Un ancien ministre (très proche du chef de l’Etat) en prison; un juge important sous les verrous; un DG adjoint des douanes poursuivi…et seul Dieu sait depuis quand un maire central de la capitale, pris de peur-panique face à la justice, s’est transformé en enregistreur ambulant.
Par La Rédaction
Ces jours-ci, le Faso semble connaître une ère nouvelle, tellement inattendue qu’elle laisse beaucoup interrogateurs.
Au cœur de tout ce remue-ménages, la volonté d’un homme, le procureur Harouna Yoda. En moins d’un an de service, ce magistrat de 45 ans a eu la prouesse de redonner espoir à ceux qui ne croyaient plus en la justice du pays des hommes intègres. Une justice qui, malgré des réformes sans pareille, était restée, jusque-là, l’ombre d’elle-même, toujours bien placée dans le palmarès des institutions les plus corrompues du pays.
Mais lentement et surement ce jeune magistrat est en train d’incarner la justice tant rêvée: l’indépendance et l’égalité au service de la veuve et de l’orphelin.
Très humble et suffisamment réservé il nous l’a juré devant caméras: plus aucune dénonciation, surtout par voie de presse, ne sera ignorée. Il a salué d’ailleurs le travail des médias à l’issue, jeudi 18 juin, de sa toute première conférence de presse depuis son installation au TGI de Ouagadougou. Ceux qui le connaissent disent que sa rigueur professionnelle est sans appel. Et pour cette première conférence de presse, Harouna Yoda est apparu comme un général, au milieu de ses hommes.
Ce premier rendez-vous avec la presse est soigneusement préparé. Avec un ton serein, l’homme a su présenter les grands dossiers inscrits à l’ordre du jour. Les réponses sont bien choisies, pas de digression, il reste campé sur les sujets du jour et répond avec tact aux journalistes qui cherchent à nourrir leur curiosité sur d’autres faits non-inscrits.
Imperturbable, le magistrat diplômé en droit des affaires de l’université de Ouagadougou tutoie dans le cadre de son travail les gens d’en « haut en haut ». Ces derniers temps, il aurait réussi à placer sous mandat de dépôt plusieurs enfants, des « fils à papa » à la MACO pour avoir organisé ces bagarres de rue dans Ouagadougou. A ce qu’on dit, ni la pression des puissants parents n’a pu ébranler l’homme. Et comme si cela ne suffisait, c’est l’ancien ministre de la Défense Jean Claude Bouda qu’il a conduit au gnouf le mardi 26 mai 2020 pour des faits de délits d’apparence. Le Directeur Général Adjoint de la Douane Alassane William Kabore est aussi dans son viseur et les choses semblent être très avancé. Et à cause du juge Yoda, le maire de Ouagadougou Armand Beouindé ne dort plus, craignant lui aussi d’aller en prison.
La cerise sur le gâteau, c’est le mandat de dépôt du juge de la cour d’appel de Ouagadougou Narcisse Sawadogo.Ironie du sort, Narcisse Sawadogo et Harouna Yoda sont de la même promotion 96-97 à l’université de Ouagadougou. Même si dans la vie professionnelle, les deux se sont tous retrouvés magistrat et plusieurs fois présidents de tribunaux à l’intérieur du pays, ils n’ont pas les mêmes convictions syndicales. Le Procureur du Faso, Harouna Yoda est militant du SBM (Syndicat Burkinabè des Magistrats) syndicat d’origine du ministre de la Justice René Bagoro et le magistrat Narcisse Sawadogo militant du SAMAB (Syndicat Autonome des Magistrats du Burkina).
Ce membre du Cercle d’études, de recherches et de formation (Cerfi), très pieux et respectueux de ses collègues, est aussi un homme de très bon contact, selon certains de ses amis. Par ailleurs, le Procureur Yoda est bien accompagné de plusieurs autres magistrats bien respectés. Difficile aujourd’hui de parler du TGI de Ouagadougou sans évoquer le nom du doyen des juges d’instruction Emile Zerbo, celui-là même qui a émis le mandat d’arrêt international contre François Compaoré arrêté à Paris le 29 octobre 2017.
Aucune institution aussi puissante ne peut faire la fierté des hommes si elle n’est dirigée par un homme « fort ». Les derniers développements des dossiers en justice précisément au tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou sous le magistère du Procureur du Faso Harouna Yoda montrent que rien n’est impossible. Le temps nous le dira.