Mademoiselle Rabi Sawadogo, 26 ans, est étudiante en allemand à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou (Burkina), s’est lancée dans l’entrepreneuriat en 2021. Elle vend des feuilles comestibles, des plantes ornementales, des arbustes fruitiers (rosiers, orangers, citronniers, …) et du gravier de granite pour orner les espaces de commerce comme les restaurants ainsi que les domiciles. Ces activités commerciales lui permettent de contribuer aux besoins de la famille et d’assurer ses dépenses universitaires. Ce 19 janvier 2023, Libreinfo.net est allé à la rencontre de cette jeune Burkinabè battante qui partage son temps entre les études et l’entreprenariat.
Par Valérie Traoré
Elles sont nombreuses, les femmes qui font le commerce en ligne sur les réseaux sociaux. La particularité de Mlle Rabi Sawadogo, c’est qu’en plus d’être étudiante, elle vend des feuilles comestibles (l’oseille, des feuilles de haricot et de « baranbourou »), des plantes et des arbres fruitiers, mais aussi du gravier à base de granite.
En deux ans, elle est devenue la « chouchou » des internautes ; sa photo circule sur les pages de plusieurs personnes, elle reçoit même des invitations pour des évènements de grande envergure où j’ai eu la chance de la rencontrer.
Des internautes ne cessent de solliciter ses services dans le but de l’encourager et surtout de satisfaire les besoins alimentaires de leurs familles. Rabi a réussi brillamment à se faire une place sur le réseau social Facebook.
C’est ce que pense son amie Mouniratou Kaoré : « Je la suis sur le réseau social Facebook depuis les premiers instants et cela remonte à l’année 2021-2022 ; je pense qu’elle a réussi à s’imposer sur les réseaux sociaux. »
« Aujourd’hui, quand on me parle de feuilles et de plantes, automatiquement, c’est son nom qui me vient à l’esprit. Pas parce que c’est une connaissance, mais parce qu’elle est très présente sur le digital et qu’elle mène des actions de communication de qualité. » raconte-t-elle.
Mlle Kaoré est admirative devant sa jeune amie étudiante : « C’est une jeune dame très déterminée qui aime ce qu’elle fait. Avec cet amour et cette détermination, je suis convaincue qu’elle arrivera à réaliser de grands exploits. Je lui souhaite un immense succès dans ses activités. »
En 2022, elle a été reconnue par Africa Mousso, une initiative privée qui magnifie les femmes battantes du secteur informel burkinabè comme « Jeune leader 2022 ». « Mme Nassa » est devenue le pseudonyme de Mlle Rabi Sawadogo depuis sa rencontre avec le célèbre homme d’affaires et Président fondateur de Coris Bank international, M. Idrissa Nassa.
Elle raconte s’être lancée dans le commerce grâce à sa mère :« Les feuilles comestibles, c’est ma mère qui en vend et moi, je l’aide dans la cueillette depuis toute petite. J’ai longtemps suivi des amis sur Facebook qui faisaient du commerce. Et après un temps de réflexion, l’idée m’est venue de rendre public ce que je fais de mon temps libre, et d’essayer, à mon tour, d’avoir des clients afin d’écouler les feuilles pour ma brave mère. Et c’est de là que l’idée de vendre en ligne a commencé. Maintenant, je n’utilise plus Facebook juste pour poster les photos et me divertir, mais je l’utilise aussi pour chercher de l’argent. »
Son commerce ce n’est pas uniquement limité à Ouagadougou, mais elle le fait également hors de la capitale : « Je fais les livraisons à Ouagadougou et Kaya ; j’ai déjà eu à expédier des feuilles séchées à une dame aux États-Unis. »
En plus de la vente des feuilles, Mlle Rabi Sawadogo a diversifié son commerce et vend d’autres produits, notamment les plantes et du gravier de granite. : « L’idée de la vente des plantes et du gravier de granite est née tout simplement de l’amour que j’ai pour la nature. J’étais tout le temps au jardin avec ma mère et je crois que c’est comme cela qu’est née cet amour pour le vert ; et j’ai essayé de me former auprès des jardiniers et me voilà aujourd’hui vendeuse de plantes. »
Elle fait du commerce en ligne, précisément sur Facebook, car, selon elle, c’est un canal très efficace pour toucher un grand monde. « Facebook est un vaste réseau de marché très enrichissant et si on l’utilise intelligemment, on peut se faire de l’argent. Et je ne regrette pas d’avoir choisi ce canal pour vendre mes plantes et mes feuilles. » dit-elle.
Ses cibles, ce sont les gérants de restaurants et les particuliers. À cet effet, elle affirme s’être fait beaucoup de clients. Parmi les clients de Mlle Rabi Sawadogo, Mme Mariam Sankara, restauratrice de mets locaux burkinabè et M. Zakaria Ouédraogo, vendeur de meubles d’intérieur et de décoration en face de la mairie de Boulmiougou, dans l’arrondissement n°8 de la ville de Ouagadougou.
Je suis entrée en contact, par téléphone, avec ses clients qui ont salué la bravoure de la jeune étudiante.
« En toute franchise, Mlle Rabi Sawadogo est exceptionnelle dans tout ce qu’elle fait comme activité » raconte M. Zakaria Ouédraogo, un de ses clients.
« Mais, ce qui retient mon attention, est qu’en plus de ses études, elle a le temps de promouvoir la culture et la vente des plantes de plusieurs variétés. J’ai eu à acheter deux variétés de plantes, un manguier et un mandarinier. J’ai acheté les plantes à 3000 F. CFA y compris la livraison. Je l’ai fait à plusieurs reprises. D’autres fois pour en faire cadeaux à mes proches. L’idée, pour moi, était de l’encourager » dit-il.
Il n’est pas le seul à bien apprécier le travail de Mlle Rabi Sawadogo, Mme Mariam Sankara, restauratrice à Ouagadougou dit avoir eu à commander des feuilles pour sa cuisine de mets burkinabè comme le «Babenda », le « Gonré », etc. Elle dit avoir l’habitude de solliciter les services de Mlle Sawadogo.
La jeune étudiante et commerçante me dit concilier plusieurs choses à la fois : « Le commerce n’a pas trop d’impact sur mes études. Afin de bien me concentrer à l’université, j’ai aménagé un programme pour pouvoir concilier études et commerce. Si j’ai des commandes en milieu de semaine, je fais appel à un livreur pour qu’il puisse gérer la commande pendant que je suis mes cours ».
Durant l’entretien, elle m’a expliqué comment elle procédait pour maintenir sa clientèle : « Mon secret ? Je fais tout pour éviter de décevoir un client. Pour convaincre un client, il faut juste être à son écoute, répondre à ses questions. Surtout lui montrer les avantages des produits, les bienfaits des produits sur la santé ; il faut vendre les produits tout en étant honnête. Cela le mettra en confiance et ce client vous reviendra à chaque fois que le besoin se fera sentir. Beaucoup viennent vers moi sur recommandation d’un ou d’une cliente satisfaite.»
Dans le mois, Mlle Sawadogo dit pouvoir convaincre cinq à dix clients. De ce fait, son chiffre d’affaires varie selon le nombre de clients au cours du mois. Elle dit pouvoir gagner de 20 000 à 30 000 F. CFA par mois. Ces recettes sont, en grande partie, injectées dans les fournitures, la formation et le perfectionnement ; et souvent, également, à l’achat de quelques provisions pour la famille.
Mlle Rabi Sawadogo déclare parvenir à subvenir à ses besoins avec le produit de la vente des plantes sur Facebook. Elle rêve, actuellement, d’obtenir un grand espace afin d’entreprendre la production des feuilles elle-même et de créer de l’emploi pour les jeunes frères et sœurs qui aimeraient embrasser le jardinage.
Comme dans tout métier, les difficultés ne manquent pas. Et la principale difficulté, selon Mlle Rabi Sawadogo, étudiante et commerçante à la fois, c’est d’obtenir des marchés de reboisement, d’aménagement et d’entretien. Et surtout de pouvoir se procurer une motopompe pour arroser ses plantes à feuilles comestibles.
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