Le Ghana fait face à une crise économique sans précédent due à l’augmentation de sa dette extérieure et à l’inflation galopante. Cela fait que le pays est surendetté. Le 18 janvier 2023, le pays n’a pas pu, une fois de plus, honorer une échéance de paiement d’un montant équivalent à plus de 23 milliards de F CFA (environ 515 millions de Cedi) auprès de l’agence S&P Ratings.
Par Daouda Kiekieta
L’économie ghanéenne est actuellement confrontée a de graves difficultés. Après avoir annoncé une batterie de mesures pour contrer la chute de sa monnaie, le Cedi, et limiter l’inflation galopante, les autorités du pays ne sont pas parvenues a redresser une économie qui continue de sombrer.
Le Ghana, surendetté, vient d’entrer dans la liste des pays en défaut de paiement, liste dressée par l’agence de notation mondiale financière S&P Ratings (Grande Bretagne).
Cela fait suite à un défaut de paiement de coupons du Ghana sur sa dette commerciale en devises qui s’élève à plus de 23 milliards de F. CFA, soit environ 515 millions de Cedi à la date du 18 janvier 2023.
Du coup, le pays tombe dans la catégorie «D», la dernière de l’échelle de notation financière. Cette nouvelle indésirable intervient après que l’agence de notation financière Moody’s ait annoncé, le 30 novembre 2022, avoir rétrogradé le pays. Cette situation décourage les investisseurs du Ghana.
Accra doit trouver rapidement un accord de restructuration de sa dette avec ses créanciers, une condition pour accéder à un décaissement de plus de 1700 milliards de F. CFA (environ 38 milliards de Cédi) du Fonds monétaire international (FMI), dont le pays a tant besoin.
Une situation qui était pourtant prévisible
Dans son dernier rapport publié en début octobre 2022, « Africa Pulse » (une publication semestrielle de la Banque mondiale), l’institution de Bretton Woods avait tiré la sonnette d’alarme concernant la situation d’endettement du Ghana.
Elle révélait, en effet, que le deuxième producteur mondial de cacao risquait d’avoir une dette insoutenable d’ici la fin de l’année 2022, ce qui le classerait parmi les pays les plus surendettés de l’Afrique.
Dans ce contexte économique difficile, le paiement des intérêts sur la dette du Ghana représente annuellement plus de 70% des recettes publiques selon le média ivoirien « Sika Finance ». A cela s’ajoute la chute drastique de la monnaie ghanéenne, le Cedi.
Le Ghana surendetté, l’inexorable descente aux enfers ?
En novembre 2022, le pays avait décidé d’utiliser l’or dans ses échanges commerciaux, notamment, l’achat des hydrocarbures, à partir de début 2023. Cette stratégie, annoncée en novembre 2022, vise à pallier l’effondrement de la devise nationale, le cedi, depuis le début de l’année, et la diminution de ses réserves de change.
« L’échange d’or contre du pétrole constitue un changement structurel majeur» avait souligné le vice-président ghanéen, Mahamudu Bawumia.
Selon lui, cela «va fondamentalement modifier notre balance des paiements et réduire de façon significative la dépréciation persistante de notre devise.»
Le Ghana est un producteur de pétrole brut, mais il importe la totalité de sa consommation depuis la fermeture de sa raffinerie, en 2017, suite à une explosion.
Le gouvernement prévoit même de financer la totalité de ses achats de pétrole raffiné en or d’ici à septembre 2023.
Le calvaire des populations dans cette crise économique
Dans la foulée, le gouvernement avait présenté un certain nombre de mesures, notamment une augmentation de 2,5 points de pourcentage de la taxe sur la valeur ajoutée, qui passe à 15 %, un gel des nouvelles exonérations fiscales pour les entreprises étrangères et une révision des exonérations fiscales pour les entreprises des zones franches, des mines, du pétrole et du gaz.
Depuis le début de l’année 2022, le Cedi avait perdu plus de 54% de sa valeur par rapport au dollar américain et l’inflation des prix à la consommation avait atteint un pic à 54,1% en décembre 2022, avait annoncé le patron du Service Statistique du Ghana (GSS), M. Samuel Kobina Annim.
Pour faire face à cette situation difficile, le pays avait décidé, le 19 décembre 2023, de suspendre les paiements du service de la dette extérieure.
Cette mesure concernait une grande partie de la dette en devises dont les euro-obligations, les prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales du pays. Étaient exclus de cette suspension le paiement de la dette multilatérale et des nouvelles dettes contractées.
« Nos ressources financières, y compris les réserves internationales de la Banque du Ghana, sont limitées et doivent être préservées à ce moment critique » avait souligné le ministre ghanéen des Finances, M. Ken Ofori-Atta.
Malgré toutes ces mesures, la descente aux enfers semble poursuivre son chemin, car, le 18 janvier 2023, le pays n’a pas pu honorer une échéance de paiement de plus de 23 milliards de F. CFA (environ 515 millions de Cédi) auprès de l’agence de notation mondiale de devises S&P Ratings (Grande Bretagne).
Ne pouvant plus tenir, des centaines de personnes étaient descendues dans les rues d’Accra en novembre 2022 pour dénoncer l’inflation.
Elles avaient même demandé la démission du président Akufo-Addo et de son ministre des Finances, M. Ken Ofori-Atta.
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