Elles sont nombreuses ces femmes qui font le tour des marchés dont celui de « Tolsin yaar » de Kalgondin à la recherche de plantes médicinales. Toutes veulent un remède traditionnel à un mal qui ronge leurs enfants. Constat.
Secteur 24, arrondissement 5 de Ouagadougou, à « Tolsin Yaar», marché situé à Kalgondin, jouxtant un côté du mur de l’aéroport de la capitale burkinabè. Il est 11 h ce lundi 4 mars 2024 lorsque nous arrivons.
Sur les étalages des vendeuses, affectueusement appelées « Yaaba » (grands-mères) en langue nationale mooré du fait de leurs âges visiblement avancés, se trouvent racines et feuilles séchées.
Ces « Yaaba » connaissent les plantes qui soignent et aident ces mamans à choisir les plantes qui soulageront les maux de leurs enfants.
Elles savent comment utiliser telle racine, quel bouillon soignera une diarrhée, quelle poudre arrêtera la toux, etc.
Ainsi, l’une d’elle, Alizeta Ouédraogo, explique : « Toutes ces plantes soignent des maladies et chaque plante a sa spécificité ».
« Yaaba » Ouédraogo indique qu’elle a appris le métier de sa grand-mère qui possédait elle-même un étal au marché. « Je vendais des condiments mais par la suite je me suis intéressée aux plantes médicinales pendant 5 à 6 ans » explique-t-elle.
« Sur ma table, je dispose de plus de 100 variétés de plantes et d’écorces pour soigner des maladies. Les prix des herbes séchées, des racines et autres vont de 100 F CFA à 500 F CFA » poursuit-elle.
Quant à Abibata Sawadogo, une autre « Yaaba » de « Tolsin yaar », elle dit être sur le marché depuis plus de 6 ans. Elle estime que ses plantes ont contribué à rendre heureux beaucoup d’enfants et de bébés.
Alizeta Ouédraogo et Abibata Sawadogo reconnaissent qu’elles ne sont pas des guérisseuses : « Chez nous, les gens viennent se procurer des plantes et demander leurs modes d’emploi. Nous agrémentons avec des conseils ».
Une jeune mère du nom de Alimata Zango arrive chez la vendeuse Alizéta, lui explique ses difficultés liées à la santé de son enfant.
Au quart de tour, la vendeuse diagnostique le mal, donne le remède qui est une plante appelée « guirga » en langue locale ( mooré) pour venir à bout de la diarrhée du bébé.
Elle lui indique la posologie qui n’est rien d’autre que la manière dont elle doit faire bouillir les feuilles, recueillir la décoction après refroidissement pour purger l’enfant pendant trois jours, mais lui donner aussi le liquide à boire pendant trois jours.
Mère Zango en prend note et se retourne vers nous pour dire toute sa satisfaction : « Depuis que je fréquente Yaaba Alizeta, je suis satisfaite car mon bébé retrouve petit à petit le sourire après chaque traitement. »
D’une « Yaaba » à une autre, la méthode est similaire. Mère Solange Koala pousse un ouf de soulagement lorsqu’elle constate que son « enfant avait du mal à se tenir debout ». Mais, «après quelques mois d’utilisation, raconte-t-elle, son enfant avait commencé à marcher. »
Selon elle, les « Yaaba » vendeuses de plantes médicinales jouent un rôle important et sont dépositaires du savoir endogène qu’elles transmettent de génération en génération et de façon orale.
Cependant, les vendeuses d’herbes, d’écorces et autres produits préviennent que leurs conseils de « Yaaba » ne doivent pas se substituer à une consultation ou à un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé.
« Nous n’avons pas fréquenté l’école, mais notre science n’est pas inutile. Elle ne se substitue non plus à la médecine » disent-elles.