Le procès des 47 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le trafic de carburant a débuté mardi 26 octobre 2021 au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou. Dès l’ouverture de la première comparution des présumés trafiquants, la partie civile et le parquet ont demandé le renvoi. Les avocats de la défense quant à eux, ont plaidé pour une liberté provisoire de leurs clients. Après plusieurs heures de débats, le tribunal a accordé la mise en liberté provisoire de deux prévenus et le renvoi du procès à mi-novembre 2021.
Il était 8 heures au Tribunal de Grande Instance (TGI) Ouaga I, lorsque quelques personnes causaient en attendant l’ouverture de l’audience de jour. Le bruit dans la salle s’est transformé en silence de cimetière, quand le président du tribunal entrait dans la salle. Il est l’heure. Le procès va commencer. Les journalistes présents dans la salle commencent à feuilleter leurs calepins pour prendre des notes. Après vérification, les 47 prévenus étaient tous présents. Ensuite, les avocats ont fourni au président du tribunal, une copie de leurs lettres de constitution auprès de leurs clients. Pour ceux qui n’ont pas d’avocats, le président leur a donné un délai d’une semaine pour se procurer les services d’un avocat.
L’atmosphère change lorsque, le parquet et les avocats de la société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) ont demandé le renvoi du procès afin de mieux préparer les dossiers. A la suite de cette requête, commence les débats. Les avocats de la défense ont trouvé qu’il n’est pas nécessaire de reporté. « Le parquet a monté le dossier. Il ne peut pas venir nous dire qu’il n’est pas prêt. Nous, nous sommes prêts. Nous voulons que l’affaire soit jugée ce matin, qu’on finisse avec », se sont-ils défendus. Par contre, certains avocats de la défense ont soutenu cette requête, c’est le cas de Me Paul Kéré :« Si le parquet dit qu’il n’est pas prêt, moi, je ne peux pas être plus royaliste que le roi ».
Les avocats de la défense ont profité de cette occasion pour plaider la liberté provisoire de leurs clients. L’avocat de l’homme d’affaire Karim Dialga, soupçonné d’être la tête pensante de la fraude de carburant organisée dans l’Est du Burkina. Il faisait partie des fugitifs. Me Christophe Birba a expliqué que son client reconnait les faits qui lui ont été reprochés. « Mon client n’a jamais nié les faits de contrebande. Il a même décrit comment le carburant rentre dans le pays. Il a été de bonne foi et à même aidé les enquêteurs. Quand le procureur a lancé l’avis de recherche, il était à l’étranger. Mais il est revenu. Il avait la possibilité d’aller en aux Etats-Unis mais il est revenu » a plaidé Me Birba. A la suite de Me. Birba, les autres avocats ont également demandé une liberté provisoire de leurs clients. Ils ont avancé des arguments tels que des problèmes de santé, les charges familiales, le poids de l’âge et la garantie de représentation.
Quant au parquet, il estime que les raisons avancées par la défense ne tiennent pas et l’on ne peut pas s’empêcher de faire un lien entre la contrebande et le terrorisme. « Les terroristes qu’on chasse à longueur de journée sont aussi des pères de familles. Si a la MACO (Maison d’Arrêt et de correction de Ouagadougou) et dans les centre de santé public, ça ne va pas, c’est parce que l’Etat est pillé à longueur de journée par ces gens. Tous ceux qui sont ici, ils étaient donc à l’étroit voilà pourquoi, ils se sont rendu » a laissé entendre le parquet.
Après ces échanges, le président du tribunal a suspendu l’audience pour 30 minutes. A la reprise, le président a décidé d’accorder la liberté provisoire à Abdoul Sawadogo et Razack Sawadogo parce qu’ils sont mineurs et il a renvoyé le procès des présumés contrebandiers de carburant au 16 novembre 2021.