Peinés par l’état très asséché du seul barrage de leur ville, des jeunes de Djibo ont entrepris de le réhabiliter. Le top départ des travaux de réhabilitation de cet ouvrage a été donné le 1er juin dernier. A l’occasion, des autorités coutumières et politiques ont fait le déplacement du site desdits travaux pour davantage galvaniser les jeunes.
Par TAM’S, Correspondant/Soum
Le démarrage de ces travaux fait suite au lancement d’une initiative citoyenne qui s’est investie dans la mobilisation populaire. D’où la présence dans le lit du barrage, de toutes les composantes de la population de Djibo : qui avec une pioche, une pelle, une charrette, qui à taxi moto, au volant de benne, qui apportant des paquets d’eau de boisson… L’ambiance était celle des grands jours. En tout cas, depuis le début en 2016 de la dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du Burkina, c’est la première fois que la population de Djibo se retrouve en si grand nombre sur fond d’enthousiasme productif pour une cause commune.
A cette population réunie, affichant ainsi la capacité de résilience des fils et filles de Djibo, les chefs coutumiers (chef du village de Djibo et le chef de canton) sont venus exprimer leurs encouragements. En effet, face aux jeunes, le chef coutumier de Djibo dira : « Nous vous apportons nos encouragements et notre soutien. Que c’est beau de voir toute la jeunesse unie pour une seule et noble cause. Soyez courtois et solidaires. C’est une action communautaire ; faites en sorte de pas parler de politique ou de tout ce qui pourrait vous diviser. Toute personne qui voit cette jeunesse aujourd’hui est fière et contente. Nous montrons un autre visage au monde. Bravo et que Dieu bénisse la suite ».
Le Maire de la Commune (voisine de Djibo) de Nassoumbou est venu, dit-il, au nom de son Conseil municipal, pour encourager la vaillante jeunesse qui fait, selon lui, œuvre utile pour tous. A sa suite, une délégation du Conseil municipal de Djibo avec à sa tête le maire de la Commune, est venue. Sur place, le maire de Djibo, visiblement ému, s’est exprimé en ces termes : « Aujourd’hui, chacun de nous est fier d’être ici. Au-delà du curage du barrage, le fait de se retrouver, de se parler, d’entamer ensemble des travaux d’intérêt commun, montre que nous sommes capables d’aller au-delà de nos divergences et de bien faire. Si nous réussissons ensemble une fois, soyons-en sûrs que nous pourrons le faire pour les autres fois. Alors, faites-en un défi. Au nom du conseil municipal, nous nous engageons à mettre à votre disposition du matériel nécessaire pour la réussite du travail ».
Informés de l’initiative, des fils et filles de Djibo résidant dans d’autres localités ont commencé à apporter des appuis financiers. Du reste, au cours de la première journée – qui a pris fin à 12h ce 1er juin – de ces travaux, au moins deux personnes ont envoyé de l’argent : l’une 100 000 FCFA et l’autre 50 000 FCFA.
En rappel, le barrage de Djibo a été construit en 1970. Quelques années plus tard, la digue a cédé. Réhabilitée en 1979, cette digue a ensuite été élevée de 10 à 15cm de plus en 1990. Mais depuis ces dernières années, le développement du maraîchage sur les berges a entrainé l’ensablement du barrage. En 2018, des études ont été diligentées par l’Etat en vue, d’une part, de renforcer la digue, et d’autre part, d’aménager au mieux la superficie exploitable par les maraîcheculteurs. S’en sont suivis, la mise en place d’un comité d’usagers d’eau du barrage, l’aménagement et le découpage des berges en superficies exploitables pour les productions maraîchères, l’installation de groupes électrogènes pour le pompage de l’eau du barrage vers les plants.
Mais le constat a été aussitôt que le barrage ne retient pratiquement plus d’eau. Face à cette situation, la population de Djibo a plusieurs émis ses cris de cœur à l’endroit des autorités étatiques pour la réhabilitation de l’ouvrage. Des cris de cœur restés sans suite.
Se trouvant cette année dans un état d’assèchement jamais égalé, les jeunes de Djibo ont entrepris de le réhabiliter avec les moyens de bord. Y arriveront-ils ? Attendons de voir les jours et mois à venir. Mais déjà, la volonté affichée en dit long sur leur détermination à relever le défi, et peut-être à se décider ensuite de déployer l’énergie positive qui aura été collectivement entretenue pour relever d’autres défis auxquels fait face la province du Soum.
