Les sanctions de la CEDEAO contre les pays en Transition ne sont pas au goût de tout le monde. Dans une note parvenue à la rédaction de Libre info, l’association sous régionale dénommée « Compétences électorales africaines » (CEA) a fustigé la manière dont la CEDEAO gère les crises liées aux coups d’Etat au Burkina Faso, en Guinée et au Mali.
Par Nicolas Bazié
La CEDEAO est « devenue une tribune de sanctions à l’endroit de ses propres populations », déclare l’association Compétences électorales africaines (CEA). « Quand l’institution sous régionale se trompe de loupes, on ne peut pas prôner des valeurs démocratiques et souhaiter des élections bâclées sur fond de votes précaires, et dans un environnement incertain, de corruption électorale généralisée, de pauvreté sans précédent des populations déplacées… », ajoute l’association dans un communiqué signé de son président Adam Régis Zougmoré
Considérant les propositions d’agenda en catimini, les échéances non mesurées, indéterminées et pas du tout objectives, cette structure a fait un diagnostic des contextes des pays concernés, et a tenu à interpeller la CEDEAO sur les attentes réelles des peuples et leurs légitimes vœux de développement.
« La CEDEAO fera de graves erreurs, en contraignant les Etats à aller vers des élections précipitées, sans des bases solides et un cadre légal revu dans un espace de grande fragilité ou des priorités (et pas les moindres) existent », soulignent Adam Régis Zougmoré et ses collègues.
Ce qui frise le doute dans cette affaire, ce sont les désaccords entre les chefs d’Etats que l’on a pu constater lors du sommet extraordinaire tenu à Accra au Ghana le 3 juin 2022. « Elle a déjà fait fausse route en exhibant aux yeux du monde, les divergences internes entre les chefs d’Etats au dernier sommet, laissant même planer le doute sur la possibilité de mains mises de certaines puissances occidentales », lit-on.
Partant de là, il faut réformer le mode de décision de cette institution, pour éviter les consensus aux forceps, suggère l’association qui croit que dans un tel contexte, « un recadrage s’impose et il faut véritablement tenir compte de la real politik (politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l’intérêt national) dans chaque pays ».
L’association « Compétences électorales africaines » est sûre d’une chose : Le Burkina, le Mali et la Guinée ont chacun, une histoire politique connue de tous et de très belles pages de luttes héroïques. Ainsi, pour elle, ces trois pays peuvent constituer une force dynamique capable de créer un autre espace de liberté et du vivre ensemble, car les grandes crises ont toujours engendré de sociétés nouvelles.
La CEDEAO est à pied d’œuvre pour gérer la question de la durée de la Transition dans ces trois pays et le retour à l’ordre constitutionnel. C’est pourquoi les voyages de délégations spéciales se multiplient et les sommets aussi, sans oublier la nomination de médiateurs pour faciliter les discussions. Le 3 juillet prochain, ces pays connaîtront probablement leur sort, à l’issue du sommet extraordinaire.