La maison « Les Productions Phares» a projeté le 1er juin 2023, à Ouagadougou, deux films documentaires qui mettent en lumière la pratique de l’agro-écologie par deux personnages burkinabè. Cela entre dans le cadre du projet « 8 billion » qui prend en compte l’environnement, le changement climatique.
Par Nicolas Bazié
Les deux films ont chacun une durée de 13 minutes. Ils mettent l’accent sur les enjeux du changement climatique, de la production alimentaire , de la consommation de ce que l’on produit.
La ferme de Solo, le mécanicien garagiste
Le premier film, réalisé à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, plus précisément dans le village de Dafinso raconte l’histoire de Solo. C’est un mécanicien garagiste. Il a un centre où il forme des jeunes en mécanique.
À un moment donné, dans ce centre, les pensionnaires vont être confrontés à des difficultés d’alimentation.
C’est ainsi que Solo a eu l’ingénieuse idée de transformer une partie de son centre en ferme. Il y cultive des tomates, des laitues, à l’aide de la biopesticide, comme le fumier organique.
Solo refuse de faire la culture conventionnelle avec l’utilisation des pesticides que lui-même appelle « poison». Il a opté pour l’Agro-écologie, une technique qui consiste à produire des aliments sains en préservant la nature.
Avec cette pratique, solo arrive à « nourrir les jeunes qui se forment dans son centre ainsi que les villageois». Pour arroser ses légumes, le mécanicien garagiste utilise l’eau de la pisciculture qui est riche en nutriments pour le sol.
La ferme de Blandine Sankara
Le deuxième film fait un zoom sur l’association Yelemani. Elle est créée et dirigée par Blandine Sankara, la sœur de l’ancien président Thomas Sankara.
Depuis 2008, cette association fait de la pratique de l’agroécologie, une politique bien assumée, à Loumbila, localité située à la sortie Nord de Ouagadougou. L’association arrive à produire des légumes et en quantité suffisante pour satisfaire ses clients.
Le film montre surtout comment l’association initie les enfants à cette pratique avec des formations sur la fabrication de la biopesticide, la plantation des légumes, etc.
L’Agro-écologie est une pratique « pénible qui nécessite beaucoup de patience» explique Blandine Sankara de l’association Yelemani. Elle reconnaît qu’il y a assez de difficultés mais préfère les produits bio.
Blandine Sankara et Solo ont montré à travers les films que la pratique de l’Agro-écologie est une question de décision, que cela est possible et que lentement mais sûrement l’on peut y arriver.
Les appréciations après la projections des films documentaires
Gladys Bouda trouve que le thème abordé dans les deux films est d’actualité et qu’il faut plus en parler, c’est-à-dire, faire de ces films, un outil de sensibilisation pour que les gens « se penchent sérieusement sur la culture des produits bio».
« Si tous les Burkinabè prennent conscience de la dangerosité des pesticides, nous pourrons, à travers l’agro-écologie, atteindre l’auto-suffisance alimentaire et ce, de façon saine» a dit Yannick Ouédraogo.
Certaines stagiaires de la maison « Les Production Phares» disent prendre conscience de l’importance de la culture des légumes de façon naturelle. C’est notamment le cas de Mariam Sagnon qui a participé au tournage des films. « Nous avons pris conscience des enjeux du changement climatique. Nous avons aussi bénéficié de formation avant d’aller sur le terrain du tournage ».
Djamilatou Ouédraogo est aussi stagiaire. Pour elle, le tournage des deux films l’a permis de mieux cerner l’importance de la consommation des produits bio.
« Je n’avais pas de notion sur la culture bio, mais, maintenant, avec ce que j’ai vu, je crois qu’il faut nécessairement la pratiquer car c’est elle qui nous permettra d’être en bonne santé» déclare-t-elle.
Pourquoi ces films documentaires ?
Le projet « 8 billion» s’intéresse beaucoup à la problématique de l’environnement et du changement climatique, indique Annick Kandolo de la maison « Les Productions Phares». D’où l’idée de la réalisation de ces deux films sur l’agro-écologie, moins pratiquée au Burkina Faso.
L’idée, poursuit-elle, c’est de montrer que chacun à son niveau peut faire quelque chose, faire bouger les lignes et changer les mentalités des gens sur la culture de la terre avec l’utilisation des pesticides. « Ce projet soutenu par l’ONG Resilient Foundation nous tenait à cœur » conclut Mme Kandolo.
À noter que la maison « Les Productions Phares » est spécialisée dans la production cinématographique et journalistique.