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Burkina : Quel avenir pour le journalisme d’investigation ?

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Le journalisme d’investigation vit des moments difficiles. Comment le sauver du naufrage ? Il faut interroger le modèle économique mais en entendant trouver des palliatifs pour que les journaux qui portent la pratique de l’enquête ne disparaissent pas. Chaque décembre depuis le 13 décembre 1998 est considéré comme le mois Norbert Zongo. La période de la commémoration du triste anniversaire de l’assassinat du directeur de publication de l’Indépendant est également une occasion pour s’interroger sur la situation du journalisme d’investigation au Burkina Faso. Mais avant, qu’en était-il du travail du journalisme d’enquête du temps de Henri Sebgo ? (Pseudonyme de Norbert Zongo).

Par Merneptah Noufou Zougmoré

Au début de la décennie 90, le pouvoir de Blaise Compaoré était tout puissant. C’était à une période où seule la voix du régime comptait. C’est dans ce contexte en 1993 que va naître l’Indépendant.

Le rendez-vous de chaque mardi des lecteurs avec l’Indépendant apparaissait comme le culte de dimanche pour les chrétiens et la prière de vendredi chez les musulmans.

Certains pour ne pas être surpris dans leurs bureaux préféraient dès le lundi soir se procurer le journal qui était déjà dans l’après-midi dans les alimentations pour le lire la nuit. Ainsi ils parvenaient à se soustraire des regards indiscrets qui n’hésiteraient pas à les mettre dans le lot des subversifs.

On était surpris des révélations faites par le canard. D’aucuns disaient qu’il avait l’onction du pouvoir, autrement dans l’environnement de l’époque, il ne pouvait pas se permettre de divulguer les actes délictueux qui se passent au sommet de l’Etat.

Quant à ceux qui se préoccupaient de sa sécurité, ils pensaient qu’à tout moment on pouvait attenter à sa vie. Il va alerter lui-même à maintes reprises l’opinion sur les menaces dont il faisait objet. Mais rien de tout ça ne va pas empêcher la survenue du 13 décembre 1998.

Après le drame de Sapouy, une équipe soudée va prendre la relève pour l’animation du journal. Germain Bitiou Nama, Newton Ahmed Barry, Bamas Stanislas et Basile Baloum vont s’attribuer cette lourde tâche de faire survivre le titre à son auteur. Cela ne s’est pas fait sans contrainte.

Les convocations à la gendarmerie pour les interrogations interminables ne manquaient pas après les parutions de l’Indépendant. Cet état conflictuel va se poursuivre avec la naissance de l’Evénement.

Une partie de l’équipe qui avait hérité de l’Indépendant pour continuer à le faire paraître s’était retrouvée pour lancer l’Événement avec le même esprit de dénoncer les tares liées à la corruption et aux dysfonctionnements constatés dans la marche de l’État.

Les difficultés inhérentes au travail vont continuer avec l’animation de l’événement, ce nouveau journal qui s’était invité dans le débat dans l’espace public.

Les procès, les convocations dans les services en charge de la sécurité intérieure étaient la seconde vie du journal après les révélations de certains scandales.

Malgré l’engouement qu’il y avait pour le contenu du journal. Puis que l’événement s’arrachait comme des petits pains à sa parution, mais il n’a jamais pu avoir une santé financière qui lui permette de s’épanouir. En plus de 20 ans, il n’a pas pu se construire un siège, les premiers dans l’aventure du journal sont allés voir ailleurs.

De la naissance de l’Événement va suivre le Reporter, Courrier Confidentiel et Mutations qui font dans le même genre. Le journal Mutations qui est sortie du flanc de l’Evénement puisque l’essentiel des journalistes y ont travaillé à aujourd’hui mis la clé sous le paillasson.

Le défi aujourd’hui, c’est comment faire pour que cette pratique journalistique ne disparaisse pas. Ceux qui tentent de survivre aux difficultés financières ne sont pas loin de l’asphyxie alors que pour la bonne marche du pays leur existence est plus qu’important.

Alors si l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) pouvait avoir un budget logé à son sein et destiné par-exemple aux enquêtes sur la corruption, elle pouvait être une contribution pour maintenir le rythme des enquêtes sérieuses dans ces canards.
Cette contribution peut être fait sous forme de bourse pour les journalistes.

Un comité peut être mis en place pour connaître les dossiers estimés importants sur la base de laquelle les journalistes soumissionnaires à la bourse veulent travailler.

Le projet Pair financé par le Danemark au milieu des années 2000 pour le journalisme d’investigation au Burkina Faso peut servir d’exemple pour de telles initiatives.

Il en est de même pour le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) qui dans les prix qu’il offre aux meilleurs journalistes pour les articles de dénonciation contre corruption fait souvent le constat qu’il y a de moins en moins des productions dans ce sens.

Sa contribution auprès de partenaires pour permettre à cette forme de journalisme de continuer à être pratiquée sera la bienvenue.

Le journalisme d’investigation traverse une zone de turbulence et il faut plusieurs mains pour le sauver parce qu’il contribue à l’assainissement de la gouvernance et au combat contre toute forme de phénomène annihile le développement du pays.

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