A Boussé dans la province du Kourweogo, région du Plateau Central, de nombreuses femmes font du jardinage afin de joindre les deux bouts. Rencontre avec ces jardinières saisonnières aux abords d’un marigot asséché.
Il est 6h30 mn à Boussé le vendredi 26 janvier 2024. La fraîcheur enveloppe cette ville, chef-lieu de la province du Kourweogo.
Des espaces clôturés de grillages sont implantés le long d’un marigot asséché. A l’intérieur, des femmes aux statuts différents, recouvertes de pull-overs font le jardinage.
Arrosoirs en main, pieds nus, elles puisent l’eau des puits à margelle et arrosent les planches de légumes.
Elles produisent des choux, de la salade, des oignons, des tomates, de l’oseille, des aubergines, des plantes comestibles etc.
PDI et veuves : la survie
Martine Zemba est une personne déplacée interne de 32 ans en provenance de Djibo. Mère de 6 enfants, elle est arrivée à Boussé dépourvue de tout.
Alors, elle se lance, depuis 2 ans, dans le jardinage plutôt que de mendier. Elle a démarré son activité avec un capital de 25 000F. « Lorsque tu espères un cadeau, tu ne recevras qu’une déception. Et la débrouillardise vaut toujours mieux que la mendicité », justifie-t-elle.
Habillée en chemise bleue avec un pagne multicolore noué autour des reins, elle fait des va-et-vient entre le puit et les planches qu’elle arrose. « Je mène cette activité pour survivre », dit-elle en soupirant, la croix balançant au cou.
Quant à Alizèta Ouédraogo, elle est veuve depuis 7 ans. Elle est âgée de 50 ans et fait du jardinage, il y a 3 ans. « J’ai besoin d’argent pour m’occuper de l’éducation de mes orphelins » explique-t-elle. « En fin de production, je peux obtenir une recette variable entre 25000F à 50000F », dit-elle en repiquant des plants d’oseille.
Économie familiale
Jeanne Guelbeogo est une habitante du secteur 2 de la ville. Cela fait environ vingt ans qu’elle est dans le jardinage avec son mari, explique notre interlocutrice.
« On se débrouille ici », indique-t-elle en souriant avant de préciser que c’est pour lutter contre le chômage.
Avec ce métier, « nous avons pu construire et acheter une charrette et un bœuf », liste-t-elle en comptant les bouts de ses doigts.
Mais ces femmes qui font du jardinage éprouvent des difficultés. En effet, elles déplorent l’insuffisance d’espace, le tarissement précoce du bas-fond au mois de mars, l’absence de forage, de châteaux d’eau, etc.
Elles soutiennent en outre que le terrain occupé appartient à un agriculteur qui en fait une rizière en saison hivernale. Durant cette période de jachère, certaines font le petit commerce tandis que d’autres mènent l’agriculture.
Face à ces difficultés, Martine Zemba soupire et souhaite « que la paix et la sécurité reviennent au pays afin qu’on mène nos activités dans la quiétude ».