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Cancer : « toutes les femmes en âge de procréer peuvent avoir le cancer du col de l’utérus », Arsène Gaëtan Kagambega, Cancérologue 

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Le cancer du col de l’utérus se classe au 2e rang des cancers les plus fréquemment diagnostiqués chez la femme au Burkina Faso. Il constitue la cause première de mortalité due à un cancer chez les femmes. Le Burkina Faso a inauguré, le 9 avril 2021, son premier centre de radiothérapie pour prendre en charge environ 1 500 patients par an. Cette structure sanitaire traitera sur place plusieurs cas de cancers, notamment les cancers du col de l’utérus, de la prostate, du poumon, du rectum, de l’œsophage et de l’estomac. Libre info s’est entretenue avec le Docteur Arsène Gaëtan Kagambega, un cancérologue, sur cette maladie devenue un problème de santé publique au Burkina Faso.

Interview réalisée par Rama Diallo, stagiaire

Libre info (Li) : Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ?

Dr Arsène Gaëtan Kagambega (Dr AGK) : Le cancer du col de l’utérus peut être défini comme une prolifération anarchique, incontrôlée et désordonnée des cellules du col utérin qui échappent au contrôle de l’organisme.

Li : Quelles sont les causes du cancer du col de l’utérus ?

Dr AGK : Dans le domaine de la cancérologie, il faut plutôt parler de facteurs favorisant dans la survenue du cancer. Cependant, à travers les études, il existe des organes où l’installation du cancer est liée à une cause ou un agent causal.

Le cancer du col de l’utérus est essentiellement lié à un virus appelé Human papillomavirus (HPV). Ce virus est donc incriminé dans la transformation des cellules normales du col de l’utérus en cellules cancéreuses, aboutissant ainsi au cancer du col utérin.

Ce virus est le plus souvent sexuellement transmissible et c’est l’infection due à ce virus qui va créer un désordre dans l’organisme au cours d’un long processus de cancérogénèse (située entre 10 à 15 ans).

En dehors du HPV, nous avons d’autres facteurs favorisant dans la survenue du cancer du col de l’utérus, notamment la multiparité (ou le nombre élevé d’accouchements), la précocité des rapports sexuels, les multiples partenaires sexuels.

Li : C’est donc lors des rapports sexuels que la femme contracte le virus responsable du cancer du col de l’utérus ?

Dr AGK : Oui, l’infection liée à ce virus est sexuellement transmissible.

Raison pour laquelle, nous exhortons toute femme en activité sexuelle ou en âge de procréer de se faire dépister régulièrement dans les centres de santé. Des moyens de prévention existent contre ce virus à travers la vaccination des femmes qui n’ont pas encore été en contact avec le Human papillomavirus.

Li : Quelles sont les catégories de femmes les plus exposées à la maladie ?

Dr AGK : toutes les femmes en âge de procréer peuvent avoir le cancer du col de l’utérus. Cependant, le temps mis entre l’infection du col de l’utérus par le Human papillomavirus et la survenue du cancer varie entre 10 et 15ans. Mais ce temps est réduit de moitié chez les personnes vivant avec le VIH.

Les statistiques montrent que le pic d’âge de survenue du cancer du col de l’utérus est situé autour de la quarantaine. Mais cela ne veut pas dire qu’avant 40 ans la femme ne peut pas faire le cancer du col de l’utérus.

Li : Comment évolue la maladie ?

Dr AGK : le cancer du col peut être très bien traité s’il est diagnostiqué tôt. On peut en guérir si l’on intervient au moment des premiers signes de la maladie ou au stade précoce. D’où l’importance des dépistages précoces des lésions précancéreuses, avant la survenue du cancer proprement dit.

Il faut savoir que quand le cancer se développe, il y a ce qu’on appelle le cancer in-situ, qui est la forme localisée de la maladie. C’est quand les cellules du cancer franchissent une membrane, dite basale, qui constitue une barrière, que l’envahissement des autres parties de l’organisme se fait de manière rapide, aboutissant au stade disséminé du cancer ou métastases. Le traitement du cancer de col de l’utérus dépend des stades de la maladie. Si la maladie est diagnostiquée ou découverte à un stade précoce, des moyens de prise en charge comme la chirurgie et la radiothérapie permettent de venir à bout du cancer.

Quand le cancer est avancé, la prise en charge est difficile, longue et couteuse ; les conséquences sont donc d’ordre financier car le traitement coûte extrêmement cher. Et sur le plan social, la femme souffre car les signes du cancer du col de l’utérus aux stades avancés sont les saignements, les écoulements vaginaux, souvent malodorants, avec la perte de l’estime de soi et le rejet surtout du conjoint.

Li :  A quel moment parle-t-on de lésions précancéreuses ?

Dr AGK : La lésion précancéreuse est le début de transformation de la partie du col de l’utérus pour devenir un cancer. A ce stade un simple geste thérapeutique peut arrêter le processus et aboutir à la guérison.

 Li : Peut-on guérir de ce cancer après la phase des lésions précancéreuses ?

Dr AGK : il est un peu difficile de répondre à cette question qui est beaucoup plus technique. Pour confirmer que c’est un cancer, il y a un examen à faire qui est l’anatomopathologie. Cet examen consiste à faire des prélèvements qu’on envoie au laboratoire où des médecins spécialisés vont lire les examens et confirmer que c’est le cancer. Une fois le diagnostic du cancer confirmé, il y a ce qu’on appelle le bilan d’extension qui nous permet de faire une classification du cancer du col en quatre stades.

Chaque stade étant subdivisé, grosso modo, en deux sous stades. Et selon les stades, les traitements reposent sur la radiothérapie, la chimiothérapie et la chirurgie. A un certain stade, le cancer à tellement évolué qu’il n’est plus limité uniquement au col de l’utérus mais se répand dans les autres organes telle que les poumons, le foie, les os. Et à ce stade, seule la chimiothérapie est indiquée. Ceci avec un minimum de chances d’en venir à bout du mal.

Souvent on a de bonnes réponses après la chimiothérapie avec une stabilisation du cancer. Le malade n’est alors soumis qu’à des contrôles et il peut reprendre ses activités. Ceci pour vous dire que le traitement du cancer en général et du cancer du col de l’utérus est une course de longue haleine aux stades tardifs.

Li : Est-ce que la femme peut reprendre une vie sexuelle après la stabilisation de la maladie ?

Dr AGK : oui, pourquoi pas

Li : Pourquoi les femmes sous traitement perdent leurs cheveux ?

Dr AGK : Comme tout traitement, la chimiothérapie anticancéreuse à des effets secondaires ou toxicités. Ceux-ci pouvant se traduire par la perte des cheveux, une fatigue, les nausées, vomissements, etc. Mais les choses reviennent à la normale à la fin de la chimiothérapie.

Li : Quelle importance accordez-vous à l’inauguration en avril dernier du premier centre de radiothérapie du Burkina Faso

Dr AGK : La radiothérapie occupe une place prépondérante dans la prise en charge des cancers en général et du cancer du col utérin en particulier. Dans ce dernier cas la radiothérapie est combinée de façon concomitante à la chimiothérapie, ceci si elle est indiquée.  La radiothérapie rentre dans le cadre du traitement locorégional (agit directement sur la zone de la tumeur en envoyant des rayons dit ionisants sur les cellules de cancers). Donc avec l’inauguration de ce joyau c’est un grand soulagement pour les malades atteints, car la majorité des évacuations sanitaires en cancérologie étaient liées au défaut du plateau technique pour la radiothérapie.

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