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La Tour Sankara : « Nous ne sommes pas en train de bâtir des gratte-ciels, nous construisons le futur référentiel du citoyen Burkinabè »

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Le 15 octobre marque la date de l’assassinat de Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè et président du Burkina Faso. Inscrit sur la liste des héros nationaux du Burkina Faso et considéré par la jeunesse africaine comme une idole panafricaine, la date d’anniversaire (33eanniversaire) de son assassinat ne passe pas sous silence. En 2020, avec le grand et ambitieux projet du mémorial Thomas Sankara, la commémoration du jour de son assassinat revêt un caractère particulier.

Par Georges Youl, Stagiaire

Le projet du mémorial Thomas Sankara a vu le jour le 02 Octobre 2016. Une cotisation volontaire de la population est alors sollicitée pour la mise en œuvre du projet.  Puis, la pose de la première pierre a eu lieu le 15 octobre 2018, grâce au financement de l’Etat à travers le ministère de la culture. La statue de Thomas Sankara est ainsi érigée dans la cour du conseil de l’entente, lieu où ce dernier a été assassiné lors du coup d’Etat du 15 octobre 1987. Mais c’est finalement en mars 2020, que la statue est officiellement dévoilée au grand public.

C’est une statue en bronze longue de 11 mètres (le piédestal fait 6 mètres et la statue elle-même fait 5 mètres). Elle pèse 13 tonnes. C’est le ministère de la culture qui a financé la réalisation de cette statue à hauteur de 150 millions de FCFA.

La première partie du mémorial Thomas Sankara est un succès

Réalisée en 2019, la statue du Héro national Thomas Sankara est bien appréciée par les Burkinabè. Chaque jour, le site du mémorial Thomas Sankara reçoit environ, cinq cent visiteurs, soit 15 000 visiteurs par mois, selon le comité international du mémorial Thomas Sankara (CIM TS). La majorité des visiteurs est Burkinabè. Ces derniers apprécient beaucoup l’initiative et l’ouvrage déjà réalisé.

Pègrewendé Kiéma est un des guides bénévoles du mémorial Thomas Sankara. «Il y a toute sorte de personnes qui viennent ici : les étudiants, les pères de famille, les étrangers (Centrafricains, Maliens, Sénégalais). Mais ce sont les Burkinabè eux-mêmes qui visitent le plus le mémorial» a-t-il expliqué. A en croire ce dernier, la statue de Thomas Sankara est celle à laquelle les visiteurs s’intéressent quand ils viennent visiter le mémorial. Il ajoute aussi que mis à part la statue, les visiteurs posent également des questions telles : pourquoi ils ont tué Thomas Sankara ? Comment les évènements du 15 octobre 1987 ce sont déroulés ? Où le comité va trouver l’argent pour financer le projet complet du Mémorial?

C’est le cas de Naffissatou Nako , venue avec une amie à la découverte du site pour sa première fois. Elle est étudiante en droit. Pour elle, c’est la curiosité et l’envie d’avoir plus de connaissances sur le Burkina Faso qui l’a poussé à venir visiter le mémorial. «Je suis vraiment très satisfaite après ce que le guide vient de nous expliquer» a-t-elle déclaré. Selon elle, ce  site fera la fierté du Burkina Faso. Elle confie également être pressée de revenir plusieurs fois, et de faire venir d’autres amis pour qu’ils découvrent la fierté du Burkina Faso.

Nongoma Ouédraogo étudiant en 5e année de pharmacie déclare avoir entendu parler du mémorial et a décidé de venir voir afin de s’imprégner de l’évolution du projet du mémorial Thomas Sankara, «L’idée est très bonne et je suis content du mémorial », dit-il.

 Issa Ilboudo père de famille, déclare que c’est la polémique sur la non ressemblance de Thomas Sankara avec la statue qui l’a poussé à venir visiter le mémorial. «J’ai dis, il faut que moi-même je me déplace pour aller regarder. Et quand j’ai regardé, c’est vraiment bien et ça ressemble à Thomas Sankara».  Il confie par ailleurs que la statue lui plait beaucoup et qu’il est prêt à revenir avec toute sa famille pour la visiter.

Deuxième partie du mémorial Thomas Sankara : un projet pharaonique méconnu du grand public

Ce que la grande majorité des burkinabè ignore, c’est que le projet du mémorial Thomas Sankara ne se limite pas seulement à la statue de Sankara déjà réalisée. En réalité, la statue du célèbre président n’est qu’une petite partie du grand et ambitieux projet qu’est le mémorial Thomas Sankara. En effet, il est prévu la construction d’une grande tour d’une valeur de 35 milliards de FCFA. Cette tour est dénommée la tour Sankara.

La tour, longue de 87 mètres sera construite derrière la statue de Thomas Sankara et son sommet illuminera la ville de Ouagadougou pendant la nuit. A l’image de la tour Eiffel en France, la tour Sankara sera un grand site touristique et une référence pour les Burkinabè et pour le monde entier.

Selon Lianhoué Imhotep Bayala, secrétaire permanent du Comité international du mémorial Thomas Sankara (CIM TS) et guide bénévole sur le site, une fois la tour Sankara achevée, le mémorial va créer plus de mille emplois  directs.

Cependant, le projet de construction de cette tour reste méconnu par les Burkinabè. Le secrétaire permanent du CIM TS a dénoncé cet état de fait et pointe du doigt l’Etat burkinabè qu’il juge en partie responsable. «Lorsque des personnes viennent visiter et se rendent compte de l’envergure du projet, elles sont choquées de savoir qu’on ne dit rien dans les médias concernant le mémorial. Elles sont troublées de savoir qu’on a figé le mémorial à une seule statue alors qu’il y a un projet pharaonique derrière la statue» s’est t-il indigné.

Pour lui, c’est dommage que l’Etat n’arrive pas à cerner et à saisir l’enjeu que représente ce mémorial et toute l’importance qu’un tel projet à pour l’avenir du peuple burkinabè. Il pense que c’est un capital touristique et que l’Etat devrait enclencher une campagne médiatique sur le projet du mémorial. Car, la sous communication sur le projet est un handicap pour le comité.

Comment le comité du mémorial compte mobiliser les 35 milliards ?

«Nous pensons que cela est extrêmement mobilisable ce d’autant plus que c’est le seul lieu de mémoire de cette envergure au monde qui coûte peu», a déclaré Lianhoué Imhotep Bayala. Selon lui, le coût du projet du mémorial Thomas Sankara est peu comparé à celui de Kwame N’Krumah au Ghana, qui a coûté cent milliards, à celui de la renaissance au Sénégal qui fait cinq cent milliards et à celui de Bamako (Mali) estimé entre cent et cent vingt milliards.

Le CIM-TS a donc lancé une politique de souscription populaire inspirée d’une politique publique que Sankara lui-même avait mis en œuvre pour financer le développement du Burkina Faso. Le comité estime le potentiel de personnes qui peuvent contribuer à dix millions s’il retranche les opposants à la vision de Sankara et ceux qui ont des doutes sur le système de transparence de cette souscription. «Si chaque citoyen contribue à hauteur de 100 FCFA par jour, cela fait donc 1 milliard que nous pouvons mobiliser par jour. Elargi en un an, nous pouvons avoir les 35 milliards demandés» explique M. Bayala.

A cela s’ajoute la volonté de l’Etat burkinabè qui a élevé Thomas Sankara au rang de Héro national. Le comité attend donc que l’Etat puisse engager sa responsabilité financière et matérielle dans ce projet.

Il y a aussi les amis de la révolution burkinabè notamment la Chine populaire, le Cuba, les pays progressistes de l’Amérique latine et des pays africains comme l’Afrique du Sud, l’Angola, le Rwanda et l’Ethiopie qui ont montré leur intérêt à soutenir le projet. A cela s’ajoute des pays du Moyen-Orient qui sont prêts à contribuer.

D’après les guides sur le site du mémorial, tous les jours la statue de Thomas Sankara suscite de plus en plus d’engouement. Quand les gens viennent visiter et qu’on leur explique ce qu’est le projet du mémorial, ils mettent systématiquement la main à la poche sans même avoir été sensibilisés à contribuer car l’image et l’envergure du projet en lui-même les sensibilise.

Nongoma Ouédraogo pense que ça sera extrêmement difficile pour le comité de réunir les 35 milliards. Cela du fait de la mentalité et de la méfiance des populations vis-à-vis du projet. Naffissatou quant à elle, se dit optimiste et pense que le projet va aboutir et fera la fierté du Burkina Faso.

«La souscription populaire est dotée d’un mécanisme de transparence absolu car nous ne nous excuserons pas à nous-mêmes de mettre en place un mécanisme faillible en matière de transparence, car  le règne de Sankara a été traversé en tous ces aspects par la transparence», rassure M. Bayala.

Il y a également des sites secondaires du mémorial Thomas Sankara à Pô, Dori, Gaoua, Bobo et Tenkodogo car chacune de ces villes, rappelle un caractère important et spécifique de la révolution.  Le Comité ne compte pas emprisonner l’héritage de la révolution à Ouagadougou, car c’est faire un tort immense à Thomas Sankara dont le rêve absolu était que la révolution appartienne à tous les Burkinabè.

«Nous ne sommes pas entrain de bâtir des gratte-ciels, nous sommes entrain de construire le futur référentiel du citoyen Burkinabè», a lancé Serge Bayala aux détracteurs du projet du mémorial Thomas Sankara pour finir.

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