Le mercredi 14 Juin 2023 s’est déroulée, dans la cour royale de Falagountou, la cérémonie d’intronisation du chef de canton. Une cérémonie qui a connu la mobilisation de tous les fils et filles de ce maillon fort de l’empire Songhoye, marquant ainsi la fin d’une longue vacance au trône.
Treize (13) ans se sont écoulés. Un consensus s’est enfin dégagé. Tous les fils et filles ont parlé le même langage. Ils sont décidés de rompre une longue vacance du pouvoir et de donner une « tête » à leur canton. C’est une page qui se tourne donc.
Il s’appelle El Hadj Boureima Issa MAIGA. Il est le plus âgé des princes héritiers de la couronne de Falagountou. C’est sur ses épaules que repose désormais la conduite de la destinée de Falagountou. Il en a les capacités. Il a la sagesse nécessaire. Le turban blanc lui a été enroulé autour de la tête, et il va symboliser selon lui, l’unité, la cohésion, et la solidarité.
Ils sont heureux, les songhoye. Elles ont esquissé des pas de danse (c’est rare), les princesses. « Nous sommes libérés aujourd’hui », s’est exclamé un notable en souhaitant longue vie et long règne « à sa majesté ».
Les jours à venir seront décisifs. Falagountou, au plan de l’administration moderne, est une commune rurale de plus de 41.000 âmes.
C’est la 4ème ville la plus peuplée du Sahel selon le dernier recensement de la population. Dans cet extrême sahel où elle est logée, elle partage ses frontières avec Dori, Markoye, Seytenga, Gorom-gorom et le Niger.
Nulle autre photographie pour indiquer que dans le contexte actuel, l’insécurité demeure la principale préoccupation des habitants de cette localité.
Cela faisait plusieurs années que Falagountou n’avait pas connu pareil engouement et pareille cérémonie. La cour royale a été le principal point d’affluence le mercredi 14 juin 2023, des fils et filles de cette localité située dans la province du Seno, à quelques 50km de Dori et à cheval entre le Burkina et le Niger.
Ce canton, maillon fort de l’empire Songhoye qui s’étend du Mali jusqu’aux rives du fleuve Niger en passant par le sahel burkinabè, était « sans tête » depuis avril 2010.
Et cela, suite à la disparition de l’illustre chef, El Hadj Moussa Oumarou Maïga, qui aura dirigé des mains de fer et de sagesse pendant deux décennies, cette principauté encrée dans les cultures principalement Songhoye mais qui vit en parfaite symbiose avec d’autres communautés.
Il en est conscient et il la vit, le nouveau chef. Il sait qu’il doit gouverner et protéger un territoire et des populations menacés régulièrement. Mais l’adversité, ses aïeux y ont déjà fait face. Ils l’ont vaincue. Et il s’inscrit dans la logique de ses aïeux . Le contexte, les armes, les moyens, les acteurs sont certes différents, mais une guerre reste une guerre.