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Burkina Faso: pourquoi les jeunes officiers ont choisi le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Damiba?

Le coup d’État proclamé le lundi 24 janvier 2022 au Burkina Faso a été longtemps, minutieusement préparé dans la plus grande discrétion. Certes, ce n’était pas un secret pour le pouvoir Kaboré et les fins observateurs des évènements socio-politiques et sécuritaires, mais nul ne pouvait prétendre savoir comment le scenario pourrait être réalisé.

Par La Rédaction

Comme nous vous l’avons promis, Libreinfo.net revient sur le choix du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba comme principale figure de la junte.

Le suspens a été long toute la journée du lundi 24 janvier 2022. Les Burkinabè attendaient avec impatience, la fameuse déclaration des soldats qui avaient pris le contrôle de plusieurs points stratégiques de la ville de Ouagadougou.

En début de soirée, le Capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo se présente à la télévision nationale accompagné de plusieurs officiers supérieurs pour la lecture de la toute première déclaration. Elle annonce la fin du pouvoir de Roch Kaboré au terme d’une longue nuit de tirs mêlés à des concertations.

A droite du Capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo à la télévision nationale, se trouvait un officier supérieur de l’Armée en la personne du Commandant de la troisième région militaire, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Le commandant de la troisième région militaire a sous son autorité, les garnisons de Ouagadougou (Centre), de Tenkodogo(Centre-Est), de Fada N’gourma(Est), de Pô (Centre Sud) et de Koudougou (Centre-Ouest).

Comme dans beaucoup de cas de coup d’Etat, Monsieur Damiba a été « copté » par trois capitaines, deux de l’Armée de terre et un de l’Armée de l’air, notamment, Sidsoré Kader Ouédraogo, pour être porté à la tête de la junte.

Pourquoi le choix du Lieutenant-Colonel Damiba ?

Des sources proches de la junte expliquent à Libreinfo.net que les officiers sont allés voir Paul-Henri Sandaogo Damiba pour lui expliquer leur projet. En effet, après des réflexions, le soldat modèle pour eux, était le Commandant de la troisième région militaire. Celui-ci, après avoir bien écouté le Capitaine Ouédraogo et ses compagnons, ne croyait pas être à la hauteur de leurs attentes. Mais, il finit par accepter.

C’est lui désormais qui aura la charge de contacter d’autres officiers supérieurs voire des chefs de corps pour les faire rallier à la cause des plus jeunes. Certains officiers supérieurs, se montrent dubitatifs au regard du contexte actuel du Burkina, mais s’engagent à ne pas faire fuiter l’information.

Cependant, quelques-uns acceptent les offres du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Parmi eux, l’on cite le nom du Lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana.

Il n’y avait pas meilleur choix que M. Damiba, affirme un officier. Il fait l’unanimité dans les rangs. « C’est l’officier supérieur qui peut rester plusieurs mois sur le terrain avec ses hommes sans problème », susurrent quelques soldats. On le surnomme « l’Armée » pour sa rigueur et sa discipline. Il est sans complaisance, et d’ajouter qu’il est « mécanique » aux règles de l’Armée. C’est un défenseur des valeurs de l’armée, nous l’aimons bien.

Appelé affectueusement par certains soldats « Jet Li», M. Damiba fait parler de lui après son passage comme chef de corps au 11è RIC (régiment d’infanterie commando) à Dori (Sahel) et au 12è RIC à Ouahigouya (Nord). Les soldats n’avaient pas apprécié son départ, expliquent ses anciens soldats dans ces garnisons.

Outre ces raisons, des officiers confient à Libreinfo.net que l’Armée comporte trop de clans. Pour mettre fin à l’existence de ces clans, il faut remonter à la 7è promotion.

Pour eux, tous les soldats avant la 7è promotion sont animés de « rancunes » entre officiers supérieurs, nées parfois de la politique, des frustrations dans la progression des grades, des problèmes de corruption, des accusations d’assassinat de promotionnaires, etc.).

Au regard de ces raisons, seul un officier supérieur de la 7è promotion à ce jour, peut rétablir la discipline dans les rangs. Il devrait être le trait d’union entre les promotions antérieures et celles de l’après 7è promotion jusqu’à ce jour.

Il n’y a donc que deux, qui arrivent en tête dont le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et le commandant actuel de la 1ère région militaire (Kaya). Ces deux de la 7è promotion, ont porté leurs grades quelques mois avant les autres camarades, donc l’ancienneté oblige et joue en faveur de ce choix.

La fin de carrière pour certains officiers supérieurs ?

Ce coup d’Etat peut sonner comme la fin de carrière de certains officiers supérieurs, selon les commentaires des officiers à Libre info. « On avait des officiers supérieurs très orthodoxes, réfractaires à tout changement, qui se croyaient toujours dans l’Armée napoléonienne », expliquent-ils.

« Ils étaient en déphasage total des méthodes de lutte contre le terrorisme. Rien ne marchait ! Cette situation avait contribué à pourrir le climat de travail dans les rangs. On était arrivé à des situations où les soldats ne respectaient plus le commandement. Ils menaçaient même de déserter certaines zones, ils posaient des conditions avant d’être déployés », ajoute une autre source.

Selon un colonel de l’Armée burkinabè, le général Moise Miningou, ancien Chef d’État-major général des Armées (CEMGA), avait remis plusieurs officiers supérieurs au ministre de la défense nationale pour des postes techniques. Mais fautes de postes, certains se verront abandonner par leur hiérarchie et même le ministère sans être employé.

Quel avenir pour le Burkina Faso ?  

Les soldats qui ont fait le putsch, laissent savoir qu’ils sont convaincus que les problèmes du Burkina ne sont pas que sécuritaires. Certains chefs de corps ne sont pas totalement acquis à leur cause. « Nous travaillerons à les faire comprendre le bien fondé de notre action », indiquent des soldats.

Pour eux, il s’agira de travailler à trouver toutes les ressources humaines capables de mettre le Burkina Faso sur la bonne voie en commençant par une lutte contre la corruption et la gabegie.

A la question de savoir, où est gardé l’ancien Président Roch Kaboré ? Un de nos interlocuteurs, répond qu’il est certainement à Ouaga 2000, sous la protection des Forces spéciales.

Lire aussi: Burkina Faso: Sidsoré Kader Ouédraogo, le cerveau du coup d’Etat?

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