Le Burkina Faso a décidé de dérouler le tapis rouge au Mali pour le FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) 2023. La 28e édition de cette grande fête du Cinéma africain commence le 25 février pour finir le 4 mars 2023. Le Mali est un pays de tradition cinématographique, plusieurs fois lauréat du prestigieux trophée, l’Etalon d’Or de Yennenga. Cette année, les autorités politiques du pays annoncent une grande participation. Découvrons!
Par Nicolas Bazié
Le Mali est un pays de culture et de cinéma. Pour le FESPACO 2023, il participe avec 10 films. Ce qui est une première dans l’histoire du cinéma du pays.
Les œuvres en compétition sont réparties dans les catégories : court métrage, documentaire, série télé, film d’école, film d’animation.
Le Mali a 7 films en compétition officielle dans 4 catégories. Dans la sélection série, on a le film « Fanga » de Fousseyni Maiga, qui est également le Directeur du Centre national de la Cinématographie du Mali.
Pour la série Fespaco Short 2, il y a « Les Cavaliers de Tonka » de Mohamed Dayfour Diawara.
Concernant la sélection Panorama, « Xaraasi Xanne » (Les Voix Croisées), un documentaire de Bouba Touré. Dans la catégorie animation, 4 films sont en lice : « Fadi le village de transformers » de Cheick Ouattara, « L’affront » de Negueba Traoré, « On the surface / En surface » de Fan Sissoko et « Paya et Koulou » de Dramane Minta.
Les 3 autres productions du Mali sont retenues pour la compétition dans les prix spéciaux.
Cette forte participation du pays invité d’honneur marque ainsi le «retour de son cinéma sur le plan international».
Le seul pays à avoir remporté 3 fois l’Étalon d’Or de Yennenga au FESPACO
Pays de tradition cinématographique avec plusieurs trophées remportés, le Mali est le seul pays à avoir trois Étalons d’Or de Yennenga (le prix le plus prestigieux du FESPACO), notamment avec « Baara » (1979) et « Finyè » (1983) de Souleymane Cissé ainsi que « Guimba, un tyran, une époque (Nidiougou Guimba) » (1995) de Cheick Oumar Sissoko. C’est d’ailleurs ce troisième cinéaste qui a clos les victoires maliennes à la biennale du 7e art de Ouagadougou.
Le Mali a également récolté assez de distinctions dans des festivals prestigieux comme Cannes et Carthage.
Ce qui en dit long, certainement, sur le talent de ses cinéastes et comédiens comme Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko, etc. Les réalisateurs de ce pays voisin dominent, après le Maroc, le palmarès du FESPACO.
On peut ainsi dire, sans hésitation aucune, que le cinéma malien a beaucoup progressé au niveau de la technique, de l’écriture et de l’engagement. Il est passé de la quête d’une identité culturelle, à l’affirmation d’un enracinement à même de le mettre à l’abri de l’acculturation.
De plus, les œuvres des jeunes réalisateurs comme Mambaye Coulibaly, Kadiatou Konaré, Moussa Ouane, Boubacar Sidibé et Salif Traoré se caractérisent comme des productions reflétant des aspirations de la société malienne.
Pour mieux porter haut le cinéma malien, sont nées, en 2003, les Rencontres Cinématographiques de Bamako (RCB).
C’est un rendez-vous original inscrit dans la vie culturelle malienne, très attendu du public et des cinéastes africains.
L’événement a été initié par l’Union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (UCECAO) et la Société des Auteurs Réalisateurs Producteurs Français (A-R-P).
Historique du cinéma malien
Le cinéma malien est né pendant l’indépendance du pays en 1960. Et depuis, il semble être le miroir de la société et analyse, voire dénonce, les différents régimes politiques à l’instar du film « Toiles d’araignée » d’Ibrahima Ly qui revient sur la dictature militaire des années 1970.
Les Maliens vont faire du 7ème art, un contre-pouvoir qui leur permet d’affirmer leur indépendance et de marquer leur volonté de changement politique avec le refus des régimes autoritaires, de changements sociaux avec la revendication du droit des femmes et de changement économique avec la vive critique du Fond Monétaire International.
Origine du FESPACO
C’est en 1969 qu’un groupe de cinéphiles (François Bassolet, Claude Prieux, Louis Thiombiano et Alimata Salambéré ndlr) a décidé de lancer un événement culturel cinématographique dénommée « La Semaine du cinéma africain ».
Cette manifestation devient en 1972, le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Il est, de nos jours, le plus grand Festival de cinéma d’Afrique et l’un des rares festivals de cinéma d’État existant dans le monde.
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