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Togo : Des urnes législatives pour référendum constitutionnel

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Les électeurs togolais sont appelés aux urnes le 29 avril prochain pour élire leurs députés et conseillers régionaux sur fond de tensions sociopolitiques autour d’un projet de nouvelle Constitution. Une situation de quitte ou double, qui transforme le prochain scrutin, initialement prévu le 20 avril, en véritable référendum constitutionnel…  

Par Serge Mathias Tomondji

La campagne électorale pour les législatives et les régionales bat son plein au Togo depuis le 13 avril dernier. Une drôle de campagne, avec dans le viseur la décision finale de l’électeur togolais sur la nouvelle Constitution que le pays veut se donner. Objet de toutes les polémiques et de la surchauffe sociopolitique actuelle, cette nouvelle Loi fondamentale, ciment d’une cinquième République en gestation, fera passer le Togo d’un présidentialisme établi à un régime parlementaire.

Selon toute vraisemblance, la Constitution querellée, actuellement en examen au parlement pour une deuxième lecture demandée par le chef de l’État, devrait être définitivement adoptée avant les élections législatives et régionales du 29 avril prochain.

C’est du moins ce qu’a laissé entendre, ce 17 avril dans le Journal Afrique de la télévision TV5Monde, Gilbert Bawara, ministre togolais de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social. « Je suis convaincu que dans les prochains jours, la Constitution, après relecture, sera adoptée par l’Assemblée nationale », a-t-il notamment indiqué.

Adoptée par l’Assemblée nationale et… promulguée dans le même allant par le président de la République qui réserve jusque-là sa signature, suite au tollé qu’a suscité le nouveau texte ?

Contestation de fond

C’est le nœud du différend qui oppose actuellement la classe politique togolaise, les uns défendant bec et ongles le changement projeté, les autres le rejetant vigoureusement.

Un changement décidé nuitamment par un parlement en fin de parcours et qui tourne le dos au suffrage universel direct dans l’élection du président de la République.

Ce dernier sera désormais élu « sans débat » au parlement pour un mandat unique de six ans et pour des fonctions honorifiques. Pendant ce temps, la réalité du pouvoir sera détenu par un « président du Conseil des ministres », désigné pour six ans, renouvelable à souhait, par la majorité parlementaire. C’est sur le sous-bassement de cette contestation de fond que se déroule actuellement la campagne pour les élections législatives et régionales.

Initialement prévu pour le 13 avril avant d’être décalé au 20 avril, le scrutin a finalement été reporté au 29 avril, en raison justement du débat sur la nouvelle Constitution. Il est donc évident que les urnes du 29 avril sanctionneront aussi ce texte, une victoire massive du parti au pouvoir et de ses alliés délivrant quasiment un blanc-seing à la mise en œuvre du régime parlementaire et édifiant la cinquième République.

Les partis politiques de l’opposition ont donc fort à faire pour sonner la résistance et donner la réplique. Les initiatives annoncées ont plutôt fait flop et l’invite de quelques-uns à ne pas participer à ce scrutin pour ne pas servir de caution n’a quasiment pas été entendu.

Rapport de force

Échaudée par son boycott de 2018, qui fait d’ailleurs que la législature finissante est dominée de la tête aux pieds par les partisans du président Faure Gnassingbé, l’opposition a décidé de s’assumer et de tenter de contrer les velléités du pouvoir dans les urnes.

La question centrale est donc de savoir si elle réussira à faire basculer le rapport de force. « Notre seul objectif, c’est d’avoir la majorité des sièges à l’Assemblée nationale pour opérer les réformes et obtenir le changement tant souhaité par les Togolais », a ainsi déclaré Georges Glovey, informaticien et militant de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), le principal parti de l’opposition.

Embouchant la même trompette, Togbé Tété, un des directeurs de campagne des Forces démocratiques pour la république (FDR), un autre parti de l’opposition togolaise, « invite tous les électeurs à voter pour le changement dans le pays », en choisissant les candidats de cette engeance politique. « Que personne ne touche [à] notre Constitution ! », martèle-t-il pour bien marquer son opposition à la nouvelle Loi fondamentale.

Comme on peut le constater, les arguments de la campagne tournent autour de la mise en œuvre ou non de la nouvelle Constitution, qui continue de susciter l’ire de l’opposition.

L’enjeu de la nouvelle Constitution

Et justement, l’Union pour la République (Unir, au pouvoir) veut faire des urnes du 29 avril une belle passerelle pour le changement de régime et de République. C’est ce qu’exprime Badjamla Koubalo, l’un des candidats de ce parti, lorsqu’il indique que ces élections doivent prouver qu’il y a « la paix et la sécurité au Togo » et que le peuple est « uni pour la révision constitutionnelle ».

Au-delà du choix de leurs députés et conseillers régionaux, les électeurs togolais auront ainsi plus à se prononcer, le 29 avril prochain, pour ou contre la nouvelle Constitution qui instaure un régime parlementaire avec des pouvoirs étendus à un « Président du Conseil des ministres » que l’on soupçonne Faure Gnassingbé de vouloir exercer pour garder indéfiniment la main dur la gestion de l’État.

En cela, ce rendez-vous a valeur de référendum, un référendum constitutionnel tant réclamé par les différents corps sociaux qui n’ont eu de cesse de condamner le virage à 180 degrés que s’apprête à opérer le Togo

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