spot_img
spot_img

Éducation et insécurité : Plus de 11 000 élèves déplacés internes à Tougan

Publié le : 

Publié le : 

L’éducation est l’un des secteurs qui paient le plus lourd tribut de la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso ces dernières années. Du dysfonctionnement voire de la fermeture des structures éducatives au déplacement massif des élèves et des enseignants vers les zones plus sécurisées, les conséquences de cette situation sont énormes. Si certains enseignants ont été affectés et/ou redéployés dans des localités, d’autres sont actuellement désœuvrés. Ces derniers se retrouvent dans leurs familles d’origine et sont sans activités pour la plupart. C’est d’ailleurs le constat fait par Libreinfo.net à Tougan, dans la province du Sourou, zone d’accueil des déplacés internes.

Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou

La crise sécuritaire affecte plusieurs acteurs de l’éducation. Dans la région de la Boucle du Mouhoun, par exemple, plusieurs structures éducatives connaissent une fermeture suite aux menaces et actions des hommes armés mettant ainsi plusieurs enseignants et élèves hors du système éducatif.

Il est vrai que des acteurs issus des zones à fort défi sécuritaire ont été déployés dans d’autres localités. Toutefois, certains sont toujours hors des structures éducatives.

C’est le cas de N. P. dont son école est fermée. Enseignant relevant de la circonscription d’éducation de Base de Kougny, dans la province du Nayala, il a rejoint sa famille à Tougan, et ce depuis deux ans maintenant.

Voici le témoignage de cet enseignant : « La situation sécuritaire nous a contraints à quitter nos postes. Toutes les écoles environnantes ont fermé suite aux menaces des groupes armés terroristes.

Par mesure de précaution nous avons aussi décidé de quitter les lieux. Et c’est juste après notre départ que le village a été visité par des hommes armés. Ils se sont attaqués aux services étatiques.

Ainsi la mairie et l’école ont été incendiées et d’énormes dégâts matériels ont été constatés par les habitants. Ce n’est vraiment pas facile.

Notre école tout comme les autres de la circonscription éducative sont toujours fermées sans une lueur d’espoir d’ouverture. Nous sommes sans nouvelles de la hiérarchie.

Personne ne nous appelle pour nous encourager. Nous sommes dans le désespoir. Cela fait deux ans que je suis désœuvré.

Actuellement je suis sans activité à Tougan. Mon seul souhait c’est que la situation se stabilise, que nous puissions retourner à nos postes de travail pour reprendre les activités pédagogiques».

M. T., un autre enseignant, de la circonscription d’éducation de base de Doumbala, province de la Kossi, est à Tougan depuis plus d’un an après la fermeture de son établissement.

Voici ce qu’il raconte : « Depuis le 26 janvier 2023, mes collègues et moi avons quitté notre école suite aux injonctions des hommes armés. Quelques écoles sont délocalisées à Nouna, chef-lieu de la province. Depuis lors je suis à Tougan sans activité. Mais, de temps en temps, je donne un coup de main dans une école de la ville pour garder la main».

A. D. lui, est ressortissant de la circonscription d’éducation de base de Gossina, dans la province du Nayala. Depuis maintenant un an, il affirme exercer dans le commerce en attendant la réouverture de son école. Il s’inquiète de l’avenir de ses élèves.

A.D. raconte : « Notre école, tout comme les autres de la circonscription, est fermée depuis un an par des hommes armés qui sévissent dans la zone.

Pire, l’inspection a été incendiée avec de nombreux dégâts matériels. Nous avons dû reprendre certains documents. Nous étions obligés de quitter les lieux à contrecœur, laissant des centaines d’élèves de l’école.

Quand je pense à ces élèves qui n’ont plus accès aux cours, j’ai bien peur pour leur avenir. Nous implorons vraiment la providence divine pour le retour de la paix et de la sécurité».

Comme eux, plusieurs enseignants de la région sont actuellement dans la ville de Tougan, et subissent une situation similaire.

Le souhait de tous ces enseignants, c’est la stabilité du pays pour la reprise effective des activités pédagogiques au profit de tous les enfants.

Le système éducatif du Sourou est fortement affecté par la crise sécuritaire. A l’exception de la ville de Tougan, toutes les structures éducatives de la province sont fermées.

Certains établissements ont pu être délocalisés en zone urbaine pour la continuité de l’œuvre d’éducation.

Selon les récentes données statistiques de la direction provinciale de l’éducation, plus de 11 000 élèves déplacés internes sont actuellement dans la ville de Tougan aux côtés de ceux de la population hôte.

Lire aussi: Province du Sourou: 11 terroristes tués dans la commune de Tougan

www.libreinfo.net

Articles de la même rubrique

Trimestrielles MoussoNews : des journalistes formés sur les techniques rédactionnelles

Le site burkinabè d’informations générales consacré aux femmes, MoussoNews, a organisé, le 25 juillet 2024 à Ouagadougou, un atelier de renforcement des capacités des...

Burkina : Des chercheurs décortiquent les discours en situation de terrorisme

L'Observatoire de production et d'analyse du discours (OPAD) organise les premières Journées d'études en analyse du discours au Burkina Faso. La cérémonie d'ouverture a...

Gaoua: 4 élèves condamnés à des travaux d’intérêt général

Le tribunal de grande instance de Gaoua, chef-lieu de la region du Sud-ouest a condamné le mardi 23 juillet 2024, quatre élèves à des...

Police nationale: le nouveau Dg veut commander par «exemple»

Le nouveau directeur général de la police nationale du Burkina Jean-Alexandre Darga a pris officiellement ses fonctions ce jeudi 25 juillet 2024 à Ouagadougou...

Procès en appel de Vincent Dabilgou et autres : Rendez-vous le 26 août pour le verdict

Le procès en appel de l’affaire Vincent Dabilgou et autres a repris le mercredi 24 juillet 2024 devant la Cour d'appel de Ouagadougou. Il...
spot_img

Autres articles

JO Paris 2024: la confiance du capitaine Ibrahim Traoré aux 8 athlètes burkinabè

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 a lieu ce vendredi 26 juillet 2024.   Par Nicolas Bazié Tout est mis en œuvre pour marquer...

Burkina : La banque BCB ouvre une nouvelle agence à Nagrin (Ouagadougou) 

La Banque Commerciale du Burkina (BCB) a inauguré officiellement, ce vendredi 26 juillet 2024 dans le quartier Nagrin, dans l’arrondissement 7 de Ouagadougou, une...

Burkina: La Cour royale de Tiébélé inscrite sur la liste du patrimoine mondial

La Cour royale de Tiébélé, a été inscrite ce vendredi 26 juillet 2024 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.  Par Nicolas Bazié  C'est un...

Trimestrielles MoussoNews : des journalistes formés sur les techniques rédactionnelles

Le site burkinabè d’informations générales consacré aux femmes, MoussoNews, a organisé, le 25 juillet 2024 à Ouagadougou, un atelier de renforcement des capacités des...

Burkina : La mine de Bomboré a produit plus de 25 000 onces d’or au 2e trimestre 2024

La Société minière Orezone a annoncé, le 18 juillet 2024, les résultats de sa production d'or du deuxième trimestre 2024 à sa mine d'or...