La 27e Conférence de l’ONU sur le climat se tient du 06 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte. Au cours des discussions, les 196 pays du monde présents feront le point sur la trajectoire des États pour respecter les objectifs de l’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. La question épineuse de la finance climatique est à l’ordre du jour. Jusque-là, les pays riches, les plus pollueurs, refusent de payer l’aide financière aux pays pauvres qui subissent les effets de ce changement climatique. Sur ce dernier point, les pays africains doivent sonner la fin de la récréation des engagements pris pendant des années sans être tenus.
Par la Rédaction
C’est la cinquième fois qu’un pays africain abrite la Conférence des parties pour le climat depuis la première édition de la conférence à Berlin en Allemagne en 1995.
La sécheresse record dans la Corne de l’Afrique, les inondations au Nigéria, au Niger ayant fait plusieurs morts, la montée des eaux de la mer sur la façade côtière du Sénégal, suffisent pour rappeler les conséquences du changement climatique sur le continent africain.
Les pays d’Afrique, moins pollueurs et qui payent le plus lourd tribut du changement climatique doivent changer d’attitude face aux puissances destructrices qui ne parlent climat que lorsqu’elles sont prises dans leur mauvaise foi de ne pas honorer leurs promesses en matière de finance climatique.
En 2009, par exemple, les pays développés se sont engagés à mobiliser chaque année environ 65 000 milliards de FCFA (100 milliards de dollars) à partir de 2020 pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Jusque là, cette promesse n’a pas été tenue et les différentes COP se succèdent sans résultats palpables en matière de finance climatique.
Lors de la COP 26, tenue à Glasgow, en Écosse en 2021, les États industrialisés se sont également engagés à doubler leurs financements destinés à l’adaptation au réchauffement climatique entre 2019 et 2025. Ils devront donc passer de 13 000 à 26 000 milliards de FCFA environ (20 à 40 milliards d’euros). Cet engagement doit être suivi de prêt jusqu’à sa réalisation.
Outre cela, la question du financement des « pertes et préjudices” causés par le changement climatique dont les pays pauvres, notamment africains, demandent la compensation, doit être mise sur la table, malgré l’opposition des pays du Nord. Des pays industrialisés dont les États-Unis, la Chine ou la France ont toujours refusé de s’associer à cette compensation.
En novembre 2020, les Etats-Unis, deuxième pollueur de la planète, se sont même retirés de l’accord de Paris visant à réduire les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre à 45% dans l’objectif est de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C d’ici 2030.
C’est finalement en février 2021 que le pays de l’Oncle Sam réintègre l’accord. Face à ce jeu de cache-cache des grands pollueurs, l’Afrique, en tant que nouveau terrain de concurrence, doit sonner la fin de la récréation.
Ce sommet constitue donc une occasion pour le continent noir, qui ne représente que 3% du total des émissions mondiales de gaz, de taper du poing sur la table pour exiger une justice climatique à son égard.
Les pays africains doivent adopter une attitude qui met en avant leurs moyens de pression sur les pays riches. C’est dire donc que la COP 27 ne devrait plus être un constat de plus sur la catastrophe climatique, mais une action forte de plus en faveur du climat et des pays durement touchés par ces effets.
La COP 27 devrait être une agora d’actions et non de perpétuelles promesses
Pour ce faire, les décideurs du monde entier doivent mettre en place des mécanismes faciles de financement du climat. Le Mécanisme devrait se débarrasser de toute attitude maligne des pays riches qui consiste à octroyer des prêts aux pays durement éprouvés sous le vocable de finance climatique.
Selon un rapport d’Oxfam, 70 % des financements publics versés seraient en réalité des prêts, davantage destinés aux pays à revenus moyens qu’aux plus pauvres.
“Nous en supportons le coût avec le développement de projets verts financés souvent par recours à la dette alors même que la mise en œuvre de l’adaptation doit se faire par des dons conformément aux engagements convenus”, fustige de son côté, le président de l’Union africaine, Macky Sall, lors de son discours à la COP 27.
Ces pays en développement doivent maintenant imposer des pénalités et surtaxer les multinationales des pays riches opérant sur le continent.
Par ailleurs, l’Afrique est devenue un terrain propice pour les puissances qui tentent d’imposer leur influence. Elle est l’un des plus grands fournisseurs des pays du Nord en ressources naturelles.
Cette place doit donc être exploitée en faveur des Etats du continent qui sont en majorité pauvres. La peur devrait changer de camp et la COP doit cesser d’être le lieu de promesses creuses.
La part de l’Afrique dans la réduction des gaz à effet de serre
L’Afrique joue sa partition dans la protection de l’environnement bien qu’elle ne contribue qu’à 3% des émissions totales.
Elle y est également engagée avec le projet de Grande Muraille Verte en cours d’exécution, qui regroupe 11 pays africains de la zone sahélo-saharienne autour d’activités de reboisement, de restauration des terres et de création d’activités agro Sylvo pastorales génératrices de revenus.
Malgré ces efforts, les pays du G20 qui représentent 80% des émissions de gaz à effet de serre, restent sur leur position ambivalente.
La Chine, premier pollueur mondial, brille toujours par son engagement moins fort. Son président, Xi Jinping, brille d’ailleurs par son absence à la COP 27.