La présidentielle au Sénégal a livré son verdict. Bassirou Diomaye Faye est le vainqueur dès le premier tour avec des résultats provisoires de 53,7% des voix selon la commission nationale de recensement des votes. Le candidat de la rupture qui a annoncé dans son programme politique la mise en œuvre de profondes réformes devient le 5è président de la République du Sénégal. A quoi faut-il s’attendre maintenant dans le cadre de la coopération avec ce pays ?
Par Fred Ido
Si les engagements pris avec le peuple lors de la campagne sont mis en œuvre, le Sénégal sera dans les 5 prochaines années un vaste chantier de réformes dont l’aboutissement serait l’établissement d’un nouvel ordre.
Tout compte fait, le président élu, Bassirou Diomaye Faye, devra, conformément à son programme politique, retirer son pays, le Sénégal, de la zone franc CFA.
Il en a fait la promesse à travers la réforme monétaire sur fond de création d’une monnaie nationale.
Pour ce faire, je « mettrai en place une politique macroéconomique solide, séparer les banques d’affaires des banques de dépôt, avoir les moyens techniques de création monétaire, démonétiser temporairement l’or, reprofiler la dette publique et annuler la dette privée, régler le déficit commercial » a-t-il écrit dans son programme politique.
Il a aussi promis, dans cette même optique, de régler les avoirs extérieurs et négocier les comptes d’avances, mettre en place un système d’assurance des dépôts et créer un gendarme de la Bourse.
Ce sont là aux yeux du président Faye, les démarches à mener en vue de la création de la monnaie nationale.
Quoi qu’on dise, une telle initiative ne mettrait-elle pas à mal les relations du Sénégal avec la France ?
Et ne rapprocherait-elle pas le président Faye des présidents des pays de l’Alliance des États du Sahel ( AES) ?
En son temps, nul doute que le débat sur la création d’une monnaie nationale fera des vagues au Sénégal. Car, tout changement même les plus souhaités sont souvent douloureux.
Le pays de la Teranga connaîtra de grands bouleversements et occupera à nouveau la scène internationale comme ce fut le cas tout récemment quand le président Macky Sall a donné un coup d’arrêt au processus électoral avant d’être rappelé à l’ordre par le Conseil Constitutionnel.
Vers la « souveraineté totale »
Qu’à cela ne tienne ! Dans sa première déclaration d’après élection, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé les couleurs en indiquant que le Sénégal va résolument s’engager sur la voie de la souveraineté totale.
« Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux que le Sénégal tiendra toujours son rang, qu’il restera le pays ami et l’allier sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productives » a-t-il dit.
A l’analyse, le président Bassirou Domaye Faye met en avant les intérêts de son pays avant toutes autres considérations. L’idée de « coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive » qu’il développe renvoie à l’idée de partenariats gagnant-gagnant qui a conduit les pays de l’AES à diversifier les partenaires en se tournant vers de nouveaux comme la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran etc.… Le Sénégal ira-t-il jusqu’à ce point ?
Dans l’espace CEDEAO, le nouveau président est aussi porteur de réformes à travers le renforcement du Parlement de la Communauté, de la Cour de justice de la Communauté et une atténuation de la prépondérance de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement.
« Nous mettrons en place un véritable programme de coopération décentralisée impliquant les États ouest-africains. La dynamique de cette coopération sera entretenue, entre autres, par l’organisation de foires commerciales au niveau des villes, d’événements socio-culturels, le jumelage entre les villes ouest-africaines (…) Nous promouvrons l’intégration économique de la sous région en renforçant le Tarif Extérieur Commun de la
CEDEAO » lit-on dans le programme politique du nouveau président.
Progressivement et de façon méthodique, les relations bilatérales et multilatérales avec le Sénégal seront redéfinies en fonction des ambitions et des engagements pris par le président Faye auprès de son peuple.
Le Sénégal sera-t-il le 4e pays francophone sahélien en Afrique de l’ouest à amorcer cette révolution?