Après 13 ans de crise ayant entraîné la vacance du trône, Falagountou, une commune de la province du Séno, dans la région du Sahel burkinabè a eu son nouveau Chef de canton. Il s’appelle El Hadj Boureima Issa Maïga et a été intronisé le 14 juin 2023. Dans cet entretien, il explique comment ils sont arrivés à un consensus et il donne aussi sa lecture de la situation sécuritaire.
Propos recueillis par Daouda Kiekieta
Libreinfo.net : Vous avez été intronisé le 14 juin 2023 à Falagountou comme nouveau chef de canton après 13 ans de vacances du trône ; comment avez-vous vécu ces moments ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : Je vous remercie. je suis Ladji Boureima Issa, chef de canton de Falagountou. Effectivement, depuis dix à douze ans, nous avons eu des tractations après la mort de Moussa Oumarou, l’ancien Chef de canton de Falagountou. Il y a eu, pour sa succession, deux prétendants Djigbeye Daoudou qu’on appelle Ladji Mousso et moi, Boureima Issa.
Donc, on a résisté pendant 12 ans et là, des Cognons (les descendants des princesses) se sont réunis à Falagountou pour venir nous voir ici à Ouagadougou. Ils nous ont dit qu’ils veulent nous réconcilier. Ils nous ont rencontrés séparément, l’un après l’autre.
C’est là que Djibeye Daoudou Maïga dit Ladji Mousso a dit que pour la cohésion sociale, il va me laisser la chefferie et les Cognons (descendants des princesses) sont repartis. Ils m’ont dit que le jour où je suis prêt, de venir à Falagountou, ils vont m’introniser. Et c’est ainsi que le 13 juin 2023, je suis allé à Falagountou. L’intronisation a eu lieu le lendemain, le 14 juin. Cela n’a jamais été un problème pour la population. Depuis que je suis revenu à Ouagadougou, il n’y a pas eu de problème.
Libreinfo.net : Comment les populations sont-elles parvenues à mettre fin à cette longue crise ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : La communauté de Falagountou a pu mettre fin à ce conflit parce que les Cognons sont venus à Ouagadougou nous réconcilier : ils nous ont dit de laisser tomber tout ce qui s’est passé. Vu aussi la situation sécuritaire qui persiste dans notre village, si on ne s’entend pas, quel sera l’avenir de notre village ? Dès qu’ils sont arrivés, ils se sont compris et c’est à partir de là qu’on a pu résoudre ce conflit entre nous.
Libreinfo.net : Comment voyez-vous l’évolution de la lutte contre le terrorisme à ce jour avec les FDS (Forces de défense et de sécurité) et les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : Le recrutement massif des VDP et des militaires à d’abord été une bonne chose. Je remercie le Gouvernement d’avoir mis l’accent sur cela. N’eut été la présence des VDP et des militaires, on n’allait plus parler de certaines localités comme Falagountou. Nous espérons que la paix va revenir bientôt afin que nous puissions retourner dans nos familles.
Libreinfo.net : Il y en a qui pensent que la crise est communautaire ; Ya-t-il des mécanismes locaux, à votre avis, pour faire face à la crise ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : A Falagountou, tout le monde vit en parfaite harmonie. Il y a des Mossi, les Peuls. Tout le monde vit ensemble. A Falagountou, il n’y a pas de problème de cohésion sociale. Grâce à la présence des FDS et VDP, il y a la paix. Mon souhait, c’est de retourner auprès de ma famille, à Falagountou.
A notre niveau, c’est la sensibilisation qui a été mise en place ; c’est-à-dire travailler à faire comprendre à ceux qui ont pris les armes que ce qu’ils font n’est pas bien. C’est vrai que nous avons entendu des gens parler de crise communautaire entre telle ethnie et telle autre ethnie. Chez nous, à Falagountou, on n’a pas eu ces cas.
Nous avons mis beaucoup de mécanismes de sensibilisation de sorte que toute ethnie qui est impliquée dans ce phénomène de terrorisme, qu’elle vienne s’asseoir, on va se parler. A Falagountou, on est tous de la même famille.
Libreinfo.net : Votre canton, comme beaucoup d’autres localités, est confronté à la crise sécuritaire ; quelle va être votre contribution particulière à la résolution de ce conflit ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : Nous allons encore miser sur la sensibilisation à travers les messages de cohésion sociale pour que tout le monde puisse vivre ensemble, afin que chacun puisse repartir chez lui et que les cultivateurs, les orpailleurs, les éleveurs puissent aller faire leur travail. Aujourd’hui, nous constatons que tout le Burkina est dans l’insécurité ; nous voulons que la paix revienne afin que nous rentrions auprès de notre famille.
Libreinfo.net : Quel est votre message, aujourd’hui, à l’endroit de ceux qui ont pris les armes ?
El Hadj Boureima Issa Maïga : L’appel que j’ai d’abord, à l’endroit de toute la population de Falagountou, c’est l’union sacrée. Être solidaire avec le Gouvernement qui travaille jour et nuit pour ramener la sécurité afin que nous puissions continuer à cultiver, à pratiquer notre élevage.
Aux jeunes, qui ont pris les armes contre leurs localités, je les appelle à revenir à la maison. Nous sommes tous des frères et des sœurs. Que tu sois Mossi, Gourounsi, Sonraï, Peul, nous faisons partie de la même famille.