Mamadou Hébié
Dr Mamadou Hébié Professeur associé de droit international à l’Université Leiden aux Pays-Bas, membre du barreau de New-York aux Etats-Unis

Par définition, cette conférence souveraine est « un cadre ad-hoc où les enfants d’un même pays se retrouvent pour discuter des problèmes fondamentaux que rencontre leur pays et tracer de grandes orientations de l’État et sa gouvernance ».

Résoudre la crise multidimensionnelle et bâtir le futur d’un Burkina Faso de développement inclusive, endogène et qui répond aux défis de l’heure y compris le changement climatique : telles sont les deux raisons qui soutiennent la nécessité d’organiser une conférence nationale souveraine.

Celle-ci doit définir la politique de développement du pays pendant au moins 25 ans, laquelle transcende la vie des hommes.

A titre d’exemple, le conférencier indique que la politique des USA envers la Chine est restée la même depuis 1960 malgré la succession des présidents.

«La politique de la France envers l’Afrique n’a pas changé depuis les années d’indépendance. Avoir une politique qui transcende les individus, c’est ce qui manque aux pays africains comme le Burkina Faso », argue Dr Hébié.

« Il faut arriver à nous départir de cette obsession de messie en pensant qu’il aura toujours une personne qui viendra résoudre nos problèmes », ajoute-t-il.

La conférence souveraine est-elle vraiment la solution ?

« Quelle garantie offre cette conférence souveraine ? », s’interroge Ladj Django Massé, chargé de communication de la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL).

Cette inquiétude de M. Massé semble fondée, car d’autres intervenants estiment que la conférence souveraine souffre d’un problème de garantie pour pallier les maux qui minent notre société.

Pour preuve, des pays comme le Niger, le Togo, ont organisé une telle instance dans les années 90, mais n’ont pas pu épargner leurs pays des coups d’État, raconte, Ismaël Compaoré, membre du Balai Citoyen.

Si ces pays ont « échoué » malgré cela, c’est parce qu’ils se sont limités à l’aspect politique de la gouvernance, rétorque, Dr Hébié, qui précise que la conférence nationale souveraine doit aller au-delà de l’aspect électoral et politique.

Pour sa part, Dr Moumini Niaoné, trouve qu’une telle instance souveraine doit jeter les bases d’un développement qui tient compte des besoins profonds des communautés locales. Car, poursuit-il, « nous ne travaillons pas réellement avec les communautés » concernées par les projets de développement.

Qui, pour porter le projet de l’organisation d’une conférence nationale souveraine ?

A cette question, le conférencier répond que ce sont les acteurs qui ont une légitimité qui doivent porter ce projet.

Eux, ce sont les leaders coutumiers, religieux et syndicaux, considérés comme les élites du pays, selon le juriste, M. Hébié. « Ce sont eux qui peuvent dire, trop c’est trop, il faut une conférence nationale souveraine ».

Cependant, M. Hébié a déploré le silence de l’élite burkinabè lors des grands évènements qui ont secoué le pays.

Ce forum débats citoyens est organisé par le Balai Citoyen en collaboration avec la Fondation nationale pour la démocratie ( National Endowment for democracy-NED).

Selon Eric Ismaël Kinda, porte-parole du Balai Citoyen, les Burkinabè doivent trouver un cadre pour se parler, crever l’abcès, poser les grands problèmes et tracer les grandes lignes pour que le président qui va venir au pouvoir puisse suivre exactement ce que cette conférence nationale souveraine aura décidé.

Éric Ismaël Kinda
Éric Ismaël Kinda, porte-parole du mouvement Le Balai Citoyen, modérateur de la conférence débat

Il rappelle que l’idée de l’organisation d’une conférence souveraine n’est pas neuve. « Dans les années 90, on en parlait déjà quand les pays voisins comme le Bénin, Niger ont expérimenté cette conférence souveraine. Plus de 30 ans après, nous sommes porteur de l’idée et nous discutons pour créer un cadre de débats pour la concrétiser », a expliqué Éric Ismaël Kinda.

Lire aussi: Jean Luc Mélenchon apporte son soutien aux militants du mouvement  Le Balai Citoyen

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