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Chantier du centre universitaire de Gaoua: le contrôleur limogé pour sa « rigueur devenue contraignante»

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Le contrôleur du chantier du centre universitaire de Gaoua, région du Sud-ouest, Mohamed Dembélé a été remercié le 31 août 2021. Dans un entretien en ligne, Mohamed Dembélé l’ex contrôleur du chantier de l’université de Gaoua il explique à Libreinfo.net les raisons selon lui qui ont causées son remerciement. Le chantier de l’université de Gaoua fait beaucoup de polémique sur la qualité des matériaux de construction selon Mohamed Dembélé . L’entreprise a été plusieurs fois interpellées par les autorités locales y compris le gouverneur de la région du Sud-Ouest. Le bâtiment de type R+2 n’a pas été réceptionné à la fin du mois d’août 2021 comme prévu. 

 

Libreinfo.net: Vous étiez récemment le contrôleur du chantier de l’université de Gaoua, quel est l’Etat d’avancement des travaux ?

Mohamed Dembélé: Oui, j’étais le contrôleur du chantier de l’université de Gaoua dont la date de démarrage officiel des travaux fut le 06 août 2020 pour un délai d’exécution de 12 mois. Le Taux d’avancement général des travaux est de 21,31% avec un délai expiré à 106,3%. Le retard cumulé est de 9 mois avec un taux d’avancement qui ne vaut pas 3 mois de travail plein suivant le rendement contractuel.

Libreinfo.net: Quel est le type du bâtiment en construction?

Mohamed Dembélé: Il s’agit d’un bâtiment pédagogique R+2 au centre universitaire de Gaoua. Le bâtiment est composé d’une salle de conférence, de 4 salles de laboratoire, salle de cour, d’une salle d’informatique, d’une case d’ascenseur de 13 salles de cour, des toilettes, des locaux techniques, de petits magasins et 24 bureaux de professeur.

Libreinfo.net: Quelles sont les difficultés du chantier ?

Mohamed Dembélé: Depuis le début et jusqu’à notre départ du chantier, le chantier avait d’énormes difficultés liées principalement à une mauvaise volonté de l’entreprise. On peut citer entre autres : une très mauvaise organisation des travaux par l’entreprise (travail sans planning). Une déficience permanente sur la mobilisation du personnel d’exécution. Des défaillances répétitives du matériel du chantier (bétonnières, vibreurs, source de lumière). Tentatives régulières de tricherie sur les prescriptions techniques jusqu’à ce que nous ayons constaté une utilisation des briques creuses en lieu et place des briques pleines pour le soubassement.

L’utilisation frauduleuse des matériaux de très mauvaise qualité qui ont été rejetés par le contrôle et non évacués par l’entreprise dans les délais prescrits. A cela, il faut ajouter des cas d’utilisation d’armature de section soit non conforme, soit rouillées ou soit les deux cas. Des constats de flagrant délit de modification dangereuse du dosage du ciment et adjuvants utilisés. Des travaux de bétonnage effectués sans avoir apporté les corrections demandées par le contrôle ou bien même sans aucune réception. Des résistances de l’entreprise et des refus d’apporter les corrections demandées sur les ouvrages présentant des anomalies.

Libreinfo.net: Est-ce que les autorités sont informées des problèmes qui sont sur le chantier ?

Mohamed Dembélé: Oui ! En effet, le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et de l’innovation (MESRSI) reçoit régulièrement les rapports mensuels du chantier. Le chef du département a eu a effectué une visite sur le chantier. Tout comme le gouverneur de la région et le président du conseil régional. Chacun, lors de sa visite a fait le constat de la merde sur le chantier. Sans oublier la visite de deux Honorables députés de la région.

Sans une dérogation des lois régissant l’application des procédures administratives sévères, le marché devrait être résilier avant même l’expiration des délais contractuels. Le nombre des lettres de mise en demeure avant résiliation est atteint et l’entreprise foule toujours au pied ses engagements contractuels sans s’inquiéter.

Libreinfo.net: Quelles ont été leurs réactions ?

Mohamed Dembélé: A l’issue des visites, aux cours desquelles ils ont attesté qu’effectivement il y avait trop d’insuffisances, ils ont tous demandé aux intervenants directs de respecter chacun leurs engagements contractuels. Aussi chaque autorité avait promis jouer sa partition pour la réussite du projet.

Libreinfo.net: Pourquoi votre contrat de contrôle a été rompu ?

Mohamed Dembélé: J’ai été remercié pour ce projet pour plusieurs raisons :d’abord, je suis resté très stricte sur le respect des prescriptions techniques nécessaires pour la garantie de l’ouvrage. Je ne tarde pas à rejeter des agrégats de mauvaise qualité et aussi demander la démolition et la reprises des ouvrages avec anomalies.

Après des tentations vaines de ma corruption par l’entreprise qui souhaitait avoir une faveur dans le non-respect des prescriptions techniques, la place fut aux menaces et le début des démarches de la première responsable de l’entreprise auprès du ministère pour demander mon départ du chantier. Vue que l’entreprise était mieux écoutée par le ministère, j’ai ensuite été victime d’intimidation par des représentants du MESRSI et qui par injonction me disaient de quitter sur ma rigueur et permettre à l’entreprise d’avancer. Je suis resté sur ma position en refusant catégoriquement de laisser faire du massacre. Dans un procès-verbal d’une réunion hebdomadaire de chantier, j’ai fait ressortir les faits de menaces par écrit afin d’éviter le pire un jour vue que ce sont des menaces qui donnaient du poids à l’entreprise et à m’ignorer davantage.

Malheureusement ce procès-verbal n’a pas été du goût des agents du ministère et la suite vous la connaissez. Fin de mission.

Libreinfo.net: Quels étaient vos rapports avec l’entreprise ?

Mohamed Dembélé: Avec tout ce qui précède ; je ne pouvais pas avoir du tout des bons rapports avec l’entreprise. L’entreprise cherchait le maximum de profit sans se soucier de la résistance et la destination du bâtiment. Et moi, ma priorité c’est le respect des prescriptions techniques ; la qualité, et la quantité des travaux dans les meilleurs délais afin d’éviter de mettre en danger la vie des milliers de personnes qui abriteront le bâtiment.

Libreinfo.net: Comment vous voyez la suite des travaux du chantier ? Avez-vous des inquiétudes ?

Mohamed Dembélé: La suite des travaux du chantier est dans les mains de Dieu. J’ai de fortes inquiétudes. Nous n’avons fini que la première dalle puis 70% des poteaux du R+1 et il reste encore deux dalles, si nous avions fini toute la structure porteuse du bâtiment avant mon départ là je pouvais ne pas m’inquiéter. Parce que sur le chantier il faut être dur avec soit même, très courageux, très rapproché et très vigilant, surtout que la majorité des anomalies sont liées à l’entêtement exprès de l’entreprise.

Libreinfo.net: Qu’est ce que les autorités locales ont fait suite à vos rapports d’anomalies ?

Mohamed Dembélé: Les autorités locales après le constat des anomalies ont invité le MESRSI et tous les responsables des autres structures à effectuer une visite urgente sur le chantier afin d’éviter une éventuelle catastrophe. Il faut noter que c’est à l’issue de cette invitation que le chantier a bénéficié pour la première fois d’une réunion tenue en présence de tous les responsables de structures et cela après environs sept mois des travaux effectués.

Libreinfo.net: Quelle est votre appréciation aujourd’hui des infrastructures publiques qui s‘écroulent ?

Mohamed Dembélé :Ces infrastructures publiques qui s’écroulent sont attristantes. En plus des pertes en vie humaines très déplorables quelles occasionnent, elles font du surplace dans l’émergence du pays.

Libreinfo.net: Quelles sont les causes à votre avis ?

Mohamed Dembélé: Les causes sont entre autres : la corruption grandissante. L’attribution des marchés sur la base des relations amicales ou du moins disant et non sur la base des compétences. Les insuffisances sur les matériaux (fers, ciment etc.) de construction qui ne correspondent pas souvent aux normes en matière de quantité et de qualité. Il y a aussi de plus en plus des techniciens sur papier qui sont forts dans du verbiage dont les infrastructures n’ont pas besoins.

Libreinfo.net: Qu’est-ce que vous préconisez pour réduire tous ces problèmes ?

Il faut des sanctions très fortes.

Lire aussi: Construction du centre universitaire de Gaoua : un chantier à problèmes

www.libreinfo.net

 

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