Le Burkina Faso, à travers une lettre adressée aux autorités françaises, le 20 décembre 2022, avait souhaité le rappel de M. Luc Hallade, ambassadeur de France en poste à Ouagadougou. Les raisons de cette démarche du ministère en charge des Affaires étrangères du Burkina Faso ne sont pas connues. Des manifestatnts avaient exigé le départ pure et simple du diplomate français. Parmi ces personnes figurait Yéli Monique Kam du Mouvement M30 Naaba Wobgo.
Par Adrien Djiguemdé
En poste comme ambassadeur de France au Burkina Faso depuis le 8 juillet 2019, M. Luc Hallade a régulièrement été critiqué pour ses interventions et propos souvent jugés discourtois.
Ainsi en est-il, le 14 juillet 2022, de son intervention au sujet des internautes sur les réseaux sociaux qu’il avait accusés d’être des « idiots utiles » agissant contre son pays, à tort ou à raison.
Il n’en fallait pas plus pour provoquer une vague d’indignations sur les réseaux sociaux et même du côté des hommes politiques.
Ces propos avaient irrité Mme Yéli Monique Kam, candidate malheureuse à la présidentielle de 2020 au Burkina qui avait demandé, le 14 juillet 2022, dans une déclaration, le départ de l’ambassadeur de France au Burkina : « Je demande le départ immédiat de l’ambassadeur de France du Burkina Faso, sans condition, avec effet immédiat. »
Le 30 juillet 2022, lors du lancement du Mouvement M30 Naaba Wobgo dirigé par la même femme politique, le départ du diplomate français de 65 ans, M. Luc Hallade, du sol burkinabè était en pole position.
Ce jour-là, des jeunes avaient exercé des actes de violence à l’encontre de Mme Yéli Monique Kam et de ses camarades, occasionnant des arrestations.
Toutefois, c’était sans compter avec la détermination de l’organisation de la société civile qui avait ensuite initié, le 12 août 2022, une manifestation devant l’ambassade de France au cours de laquelle le même message avait été véhiculé : « l’ambassadeur français doit partir. »
En cette matinée du 12 août 2022, les manifestants présents sur les lieux avaient fait l’objet d’une répression de la part des forces de l’ordre qui ont, par ailleurs, procédé à des arrestations.
C’est ainsi que M. Hermann Tenbwoaga Zoungrana, l’un des manifestants avait été détenu quelques jours à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) avant d’être libéré le 16 août 2022.
La dernière sortie de M. Luc Hallade ayant marqué les Burkinabè avait été son communiqué en date du 15 décembre 2022 dans lequel l’ambassadeur avait invité les ressortissants français résidant à Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-Ouest et à une centaine de km de Ouagadougou, à quitter la ville.
Dans ledit communiqué, il affirmait que rester à Koudougou représentait un risque pour ses compatriotes.
Ce communiqué avait, lui aussi, provoqué des protestations au sein des Burkinabè pour qui cela était « une exagération ».
La demande des autorités burkinabè au Quai d’Orsay de rappeler M. Luc Hallade, actuel ambassadeur de France dans le pays, apparaît donc comme une victoire pour Mme Yéli Monique Kam et ses camarades qui en avaient fait leur combat depuis plusieurs mois.
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