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Togo : Par-delà les clairons de l’indépendance…

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Tiens, c’est l’anniversaire de l’indépendance de la République du Togo ! Soixante-quatre ans déjà, ce 27 avril, que Sylvanus Épiphanio Kwami Olympio a fièrement proclamé l’accession de cette République à la souveraineté nationale et internationale. Un anniversaire qui intervient à la veille de consultations électorales — législatives et régionales — sur fond de tensions sociopolitiques exacerbées autour d’un projet de nouvelle Constitution…

Par Serge Mathias Tomondji

La République du Togo commémore, ce 27 avril, le 64e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Un pays qui portait alors sur le front, avait martelé son premier président, Sylvanus Épiphanio Kwami Olympio, « l’orgueil d’un peuple libre », tandis que « son cœur ardent s’emplit d’enthousiasme devant la tâche, certes rude mais combien exaltante, qui lui est offerte ».

Cela fait donc déjà 64 ans que Sylvanus Olympio a esquissé avec fierté la nouvelle aube qui se levait sur ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest, désormais « affranchi de toute sujétion, de toute entrave », maître de son destin et libre ! « Libre d’être toi-même, de suivre tes idées et tes inclinations, de choisir selon ta raison et tes sentiments, de décider d’après ta propre volonté… Libre enfin, dans la dignité retrouvée, de prouver et d’affirmer ta personnalité », a notamment indiqué le premier président de la nouvelle République.

Longue a été la nuit pour le Togo, successivement, depuis 1884, protectorat allemand, condominium franco-britannique, puis territoire sous tutelle de la France. En retrouvant sa liberté le 27 avril 1960, le pays était loin de s’imaginer qu’il signerait moins de trois ans après, le 13 janvier 1963, le premier coup d’État de l’Afrique noire francophone et indépendante. 

Bâtir la cité

Un putsch sanglant, sanctionné par l’assassinat de Sylvanus Épiphanio Kwami Olympio, celui-là même qui porta le flambeau de l’instant historique du drapeau national hissé dans le ciel du monde. « En ce lieu, en ce jour, à cette heure, au nom du peuple togolais, je proclame solennellement l’indépendance du Togo, notre patrie. Et maintenant, Togolais et Togolaises, allons, comme l’hymne national nous y convie, allons tous ensemble bâtir la cité », avait-il conclu dans son mémorable premier discours de… premier chef du jeune État.

Soixante-quatre années se sont écoulées et, à l’instar des autres pays de l’Afrique noire francophone, le Togo a évolué en dents de scie, avec une succession d’évènements qui continuent de questionner. Les Togolais de la « Terre des aïeux » n’ont toujours pas réussi à trouver la bonne symphonie pour bâtir, ensemble, la cité. Et les contradictions politiques, rancœurs et autres divisions intestines ont presque tout le temps pollué le débat.

D’ailleurs, la célébration, ce 27 avril, du 64e anniversaire de l’indépendance du Togo intervient dans un climat de tensions sociopolitiques fortes, à la veille d’un double scrutin législatif et régional sur fond de changement constitutionnel non inclusif. Les citoyens sont en effet convoqués aux urnes le 29 avril prochain, alors que l’adoption définitive, en deuxième lecture, d’un projet de nouvelle Constitution nourrit maintes inquiétudes. 

Cette Constitution, qui attend d’être promulguée par le chef de l’État, remplacera l’actuelle régime présidentialiste à un régime parlementaire, dans une cinquième République qui offre un enterrement de première classe au suffrage universel direct pour l’élection des premières autorités de l’État.

Une Constitution qui divise…  

Exit donc l’élection présidentielle de 2025, qui aurait dû être la dernière à laquelle l’actuel chef de l’État, Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 suite au long règne de 38 ans de son père, Étienne Eyadéma devenu Gnassingbé Eyadéma, pouvait participer en tant que candidat, au titre de la Constitution jusque-là en vigueur. Exit aussi la possibilité, si la nouvelle Loi fondamentale entre en vigueur, que Faure Gnassingbé quitte le pouvoir en 2030, puisqu’il ne pourra plus faire acte de candidature. 

La nouvelle Constitution, que l’opposition a attaqué devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dispose en effet que le président de la République sera désormais élu « sans débat » au parlement pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois, et pour des fonctions purement honorifiques. La réalité du pouvoir sera alors détenu par un « président du Conseil des ministres », désigné pour six ans, renouvelable à souhait, par la majorité parlementaire.

En plus de dénoncer ce changement constitutionnel annoncé à la veille d’élections législatives et régionales, et adopté par un parlement en fin de parcours, l’opposition togolaise voit dans cette nouvelle architecture institutionnelle une manœuvre pour Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir ad vitae aeternam. En effet, si l’Union pour la République (Unir), le parti qu’il a créé sur les cendres du Rassemblement du peuple togolais (RPT) de son père, conserve la majorité au parlement, il revêtirait allègrement, et à chaque fois, le costume de… « président du Conseil des ministres », dont le mandat est renouvelable à souhait tous les six ans.

Les élections du 29 avril prochain se jouent donc à pile ou à face, sur un double défi : conforter l’actuelle majorité au pouvoir et approuver le nouveau texte constitutionnel ; ou réussir la prouesse de mettre l’Unir et ses alliés en minorité dans les urnes et avoir la possibilité de renoncer à cette cinquième République toute parlementaire. 

L’ombre de Sylvanus Olympio

La tâche est on ne peut plus rude pour l’opposition, déjà en butte à des querelles intestines et des divergences d’approche. En décidant de battre campagne et de faire valoir ses voix au cours du scrutin du 29 avril prochain, alors qu’elle avait choisi la politique de la chaise vide en 2018, les partis de l’opposition togolaise tentent de s’assumer pleinement, malgré maintes difficultés, mais restent faibles dans le rapport de force politique.

Une fois de plus, le Togo joue son destin et son avenir institutionnel. Il est évident qu’en choisissant, ce 29 avril, leurs députés et conseillers régionaux, les électeurs togolais participent aussi, indirectement, à un référendum sur le régime parlementaire mis en avant dans la cinquième République pour laquelle ils n’ont pas été consultés. 

Et il ne fait pas de doute que l’ombre de Sylvanus Olympio, proclamant, le 27 avril 1960, l’indépendance du pays, sera éloquemment revisité. Plus que jamais donc, le citoyen togolais est à nouveau invité à bâtir la cité de ses aïeux, les 64 ans d’indépendance dans la tête et la nouvelle Constitution dans les urnes.  

www.libreinfo.net

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