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[Entretien covid-19]Les mesures de soutien social aux plus démunis sonnent en creux pour cause de ciblage lacunaire(Kalifara Sere)

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Quelques jours après l’annonce des mesures d’accompagnement par le Président du Faso,Roch Kabore,les analyses de ces mesures demeurent un sujet essentiel.La rédaction de Libreinfo.net s’est entretenu avec son chroniqueur Kalifara Sere sur la portée de ces mesures. Kalifara Sere est un administrateur civil,ancien Secrétaire général du ministère de l’administration territoriale. Il est aussi consultant.

Propos recueillis par Albert Nagreogo

Libreinfo.net : Vous revendiquez le statut de profane sur les questions d’épidémiologies. Cependant, comment le citoyen que vous êtes  apprécie-t-il-globalement les actions entreprises à ce jour pour contenir  la propagation du Covid-19?

Kalifara SERE : Le Covid-19 ne s’inscrit dans aucune des modalités ordinaires des épidémies infectieuses. Son irruption soudaine et pernicieuse, son statut de virus mondialisé ont passablement désorienté notre spécialiste et malmené un système de santé reconnu fragile.

Notre pays a adopté un confinement par paliers. Cette modalité est apparue assez insolite pour contrarier la charge disruptive que représentait l’apparition du virus dans notre pays. Elle incommode une certaine logique et une certaine égalité des citoyens.

Au plan de la logique, on peut opiner sur  le fait que le confinement est d’abord nocturne via le couvre-feu. Ce confinement impacte tous les citoyens d’un même espace circonscrit. Cependant, ce confinement est battu en brèche par un dé-confinement diurne. En effet, les citoyens peuvent vaquer à leurs occupations habituelles sous réserves de respects des mesures d’hygiène et de distanciation. Ainsi, les agents des entreprises, des services publics et para publics, etc…sont invités à prendre d’assaut des milieux généralement clos marqués généralement par de fortes concentrations humaines. Fait aggravant, les niches-refuges de prédilection du virus (surface d’acier, de carton et de latex telles que les cages d’ascenseurs, les rambardes d’escaliers, les longs corridors aux portes multiples ne font pas l’objet d’une désinfection  profonde et assidue. Les services d’Etat en particulier sont dans de grands immeubles décrépis dont la désinfection semble fastidieuse. On peut donc logiquement s’interroger sur la pertinence du confinement nocturne assorti d’un dé-confinement diurne.

Le coup porté à l’égalité et l’équité réside dans le fait que l’Etat a opté de cibler certains lieux de travail de certaines familles de métiers tout en maintenant globalement ouvert les lieux de travail. Peut-on objectivement donner des arguments qui attestent de façon crédible que les marchés et yaars recensés sont des lieux d’une plus grande promiscuité que d’autres espaces ? Il semble manifeste que l’émotion et les images d’Epinal (voire la stigmatisation) ont dominé sur une stratégie cohérente et rationnelle de gestion des actions de lutte contre la propagation géographique du virus.

Au total, sur ces aspects de pratiques de confinement, on peut déplorer que notre pays semble opter pour une stratégie paradoxale consistant à  déconstruire ce que l’on tente de construire.

En matière de confinement, je crois pouvoir affirmer sous le contrôle et l’autorité des spécialistes que l’objectif in fine est de parvenir à stimuler l’immunité de groupe au sein des communautés. Pour réaliser cet objectif, je pense qu’il n’y a pas d’esquive possible ; seul un confinement absolu permet à ce stade de faire croitre et fusionner les antis corps individuels dans un anti corps collectif susceptible d’annihiler jusqu’aux risques inhérents que représentent les porteurs asymptomatiques.

Vous noterez avec quelle foudroyante efficacité la Chine a réussi à inverser la courbe d’évolution du virus et à le rejeter chez les autres. Pour moi, soit nous tentons l’effort du confinement total, soit nous adoptons le principe de l’attentisme (ne rien faire et enregistrer les tendances d’évolution) qui aboutit lui aussi à l’immunité de groupe dans des délais plus longs.

Vous noterez que les mesures édictées par tous les pays du monde se ressemblent, à quelques variantes près comme des gouttes d’eau. Une telle uniformité conceptuelle et méthodologique n’est jamais apparue entre des pays dont les systèmes de santé sont aux antipodes. En vérité, le Covid-19 indexe l’humanité dans ses vulnérabilités au-delà des apparences des progrès fantastiques accomplis. Le Covid-19, au-delà de son étiologie, sonne un déclic morbide chez chaque être humain rappelant ainsi que l’animal humain, à l’instar des dinosaures de l’ère du jurassique, peut rompre sa chaîne de reproduction et disparaître.

Libreinfo.net : Que pensez-vous des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement burkinabé

Kalifara Sere: Je pense qu’elles ont le mérite d’exister. Dans l’échelle des mesures déroulées à la chaîne par presque  tous les Etats africains comme par mimétisme , je ne pense pas à évaluer notre plan d’accompagnement social, fiscal, économique sur un étalonnage africain,…mais plutôt d’apprécier froidement la validité des approches adoptées et leur chance d’impacts –effets à l’échelle réelle de notre pays dans l’environnement socio politique qui est le nôtre. Lorsque la question des mesures d’accompagnement a été posée au Ministre-Porte-parole, celui –ci a répondu avec beaucoup de spontanéité et de naïveté que « il y’ a une évaluation qui est faite secteur par secteur, qui est remontée au ministère du commerce (sic) et avec le ministère en charge des finances (re sic) ».

Le moins que l’on puisse dire est que ce dispositif préparatoire était loin d’être rassurant. En effet, les mesures d’accompagnement y compris les mesures d’atténuation socio-économiques du COVID-19 ne relèvent pas principalement de deux ministères fusent-ils du commerce et des finances et de l’économie. Ce faisant, l’on a restreint la vision et l’approche de la gestion économique et sociale de la pandémie. Au finish il nous a été donné d’entendre le Chef de l’État débiter un train de mesures aux pertinences contrastées embrassant ce que l’on croit être le champ des domaines impactés directement ou collatéralement par le virus. Le niveau de ce message a été extrêmement rabaissant pour la haute charge que représente le Président du Faso. Ce qui a été délivré est un recollement des mini stratégies sectorielles d’atténuation. Du reste de nombreuses politiques sectorielles semblent avoir manqué à l’appel. En considérant les propos du Président Roch Marc Christian Kabore lors de son premier discours le 20 mars 2020, j’attends raisonnablement que la copie soit entièrement revue et corrigée. Il ne s’agit pas d’édicter et de faire lire par le président des mesures émanant des différents ministères (c’est le monde à l’envers) mais plutôt de délivrer des orientations stratégiques et des lignes de force managériales de la conduite de la crise et sa gestion intégrée. Bien entendu, il convient de former autour du Chef de l’Etat un brain trust (comité d’experts de haut niveau) constitué d’économistes dont des conjoncturistes, de financiers (spécialistes macro finances, macro budget, programmes budgétaires…), de sociologues, de planificateurs-aménagistes-urbanistes…etc. C’est ce brain trust qui aura mission de cerner la totale complexité des facteurs et vecteurs politiques, économiques et sociales engendrés par la pandémie d’entrer en harmonie conceptuelle avec le président dans un exercice extrêmement délicat de formulation d’horizons et d’axes d’intervention. Cette formulation tiendra compte à priori d’au moins trois déterminants :

la permanence de l’Etat, de la République et des institutions et processus qui en découlent : A ce niveau le Président se doit, après avoir, dans son premier message du 20 mars annoncé la suspension des recensements électoraux et des délivrances de documents  électoraux de soumettre à l’ensemble de la Nation l’idée d’un nouveau projet de chronogramme. Dans le même tempo, il devra instaurer un cadre politique de monitoring de l’après Covid-19. Par ailleurs, sauf à être masochiste,il appartient au Président KABORE de mettre un terme au puéril et inutile bras de fer avec les syndicats sur la réforme de l’IUTS (puisqu’en tout état de cause le gouvernement burkinabé n’a, depuis 2016, jamais gagné un conflit contre les syndicats de la magistrature et de l’économie et des finances).

l’atténuation des dommages économiques et la relance économique

Dans un pays comme le nôtre, le système économique est vulnérable en soi et est composé d’agents eux-mêmes vulnérables et en interactions instables et fortement influencés par l’environnement et l’état de santé de l’Etat central. A l’instar de l’état d’urgence pour la défense du territoire national et de l’état d’urgence sanitaire, le Président du Faso doit émettre les orientations d’un état d’urgence économique. Cet état d’urgence sera matérialisé par des mesures fortes et structurantes de l’économie nationale en phase avec les grands enjeux nationaux révélés par la crise du Covid-19 mais aussi et surtout par les trajectoires gagnantes des économies dont nous pouvons nous inspirer. Enfin, dans l’optique d’être à mesure de recevoir d’éventuelles aides massives de la communauté internationale, des orientations prioritaires de développement sanitaire (acquisition de matériels médicaux et hospitaliers, réalisation d’infrastructures lourdes  de santé, développement structurel de la recherche médicale et bio médicale etc…). Seul le chef de l’Etat peut décliner en urgences économiques des mesures-barrières contre les investissements sous forme d’éléphants blancs ou somptuaires au détriment de l’essentiel. Il vous souviendra qu’au Burkina Faso, dans le cadre de la lutte contre le VIH sida, l’Etat burkinabé n’avait pas trouvé mieux que d’ériger un siège pour le CNLS. Ce siège qui a toutes les apparences du siège d’une multinationale florissante, avait écœuré et détourné les bailleurs de fonds de notre pays. Il en est de même de l’utilisation scandaleuse faite par les ressources ristournées à notre pays dans le cadre du programme PPTE. Nous avons donc de très mauvais antécédents dont la réplication qui doit être solennellement proscrite par le chef de l’Etat.

Au niveau du financement endogène des programmes d’urgence économique, les options ne peuvent être proclamées que par le seul chef de l’Etat. Il s’agit entre autre des options de canaliser certaines ressources. Les fonds d’Etat ou assimilés devraient être scrutés avec attention par le chef de l’Etat en vue de décisions précises et pertinentes. A titre d’exemple, on peut imaginer que la Caisse de Dépôt et Consignation ne peut plus prospérer dans un environnement dans lequel toutes ses sources d’abondement seront ré orientées vers l’urgence économique :dotation initiale de 20 milliards, ressources de placements de LA POSTE Burkina, de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et de la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO), dépôts de garantie constitués par les usagers auprès de grands concessionnaires de service public (ONEA, SONABEL, etc).

Évidemment un arbitrage judicieux sur le nouveau paysage institutionnel des Fonds ne peut en l’occurrence, être diligenté que par le seul chef de l’Etat

l’atténuation des dommages sociaux  et l’opérationnalisation d’un schéma de mise en œuvre de la cohésion sociale

Les enjeux que révèle cette pandémie portent sur l’obsolescence quasi générale de tout notre dispositif assistanciel et nos schémas de redistribution. Les mesures de soutien social aux plus démunis sonnent en creux pour cause de ciblage lacunaire.

Ainsi la notion de «prestations sociales » est quasi inexistante dans la structure des revenus du plus grand nombre de burkinabé au niveau rural, péri urbain et urbain. Les mesures préconisées ne semblent pas tenir compte de cette réalité fondamentale.  Pour corriger le tir je pense que le Président du Faso devrait envisager un remodelage total de la législation du travail ante covid-19 afin d’instaurer un nouvel ordre législatif  du travail. Cette législation plus inclusive devrait intégrer notamment un système d’allocation chômage ou un système  d’indemnisation partielle du chômage pour choc exogène.

Un autre outil stratégique pourrait résider dans une reformulation de programmes de filets de protection sociale pour les débarrasser des causes d’échecs constatés dans les programmes menés au Burkina à ce jour. L’objectif des  filets de protection sociale est de protéger les ménages les plus vulnérables, des conséquences de chocs économiques provoqués par des catastrophes tels que le Covid-19. L’Etat devrait veiller scrupuleusement à ce que par un bon ciblage intégrant toutes les catégories fragiles, les bénéficiaires puissent partiellement reconstituer leurs actifs (ce qui n’apparait nullement dans les stratégies proclamées.).

Enfin notre pays étant un Etat décentralisé (dans le principe constitutionnel tout au moins), il serait indécent que les Collectivités territoriales soient confinées au rôle de manutentionnaires de vivres à destination des populations vulnérables. A l’occasion de ce choc viral, une extension exceptionnelle des compétences des régions et des communes en matière de protection sociale et d’allocations réparatrices pourrait échoir aux régions et communes.

Libreinfo.net : Vous fustigez un virus encore plus pernicieux et plus létal que le Covid-19. Qu’en est- il exactement ?

Kalifara Sere : Sans ambages je vous réponds qu’il s’agit du virus de la déshérence administrative. Cette déshérence administrative a pour résultat perceptible un désarmement législatif, réglementaire et de superposition de crises. L’absence de débats techniques et scientifiques est peut-être plus préjudiciable à notre pays que l’impétuosité du Covid-19. Pour bien illustrer la situation, il convient de commencer par le jeu des acteurs institutionnels.

L’abandon du champ parlementaire

Au Burkina Faso, l’éclosion du virus s’est produite en pleine session des lois ; la Représentation nationale a jugé bon de suspendre toute activité sans préalablement affecter au gouvernement des moyens d’actions constitutionnels. Le cas est certainement unique au monde, d’un parlement qui se replie sans offrir par une loi d’habilitation les ressources juridiques et organisationnelles de renforcer le cadre de la riposte au virus. D’une part, alors même que la situation l’exigeait, le Gouvernement n’a pas sollicité, pour l’exécution de son programme multidimensionnel de riposte, le  Parlement afin de recevoir l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Le Parlement n’a pas non plus œuvré à susciter cette requête et a simplement suspendu sa session.

Cette situation a engendré une véritable déshérence macro institutionnelle que rien (pas même la disparition d’une vice-présidente de l’Assemblée (paix à son âme) ne saurait justifier. En effet, il est indéniable que le choc viral a fragilisé l’Etat vis-à-vis de ses moyens habituels d’action (budget-objet, budget programme) et nécessité d’urgence une programmation financière de la stratégie sanitaire.

Les confusions entretenues sur l’Etat d’urgence

Depuis le 26 mars 2020, le gouvernement a, conformément aux dispositions de l’article 66 de la loi N°23/94/ADP portant code de santé publique, déclaré l’état d’alerte sanitaire. Pour affiner la compréhension commune, il importe de rappeler que le concept d’alerte sanitaire maintenue dans notre code de santé publique sus citée est une exacte réplique du code français de 1990. Depuis lors, les français ont remodelé en profondeur, par six (6) fois leur code (la dernière révision date de 2019 tandis que le Burkina Faso, par une inexplicable paresse législative a conservé une loi devenue désuète notamment en ce qui concerne « l’alerte sanitaire » qui n’est qu’un un signal indiquant l’existence d’une menace pour la santé des populations afin de susciter une réaction coordonnée et une démarche de précaution. Le Burkina a puisé dans son arsenal législatif une disposition anachronique alors même que dans le discours officiel et dans les textes, le pays était passé au concept « d’urgence sanitaire » (cf instauration du couvre-feu).

Etat d’urgence général et état d’urgence ad ’hoc

Le virus est survenu au Burkina Faso alors même qu’une bonne partie du territoire national, est du fait de la guerre, sous état d’urgence. Il est d’évidence que cet état d’urgence n’avait pas la portance nécessaire  à encadrer la gestion de crise du Covid-19 pour deux raisons essentielles :

primo, n’étant pas de portée générale sur tout le territoire, il était insuffisant dans le cadre des mesures sanitaires de crise ;

secundo, l’urgence sanitaire indexe des acteurs différents sur une tonalité différente sur la base d’une plateforme différente de police administrative générale et  spéciale.

De mon humble avis, il eut été convenable, dans un premier temps, d’étendre l’état d’urgence  général à tout le territoire national afin d’uniformiser les règles d’engagement des forces de défense et de sécurité au service de l’urgence sanitaire et, dans un second temps soumettre à avis du Conseil constitutionnel un projet d’état d’urgence sanitaire (état d’urgence dérivé).

En tout état de cause cette question interpelle les facultés et praticiens du droit ainsi que tout citoyen soucieux du développement institutionnel du pays.

Le mauvais usage des pouvoirs réglementaires

Le Covid-19 a véritablement révélé au grand jour le niveau exécrable de pratique du domaine réglementaire au Burkina Faso. Cela est d’autant plus paradoxal que ce pays compte de nombreux spécialistes en légistique (comprise dans son acception générale comme l’ensemble des méthodes et conventions de rédaction des textes normatifs) et rédaction administrative. Des entités telles que le Secrétariat général du gouvernement, la cellule des assistants parlementaires, le Ministère en charge de l’Administration du territoire et bien d’autres, regorgent de brillants praticiens et/ou théoriciens en la matière.

De fait, que ce soit au niveau du pouvoir réglementaire autonome, que ce soit au niveau du pouvoir réglementaire délégué ou enfin du pouvoir réglementaire local, l’avènement du Covid-19 a mis sous les projecteurs des actes comportant des infirmités et malformations graves de fond comme de forme. Si certains observateurs se consolent en alléguant du fait que c’est un état de dégradation de longue date, il n’en demeure pas moins que les actes réglementaires épouvantables en rajoutent au stress du virus. Le Chef de l’Etat est particulièrement interpellé en tant que garant de l’intégrité des administrations civiles de l’Etat et aussi en tant que  victime de haut niveau des légèretés conceptuelles inacceptables ; (cf entre autre décret instituant un couvre-feu dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, loi portant recrutement des volontaires pour la défense de la patrie etc…).

Libreinfo.net: Les observations que vous faites notamment sur le cadre juridico organisationnel ne pourraient-elles pas, pour diverses raisons, indisposer le pouvoir politique?

Kalifara Sere : J’exerce sans retenue mon droit d’émettre des avis étayés sur des questions vitales de la Nation. Je ne suis pas un utopiste ; comme beaucoup d’autres personnes sur des registres divers, j’alerte sur l’urgence à modifier les modèles de gestion de l’État. Dans un choc sanitaire d’une telle brutalité, il convient de rassurer tous les burkinabé en garantissant le partage de l’information et la participation à la formulation de process techniques de tous les médecins burkinabé et singulièrement de tous les spécialistes sans aucune forme de sectarisme. Même nos ressortissants spécialistes ayant fait option de résider hors du pays devraient être mis à contribution.

Je sais que le Covid-19 agace une certaine catégorie de gens dont le métier  consiste, depuis trente ans à s’agiter par intervalles réguliers de cinq ans pour animer des « campagnes électorales » avec des ressources méthodiquement captées dans les entrailles de l’État au détriment du développement national. Ceux-ci ont planifié leur plan de mobilisation des grands électeurs, des moyens électeurs et des électeurs consorts. J’avais déjà prévenu, sur la base d’observations ardues,  qu’aucun agenda électoral ne se déroulerait comme prévu même sans irruption virale.

La seconde contrariété pour le pouvoir politique réside incontestablement dans l’élargissement du front de guerre. Depuis trois mois, les groupes jihado terroristes ont quasiment réussi à décrire autour de notre territoire, un arc en fer à cheval dont les deux extrémités se prolongent jusque dans la forêt de Folonzo au sud-ouest et dans les massifs du Gobnangou au sud est. Les ravitaillements en vivres et en armements opérés sur le dos des forces armées et des populations n’augurent rien de rassurant pour les mois à venir. Les territoires de la zone du gué de Baguèra et de la cordillère du Gobnangou devront être surveillés par tous les moyens de renseignements humains et techniques et les dispositifs foireux actuels totalement révisés.

Il convient de faire contre mauvaise fortune, bon cœur ; il est plus que jamais temps de retirer l’appareil de l’Etat d’entre les mains de disc jokeys qui n’ont ni ambition de perfectionnement professionnel, ni éthique de gestion du service public.

Libreinfo.net : Avez-vous un modèle de gestion préférentiel du Covid-19 ?

Kalifara Sere:Je vous ai déjà dit que le Covid-19 est venu niveler par le bas le profil qualitatif et quantitatif des systèmes de santé à travers le monde. La France qui dispose du système de santé public le plus institutionnellement raffiné (avec des comités de démocratie sanitaire aux échelons territoriaux) et les Etats Unis qui disposent des plateaux techniques les plus sophistiqués dans un environnement hyper privatisé  n’ont pas résisté aux vagues du virus. A contrario, la Chine et Cuba ont offert au monde une redoutable efficacité. L’on serait tenté d’alléguer que le centralisme démocratique est une valeur ajoutée dans la survenue de telles catastrophes. En effet, prenant le cas spécifique de la Chine, en trois semaines, le Secrétaire général du PCC (parti communiste chinois) a usé d’un large spectre de prérogatives allant de l’état d’urgence, à l’état de nécessité en passant par l’état de siège. Aucune démocratie non communiste ne dispose d’une telle artillerie constitutionnelle assortie de marges illimitées de manipulations des organes officiels.Cependant, il serait inexact de considérer que les « démocraties libérales » sont démunies en matière de moyens d’urgence et d’exception.Le centralisme démocratique(ou bureaucratique) peut être largement compensé par un management stratégique d’intense qualité.

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